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par LiseF - le 10/04/2018
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par LiseF - le 10/04/2018

La Mort de Staline, l'absurdité de l'URSS de la BD au grand écran

La semaine dernière, deux adaptations de bandes dessinées sortaient dans les salles françaises : celle de Gaston Lagaffe le héros icônique de Franquin, et celle de La Mort de Staline, un diptyque publié chez Dargaud. Après réflexion, j'ai choisi d'aller voir La mort de Staline. Parce qu'il a eu droit à beaucoup moins de traitements dans l'actualité, et qu'il m'intriguait tout particulièrement.

Le premier tome de la BD est sorti en 2010 : le dessinateur c'est Thierry Robin et le scénariste, Fabien Nury. L'idée est ici de nous proposer une fiction historique. Suite à la mort de Staline, ses ministres parmis lesquels Nikita Khrushchev, Lavrentiy Beria ou encore Georgy Malenkov se disputent l'URSS au dessus du cadavre encore chaud. Mais pas question de paraître en danger : aujourd'hui plus que jamais, il est important de sauver les apparences.

Un bon film avant tout

Certains films adaptés d'une BD tentent à tout prix de coller à l'image de l'oeuvre originale, quitte parfois à en faire trop. Mais c'est quand le film arrive à s'éloigner du matériau de base, sans le trahir, qu'il parvient à faire mouche. La Mort de Staline me fait penser à Quai d'Orsay que j'ai beaucoup aimé : il faut être au courant que l'oeuvre était au départ une BD, sinon on ne s'en rend forcément compte.

Ici, c'est plutôt l'ambiance générale qui est frappante, parce qu'elle est extrêmement bien travaillée : on ressent l'angoisse du peuple mais aussi celle des dirigeants, des soldats. Elle est si forte qu'elle mène à l'absurdité, mettant certains personnages dans des situations qui n'ont aucun sens. Au début du film, le directeur de la maison de la radio profite de la fin d'une représentation de musique classique. Le téléphone sonne : Staline veut un enregistrement de la soirée pour son plaisir personnel. Mais personne n'a enregistré le concert ! Catastrophé, le pauvre homme déboule dans le public et prie tout le monde de se rasseoir. Le musiciens retournent à leur place et rebelote. Tout est bon pour contenter le petit père des peuples ! Et puis personne ne veut se retrouver aux goulags...

Vous vous demandez peut-être comment on peut rire de ça. Et c'est là tout le talent de Armando Lanucci, le réalisateur. Les situations sont si absurdes qu'elles en deviennent drôles, et même hommes les plus proches de Staline doivent choisir leurs mots avec soin.

Quand le chat n'est pas là, les souris dansent

Car quand la mort du "guide" est bien actée, c'est là que les jeux de pouvoir se dévoilent. On fait des équipes, on tente de se rallier au plus malin pour être sûr de se retrouver en haut de l'échelle. Et tout le monde veut sa part du gâteau : Georgy Zhukov le chef d'état-major merveilleusement incarné par Jason Isaacs distribue les mandales pour qu'on l'écoute, Vasily le fils de Staline multiplie les théories du complot entre deux flasques de vodka...

Le film a quelque chose de théâtral : chaque personnage surjoue un peu mais ça n'a rien de désagréable. Le but est de nous montrer la stupidité et la vacuité de ce jeu de pouvoir, où chacun a quelque chose à se reprocher. Un message qui dérange visiblement d'ailleurs, puisque le film a été censuré en Russie même si la BD elle, est sortie à Moscou. 

A mon sens, La Mort de Staline est une bonne adaptation de BD : tout en ayant sa propre identité, le film rend honneur au diptyque publié chez DargaudUn lon métrage fascinant dans sa réalisation, prenant dans le jeu de ses acteurs, que je classerai sans hésiter dans notre liste des bonnes adaptations de BD au cinéma.

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