Illustration de l'article
Édito
par Thomas Mourier - le 24/06/2021
Partager :
par Thomas Mourier - le 24/06/2021

En moyenne 26 300 tonnes de livres partent au pilon chaque année en France

Invendus, renvoyés, recyclés, ce sont 13,2% de toute la production littéraire qui sont détruits, un chiffre impressionnant dévoilé par une étude sur 3 ans de la commission Environnement et Fabrication du SNE (Syndicat national de l’édition). Des chiffres impressionnants, et peut-être en dessous de la réalité !

En prenant pour base les 3 années, 2018, 2019 et 2020, les membres de la commission Environnement et Fabrication du SNE ont recensé les flux et les volumes de livres autour de 3 étapes clefs : les flux « Aller », les flux « Retour » et le pilon.

Une mise en garde sur ces chiffres avant d’aller plus loin, le document précise qu’un « échantillon représentatif de distributeurs a répondu à l’enquête du SNE. Les chiffres présentés sont une extrapolation de l’ensemble du marché. »

Accès au document : Enquête sur les tonnages de livres transportés dans l’édition : retours, pilon et recyclage (2018-2020)

Ce monde est flux

Les flux « Aller »

Ils désignent les tonnes transportées vers les surfaces de ventes (librairies, grandes surfaces culturelles, hypermarchés, etc.), mais peut-être pas les entrepôts destinés à la vente en ligne ? Le document ne le précise pas étrangement. 

🚚 Ces transports représentent, en moyenne, 199 100 tonnes par an. 

Les flux « Retour »

Eux indiquent le volume de bouquins qui reviennent vers les centres de distribution et qui peuvent être soit réintégrés au stock, soit renvoyés sur un autre point de vente ou encore détruits (voir plus bas).

🚚 Ces transports représentent, en moyenne, 42 200 tonnes par an ( soit 21,1% du flux Aller).

📚 Seulement 10 800 tonnes seront réintégrées au stock (5,4% du flux Aller) et 5 100 tonnes triés par l’éditeur (2,6% du flux Aller) et peuvent être « refaçonnés ou restaurés pour une mise en vente ultérieure »

Le pilon

Un petit mot musclé qui désigne les actions pour détruire le livre. Le document précise que 100% des ouvrages mis au pilon partent au recyclage et que « La collecte et le recyclage sont entièrement gérés par la filière. »

☠️  En moyenne 26 300 tonnes de livres par an sont détruites. Ce qui représente 13,2% du flux Aller.

Ce film écrit et réalisé par Bruno Deniel-Laurent propose un voyage inédit et poétique au cœur du pilon de Vigneux-sur-Seine, lieu de destruction et de recyclage des livres « arrivés en fin de vie ».

Ne pas confondre recyclage et gaspillage 

100% des ouvrages mis au pilon partent au recyclage certes, mais cela ne veut pas dire que cela n’a pas d’impact sur l’environnement ! Ces livres surproduits et détruits sont utilisés pour re-créer du papier, mais avec un coût écologique (moindre que du papier neuf, mais quand même).

Une étude publiée en 2011 par Terre Vivante : Fabriquer des livres, quels impacts sur l’environnement ? précise que l’on peut faire 1 tonne de papier pour l’édition de livres standard avec 1,2 tonne de papiers usagés.

Mais « Comme la fabrication de papier issu de fibres vierges, la fabrication de la pâte et des feuilles de papier recyclé est consommatrice d’eau et d’énergie. Elle utilise des produits chimiques qui peuvent être toxiques et elle génère des déchets, notamment des boues de désencrage. »

Vous pouvez le constater sur ce schéma tiré de l’étude :

Pour revenir à l’Enquête sur les tonnages de livres transportés dans l’édition : retours, pilon et recyclage (2018-2020) qui se conclut par « Le SNE salue les progrès effectués par les éditeurs, leurs diffuseurs et leurs distributeurs et les encourage à poursuivre leurs efforts. »

On s’interroge sur ces chiffres, car l’étude l’indique mais ne le met pas en avant : ce sont des chiffres moyens qui sont pondérés par l’année 2020, une année particulière liée aux différents confinements.

Pour 2018 et 2019, les chiffres sont bien plus haut ! Pour 2018 : 28 367 tonnes de livres détruits, 2019 : 28 098 tonnes de livres détruits et 2020 : « seulement » 22 521 tonnes de livres détruits. 

Au final, cette moyenne de 26 300 tonnes de livres détruits est énorme, ce pourcentage de 13,2% de la production pilonnée trop importante : mais surtout ce sont des chiffres en dessous de la réalité.  À voir dans les prochaines années, si 2020 est une vraie tendance à la baisse ou un leurre du fait des conditions particulières des commerces, heureusement le document l’indique également « Cette tendance à la baisse des taux de retour et de pilon reste à confirmer dans les années à venir. »

Lui qui apparaît dans Michel Vaillant, l’homme de radio et comédien José Artur en avait déjà conclu : « Le pilon dans le poulet, c’est bon ; dans l’ancien combattant, c’est émouvant ; dans l’édition, c’est déprimant. »


Illustration principale : photo d’Alex Flux sous licence libre.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail