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Critiques
par Baptiste Gilbert - le 17/05/2023
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par Baptiste Gilbert - le 17/05/2023

À l’école de la vie : Le prof qui a sauvé sa vie et L’artiste à mi-temps

Deux albums humoristiques racontant le quotidien de membres du personnel éducatif avec un regard cynique, de leurs relations parfois compliquées avec leurs élèves, collègues, passion jusqu’à leurs désillusions face au système éducatif. Tranches de vie dans l’éducation nationale, qui enchaînent les gags tout en abordant des sujets sérieux, et en profitent pour développer un propos critique pertinent.

Le prof qui a sauvé sa vie, d’Albert Algoud et Florence Cestac, Dargaud

Le prof qui a sauvé sa vie est un récit biographique d’Albert Algoud, humoriste connu pour ses sketchs sur Canal+ dans les années 80/90. Auteur de plusieurs ouvrages sur Tintin (dont L’intégrale des jurons du capitaine Haddock et le Dictionnaire amoureux de Tintin), cette fois il nous raconte ses années en tant que prof de français au sein d’un lycée de Haute-Savoie.

Il se fait pour cela accompagner de la dessinatrice Florence Cestac, célèbre pour ses bande dessinées humoristiques dont Harry Mickson, ancien emblème des éditions Futuropolis (dont Cestac est la cofondatrice), ou Les Déblok, pré-publiés dans le journal de Mickey pendant les années 90. Elle explore depuis quelques années cette veine autobiographique avec Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !), Filles des Oiseaux, ou biographique avec Je Voudrais me Suicider mais j’ai pas le Temps.

Avec un ton humoristique, Algoud nous raconte le métier de prof qu’il a exercé pendant environ 5 ans, de son affectation en Savoie à sa démission pour rejoindre Canal+. On navigue entre ses réussites et ses échecs, ses méthodes innovantes pour motiver la classe et encourager à la lecture ou au théâtre, ses embrouilles avec le principal du collège lorsque ses méthodes déplaisent aux parents, ses pétages de câble lorsque certains élèves sont trop difficiles à gérer …

L’aspect humoristique fonctionne parfaitement, même si on regrette que le récit aille un peu trop vite et que l’on ai pas plus le temps de s’attacher aux personnages. L’œuvre démarre un propos global plus développé, avec une remise en question du système éducatif et une réflexion sur l’impact limité que peuvent avoir les profs au sein de ce carcan. Mais ce sera seulement esquissé, les auteur.trice.s préfèrent se concentrer sur le changement de vie de ce prof particulier.

On ne boude toutefois pas notre plaisir ! Prise indépendamment, chaque anecdote est efficace et on attend avec joie la suivante. Le trait tout en rondeur de Florence Cestac fonctionne toujours aussi bien, tout comme ses couleurs qui collent parfaitement à l’ambiance des années 70/80. La dessinatrice donne aux corps et aux visages une expressivité qui rend ses personnages plus vivants et drôles que jamais, avec leurs gros nez et grands yeux si caractéristiques.

L’artiste à mi-temps, de Timothée Ostermann, Sarbacane

Après Voyage en Tête de Gondole, Football District et Carpe Diem – Amour, Spleen et Tatouage, Timothée Ostermann, nous raconte, dans L’artiste à mi-temps, son quotidien d’assistant pédagogique au sein d’un lycée professionnel. Un job qu’il a accepté un peu à contre cœur, en tant qu’artiste ayant du mal à joindre les deux bouts.

Également sur un ton humoristique, mais avec cette fois un côté mélancolique, on découvre sa vie au sein du CDI du lycée, où il assiste la documentaliste et donne des cours de soutien aux élèves. Autour de lui se développe une galerie de personnages, principalement des élèves difficiles : des turbulents aux complotistes, en passant par les harceleurs et harcelés. Ce à quoi il faut également ajouter les problèmes familiaux et le retard énorme de certains en termes d’apprentissage. Lors de certains passages l’auteur s’éloigne de l’humour pour adopter un ton plus mélancolique, autour de ses angoisses personnelles ou de cas particulièrement durs avec les élèves.

L’humour est dans les dialogues, mais il est aussi très visuel, Ostermann donnant à ses personnages des traits extrêmement caricaturaux. Les élèves ont des gueules peu flatteuses qui soulignent leurs caractères respectifs, et l’auteur n’hésite pas à déformer le visage des protagonistes pour accentuer des réactions et des sentiments. Ajoutez à cela un soupçon d’humour trash, et l’effet est certain.

Deux œuvres qui traitent avec lucidité et humour d’un système éducatif vieillissant, parfois étouffant, et inadapté pour certains élèves. Un système au sein duquel leurs principes pédagogiques ne fonctionnent pas toujours aussi bien qu’ils le voudraient et qui les incite à suivre d’autres chemins. Reste l’humour.


Illustrations Le Prof qui a sauvé sa vie : © Florence Cestac / Albert Algoud / Dargaud

Illustrations L’artiste à mi-temps : © Timothée Ostermann / Sarbacane

© Florence Cestac / Albert Algoud / Dargaud
© Florence Cestac / Albert Algoud / Dargaud
© Florence Cestac / Albert Algoud / Dargaud
© Timothée Ostermann / Sarbacane
© Timothée Ostermann / Sarbacane
© Timothée Ostermann / Sarbacane
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