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par Republ33k - le 5/10/2016
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par Republ33k - le 5/10/2016

Doggybags - tome 12, la critique

Après onze numéros qui liaient l'utile à l'agréable, Doggybags est de retour en cet automne, cette fois pour célébrer le Japon, à travers quatre histoires séquentialisées, une en prose et toujours de nombreux bonus.

• Lire aussi : notre dossier sur 10 de Label 619

Commençons par le début donc, l'édition : comme toujours, Ankama et le Label 619 nous offrent un écrin superbe pour ce douzième tome, qui repousse encore les standards imposés par le titre anthologique. Le papier, les nombreux bonus en prose pour mieux comprendre le Japon et l'habituel poster font ainsi, plus que jamais, partie de l'expérience de lecture, à mi-chemin entre le meilleur cours d'histoire et le cinéma d'exploitation.

Première historie à passer sous nos yeux, celle de Bordier et Sourya, intiulée Shiganai. Celle-ci nous plonge dans le quotidien d'une jeune fille martyrisée par ses collègues de classe. Une ambiance que les lecteurs connaissent bien puisqu'elle rappelle ces histoires de parfaites écolières japonaises, qui vire vite au cauchemar lorsque Bordier invite le folklore des fantômes japonais à la fête. Le résultat est assez perturbant, dans le bon sens du terme, puisqu'il touche du doigt l'horreur des faits divers sordides qui inspirent cette histoire. Le dessinateur, Sourya, s'avérant d'ailleurs très inspiré dans son travail de l'atmosphère malsaine qui se dégage du récit, complété par des descriptions (insoutenables) de faits divers qui retournent le ventre, mais qui nous permettent de comprendre pourquoi les deux auteurs ont choisi de mélanger fantômes et tueries pour leur poignante histoire.

A peine remis de cette plongée infernale dans le quotidien de la jeune fille qu'un petit garçon - qui pourrait très bien être son camarade de classe - prend le relai sous le scénario de Thomas Rouzière. Comme Bordier, il mélange le quotidien et l'horreur avec des thèmes typiquement japonais - ici, la fascination du pays pour les insectes et notamment les scarabées - pour un résultat proche des belles heures du cinéma de genre. Le dessin, dont Rouzière se charge lui-même, est ici plus proche des standards japonais, puisqu'il se limite au noir et blanc. Il s'avère en tous cas apte à restituer l'impact de cette histoire courte et horrifique. Hormis les insectophobes, tous les lecteurs devraient apprécier, et commencer à trouver un plaisir cathartique dans toutes ces horreurs.

Mais changer d'ambiance ne nous fait pas de mal, c'est pourquoi le Man From Paris de Kaneko arrive à point nommé. S'il faut un certain temps pour s'adapter aux couleurs et au trait à l'effet "3D" de l'histoire, elle est menée sur les chapeaux de roues et sera caractérisée par des planches très dynamiques, qui font la part belle à l'action et rendent hommage à deux autres fascinations très japonaises : d'un côté, les sociétés du crime et de l'autre, l'homme augmenté. Le mélange fonctionne une nouvelle fois très bien et nous offre la petite dose d'action qui manquait jusque-là à l'album, en plus de nous conduire vers le dernier récit.

Introduit par une très belle infographie sur les samouraïs, cette ultime histoire est sans doute la plus aboutie de cet album. Il faut dire que Run et Singelin s'intéressent à un aspect peut-être moins reluisant de la vie des samouraïs : la façon dont ils pouvaient monter en grade, c'est à dire la récolte des têtes de leurs adversaires. Un sujet déjà passionnant que Run rend plus fascinant encore en intégrant à son récit un personnage détéstable et une touche de fantastique, avec la présence d'un fameux Kitsune, ces renards de malheurs. Le résultat est viscéral, hyper plaisant à l'œil et comme toujours, idéal pour nous conduire vers une réflexion sur la culture japonaise.

Nouvelle réussite pour la série anthologique, ce douzième volume de Doggybags nous emmène à la rencontre du Japon et de ses aspects les plus insolites ou les plus effrayants, mais toujours avec une fascination certaines et des auteurs passionnés (et prometteurs pour les plus jeunes) par leur sujet. A ne pas manquer.

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