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Critiques
par Thomas Mourier - le 14/06/2022
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par Thomas Mourier - le 14/06/2022

Les âges perdus ou la fille des âges farouches ?

Une série post-apocalyptique façon medieval-fantasy, Les âges perdus de Didier Poli et Jérôme le Gris nous proposent de découvrir une autre version de l’humanité après la catastrophe.

Pas de bagnoles qui crachent des flammes ou de centrales nucléaires enfouies pour cette nouvelle série post-apocalyptique, les auteurs ont choisi de proposer un monde de dark fantasy suite à l’effondrement de la civilisation en plein Moyen-âge. On assiste depuis l’abbaye de Cluny à Paris, la chute de la météorite qui va raser les civilisations humaines et les plonger dans le chaos. Plusieurs milliers d’années passent et l’humanité recommence à l’âge de pierre dans un monde où les bêtes sauvages ont pris possession des lieux. 

À travers les yeux d’Elaine, jeune guerrière du clan Moor, on découvre la civilisation qui renaît sur cette terre hostile où religion et organisations sociales sont fondées sur de nouvelles bases. Le plus original étant cette idée de rotation, où les clans habitent à tour de rôle les villages fortifiés. Mais les créatures qui rôdent sont tout autant organisées, qu’il s’agisse d’animaux ou d’humains hybrides. Attendez-vous à une valse de morts et de personnages attachants qui disparaissent en permanence dans ce récit, ces âges perdus sont des âges très sombres pour l’espèce humaine et les auteurs aiment à nous surprendre soulignant la fragilité de la vie dans ce monde.   

À la poursuite du passé

Pour beaucoup d’anthropologues, la niche écologique des êtres humains serait le partage de l’information (pour en savoir plus lisez Et l’homme créa les dieux de Joseph Béhé d’après l’essai de Pascal Boyer : coup de cœur ici). Dans la série de Didier Poli et Jérôme le Gris, le clan Moor tente de trouver des traces du passé, des civilisations humaines qui ont existé jusqu’à la catastrophe. Une quête du savoir pour comprendre, mais aussi pour survivre, des tentatives d’agricultures à la lecture des signes du passé. 

Personnage central de la série, Elaine a quelque chose d’Aloy, l’héroïne du jeu vidéo Horizon Zero Dawn dans sa détermination et sa quête de vérité. On pense aussi à l’ingénieuse et combative Sonya la Rouge de Robert E. Howard dans l’univers de Conan, que Roy Thomas & Barry Windsor-Smith réinventent en héroïne de comics, Red Sonja. Impossible de ne pas penser au candide Rahan et ses rencontres pleines de surprises avec l’espèce humaine au fil de ses voyages, à la différence que notre héroïne découvre des clans plus effrayants les uns que les autres en traversant les terres inconnues. 

Pour poursuivre dans les inspirations, les deux auteurs ont déjà travaillé ensemble sur la mise en bande dessinée de textes de Michael Moorcock avec Hawkmoon, mais aussi Elric pour Didier Poli. Un auteur de dark fantasy emblématique qui a poussé les auteurs à créer leur propre mythologie dans Les âges perdus. 

Dans sa fuite en avant, Elaine va croiser des créatures badass, au milieu de paysages somptueux. Le très bon tandem Didier Poli et le coloriste Bruno Tatti donne un ton assez épique à la série, un mélange de réalisme et de merveilleux. Le dessinateur travaille les mouvements et les cadrages pour donner du corps à cet univers et du souffle à l’histoire qui prend une tournure plus épique dans le tome 2.

Ce serait le petit reproche aux auteurs d’avoir eu un T1 d’exposition qui manquait de ce T2 où l’aventure commence.

Mais si, comme moi vous découvrez la série, c’est parfait et d’ailleurs si vous voulez en savoir plus, vous pouvez découvrir leur interview réalisée en live ici :

Les âges perdus, Didier Poli et Jérôme le Gris, couleurs de Bruno Tatti, Dargaud (2 volumes)


Tous les visuels sont © Didier Poli / Jérôme le Gris / Bruno Tatti / Dargaud

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