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par Alfro - le 4/03/2014
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par Alfro - le 4/03/2014

Mr. Hublot, la critique

C'est donc Mr. Hublot qui a remporté le dernier oscar du meilleur court-métrage d'animation, cocorico ! Bon, nous étions du côté du génial Tsukumo de Shuhei Morita, partie de Short Peace d'une poésie inégalée. Mais il est vrai que le film franco-luxembourgeois avait de beaux arguments à faire valoir.

"Thank you, merci !"

À l'origine du projet de Mr. Hublot se trouvent les sculptures de l'artiste belge Stéphane Halleux. Celles-ci vont amener tout un univers avec elles, lorsque Laurent Witz, le réalisateur du court-métrage avec Alexandre Espigares, tellement séduit par ce qu'elles transmettent propose au sculpteur d'en faire un film d'animation. L'homme en question accepte et écrit un premier scénario que retravailleront les réalisateurs. Ce n'est que le point de départ d'un projet qui durera trois ans, pour obtenir onze minutes de film. Et si ça peut paraître court au premier coup d'oeil, soyez sûrs de la densité de chaque seconde de ce petit bijou.

Ici, c'est l'univers visuel qui a dicté l'histoire. Une histoire qui place ce fameux Mr. Hublot, homme reclus et perclus de TOC, dans un monde entrièrement automatisée. Déjà, on découvre un premier contraste, celui entre l'intérieur très "Vieille France", armoire normande, vaisselles de porcelaine et nappes de dentelles, avec ce monde où la machine prend tellement de place que l'on ne voit plus son créateur. Un être humain qui a visiblement accepté la machine en son for intérieur puisque Mr. Hublot possède un compteur dans le front (qui compte quoi ?). Ce détail est cependant plus là pour nous montrer la rigidité de son quotidien, organisé/contrait par une routine réglée à la minute, dans son appartement trop étroit et cerné par les immeubles et les bruits de la circulation.

"Making this dream become reality."

Il faudra l'intervention extérieure d'un chien mécanique, au design aussi impeccable qu'étonnament touchant, pour qu'enfin une note différente résonne dans cette sérénade qui se joue sans cesse, depuis un certain temps sans doute, et sans variation.  Un nouveau thème rentre dans cette mélodie monotone, et si tout d'abord la rencontre semble discordante, très vite Mr. Hublot va s'humaniser. Au contact d'une machine certes, mais qui possède un autre quotidien. Le tour de force des réalisateurs est de réussir à insinuer une telle émotion dans ce monde de boulons en très peu de temps et à travers ce qui reste des images de synthèse.

C'est que la facture est sublime. On peut voir que ce sont des sculptures qui ont inspiré ce film, aux éléments recyclés partout dans le film et aux rainures sur le visage de Mr. Hublot, témoignage du passage de la main de l'homme. Ainsi, bien qu'il soit fait de pixels, une impression de fait-main ce dégage du court-métrage. En plus, un cadrage inspiré encadre l'histoire. Ce plan derrière l'horloge est d'un bon goût absolu. Si en plus, une belle morale clôt ces onzes minutes de poésie et de réflexion, on obtient un véritable conte moderne. Bon, c'est vrai qu'il le méritait peut-être son Oscar.

Forts de leur exposition des Oscars, on ne peut que souhaiter à Laurent Witz et Alexandre Espigares de pouvoir continuer à développer leurs projets tant ce premier essai est concluant. Pour mémoire, Sylvain Chomet n'avait été "que" nominé en 1996. Quelques années plus tard, il réalisait Les Triplettes de Belleville.

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