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par Elsa - le 12/06/2014
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par Elsa - le 12/06/2014

Notre-Dame tome 2, la critique

S'attaquer à l'adaptation en bande dessinée d'un classique de la littérature n'est jamais chose aisée. Choisir de mettre en image des mots connus de tous, saisir l'essence du récit pour qu'il tienne en deux tomes, mettre des visages sur les noms, autant de défi qu'a choisi de relever Jean Bastide, avec la participation de Robin Recht sur l'écriture et le story-board.

Le bossu et l'égyptienne.

C'est l'histoire d'une gitane, une jeune femme à la beauté ensorcelante, capable de conquérir en un regard le cœur des plus puissants. On l'appelle La Esmeralda. C'est aussi celle de Quasimodo, être difforme et gigantesque qui vit reclus dans la Cathédrale de Notre-Dame sous la surveillance presque paternelle de l'archidiacre, Frollo. Et puis il y a aussi Phoebus, capitaine de la garde qui brille plus par son physique que par son intellect ou sa grandeur d'âme.

Ces quatre personnages se croisent dans un récit dramatique où la Bête n'est jamais celle que l'on croit.

Saisir l'essentiel.

En racontant Notre-Dame de Paris en seulement deux volumes de bande dessinée, Jean Bastide et Robin Recht font forcément l'impasse sur certaines intrigues, des détails, des personnages. Mais pour autant, ils ont su saisir l'essentiel du récit, se consacrer sur les intrigues entre ce quator de héros, et reconstruire un récit solide, cohérent, et captivant. Le narrateur est Pierre Gringoire, que le destin (ou son caractère) a rendu plus spectateur qu'acteur de cette histoire. 

Comme Notre-Dame de Paris est une histoire ancrée dans l'imaginaire collectif, même sans avoir lu le roman, c'est comme si les personnages nous étaient familiers, et il n'est pas vraiment besoin de faire les présentations. On rentre ainsi dans le vif du sujet dès le début du premier tome, et cette impression de familiarité continue tout le long du diptyque. En les mettant en image, en leur donnant vie, Jean Bastide a réussi l'exercice subtile de s'éloigner des représentations déjà connues tout en leur donnant des apparences très réussies. La Esmeralda est superbe, Quasimodo monstrueux et attachant à la fois, Frollo est froid et torturé, Phoebus est beau et sa gestuelle, très théatrale, le rend un peu grotesque.

Jean Bastide avait déjà émerveillé les lecteurs par son trait dans Hugo et Iris, l'une des suites de Sambre. Tout le long de Notre-Dame, il livre à nouveau des planches particulièrement belles, douces, pleines de vies, touchantes, servies par une mise en couleur délicate dont émane la chaleur d'un éclairage à la bougie. Il y a une élégance dans les bas fonds de Paris où il nous entraîne, une folie dans les regards de ceux qui ont croisé La Esmeralda, et une grâce dans la destinée tragique des personnages, que l'on ressent un peu plus à chaque page. Un vrai régal.

Si les puristes trouveront sans doute à redire à cette adaptation qui choisit d'aller à l'essentiel, le diptyque Notre-Dame est une belle surprise à tous les niveaux. L'histoire est joliment réécrite, et le dessin et la mise en scène retranscrivent avec talent l'atmosphère de ce grand classique.

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