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par LiseF - le 8/06/2018
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par LiseF - le 8/06/2018

Avec Jean-Samuel Kriegk, spécialiste BD chez KissKissBankBank, levons le voile sur les coulisses du crowdfunding

C'est ce vendredi que débute le Lyon BD Festival. Cette première journée est réservée aux auteurs et professionnels du milieu de l'édition. L'occasion pour moi de rencontrer Jean-Samuel Kriegk, spécialiste BD chez KissKissBankBank.

Une rencontre que j'attendais puisqu'on vous a déjà parlé de KissKissBankBank chez 9emeArt : le site de financement participatif annoncait en novembre un taux de réussite de 80% sur les projets liés à la bande dessinée. Un joli chiffre qui est en plus supérieur à celui du total des projets : en effet 70% des campagnes lancées sur KissKissBankBank aboutissent.

Sur KissKissBangBang, un accompagnement personnalisé

Ce succès, il est lié en partie à l'accompagnement personnalisé des porteurs de projets : chaque domaine a son spécialiste, et justement c'est Jean-Samuel Kriegk qui s'occupe de la partie BD. Il m'explique son rôle : 

"En fait je gère les secteurs BD, animation, et jeu vidéo. Je suis chargé de représenter KissKissBankBank sur des événements tels qu'ici au Lyon BD Festival, et je fais du coaching pour les porteurs de projets."

On comprend vite pourquoi Jean-Samuel Kriegk est tout indiqué pour aider les porteurs de projets à réussir leur campagne : après avoir fait ses armes sur Radio France, il est passé chez Warner pour la promotion de ventes de disques, à la Fnac pour tout ce qui est événements culturels puis a travaillé en agence de web-marketing. C'est aussi le co-auteur du livre Art Ludique et il est également chroniqueur sur Carbone, Rockyrama ou encore Kiblind. En clair, c'est un touche-à-tout qui s'y connaît sur le bout des doigts en communication sur internet. Mais en quoi ça consiste, du coaching de porteurs de projets ?

"On explique aux porteurs de projets qu'il y a trois cercles qui peuvent participer à la campagne : le premier c'est celui des amis proches et de la famille. Le second c'est la communauté qu'on s'est formée grâce à un blog, une chaîne YouTube... Et le dernier ce sont ceux qui ne vous connaissent pas et qui vont vous découvrir grâce au projet. On va travailler sur différentes façons d'interpeller ces trois cercles, et aussi réfléchir à comment toucher d'autres communautés."

L'un des gros succès BD de ces derniers mois sur KissKissBankBank, c'est la campagne de financement du livre de Richard Corben, prix Angoulême 2019 qui a récolté plus de 60 000 euros sur un objectif de 8 000.

Crowdfunding et éditeurs, les frères ennemis ?

En mars on vous parlait des auteurs qui avaient choisi de se détacher du circuit classique pour vivre grâce à Tipeee. Ce choix vient souvent d'un raz-le-bol vis-à-vis des éditeurs. Maliki par exemple était éditée chez Ankama avant de choisir d'auto-éditer ses livres sur Ulule, pour finalement récolter près de 300 000 euros.

Les éditeurs devraient-ils trembler devant ces nouveaux modes de financement ? Selon Jean-Samuel Kriegk, ces deux modèles sont en fait complémentaires.

"Le crowdfunding permet de tester un auteur, un album : on prend moins de risques parce qu'on a déjà la trésorerie au moment d'aller chez l'imprimeur. C'est un bon test pour les auteurs qui débutent par exemple parce qu'il y a moins de filtres : tout le monde peut voir votre travail. Et ce succès peut leur permettre ensuite d'aller démarcher un éditeur. Il n'y a aucune concurrence avec le milieu de l'édition, d'ailleurs ils nous suivent avec intérêt."

Et puis il y a l'entre-deux : certains éditeurs choisissent de passer par le crowdfunding et se sont construits sur ce modèle. Les éditions Rouquemoute par exemple passent par le financement participatif pour promouvoir leurs albums : c'est une façon pour eux de faire la promotion des ouvrages et de mesurer l'attente des lecteurs. Sans compter que plus la campagne remporte de succès et plus la qualité de l'ouvrage et des à-côtés (ex-libris, posters...) est bonne.  

Le crowdfunding, une solution magique ?

80% de projets aboutis, ça fait rêver. Est-ce que ça signifie pour autant que le financement participatif est une solution magique ? Pas vraiment.

"Les auteurs qui ont le plus de chance de réussir sont ceux qui ont déjà une communauté : parce qu'ils ont un blog, qu'ils sont actifs sur les réseaux sociaux... Pour mener une campagne de financement participatif il faut avoir envie de faire de l'auto-promo. L'auteur plus réservé doit plutôt tenter sa chance du côté des éditeurs."

Demain, les BD ne seront donc pas toutes auto-éditées : c'est un mode de financement qui ne convient pas à tout le monde, mais une potentielle belle rampe de lancement pour les auteurs motivés à travailler sur leur auto-promotion.

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