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Incontournables
par Thomas Mourier - le 9/03/2018
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par Thomas Mourier - le 9/03/2018

Découvrir les comics — ép.2 : les nouvelles icônes super-héroïques en 10 essentiels

Saison 2 — épisode 2 : previously on BubbleTips vous avez pu lire la première partie du dossier découvrir les comics avec les fondations du super-héros en 10 essentiels (Superman, Batman, Wonder Woman, Spider-Man, Daredevil, etc…) Au Sommaire 📰 1. AVENGERS2. IRON MAN3. X-MEN4. DOCTEUR STRANGE5. HAWKEYE6. BLACK WIDOW7. DAREDEVIL8. CAPTAIN MARVEL    9. THANOS10. WATCHMEN 1. AVENGERS Créé… Lire la Suite →

Saison 2 — épisode 2 : previously on BubbleTips vous avez pu lire la première partie du dossier découvrir les comics avec les fondations du super-héros en 10 essentiels (Superman, Batman, Wonder Woman, Spider-Man, Daredevil, etc…)

Au Sommaire 📰

1. AVENGERS
2. IRON MAN
3. X-MEN
4. DOCTEUR STRANGE
5. HAWKEYE
6. BLACK WIDOW
7. DAREDEVIL
8. CAPTAIN MARVEL   
9. THANOS
10. WATCHMEN

1. AVENGERS

Créé par Stan Lee (Stanley Lieber) & Jack Kirby (Jacob Kurtzberg) en 1963. Puis repris par des centaines d’auteurs.

Comme pour la plupart des héros Marvel, c’est dans Strange que j’ai découvert les Vengeurs, mais, à l’époque, il était difficile de suivre en France l’ordre et l’enchaînement des runs, ce qui fait que pour moi tout était lié aux Avengers finalement, et certains vivaient des aventures solo de temps en temps, alors que c’était l’inverse.

Ce groupe baptisé ainsi par La Guêpe (the wasp) est constitué à l’origine de Thor, Iron Man, Hulk mais aussi The Wasp/Janet Van Dyne, Ant-Man/Hank Pym & Captain America peu de temps après. Le groupe très populaire agrégera de nombreux membres comme Black Widow, Hawkeye, Doctor Strange, Daredevil, Spider-Man, Black Panther, Scarlet Witch, The Vision, Captain Marvel/Carol Danvers et plus récemment Wolverine & certains X-Men.

Cette équipe se réunit pour faire face aux plus grandes menaces, Loki au tout départ puis Ultron, Kang The Conqueror, Thanos… (et en cela les adaptations au cinéma sont assez fidèles).

L’équipe a changé de nombreuses fois de membres, mais s’est aussi dupliquée (West Coast Avengers & Great Lakes Avengers), dissoute (Avengers the crossing & timeslide, Avengers Disassembled), reformée (New Avengers au moment de Civil War), réformée (Young Avengers, Mighty Avengers & Secret Avengers), manipulée (Dark Avengers), modernisée (Avengers Academy), cross-overisée (Uncanny Avengers), ou rebooteé (All-New, All-Different Avengers).

Alors, comment attaquer ces séries sans se venger sur les autres ?

L’anthologie Nous sommes les Avengers de Panini qui permet de couvrir plusieurs décennies d’histoires avec de courtes introductions fait bien le job. Idem pour les intégrales chronologiques à partir d’Avengers T1 : 1963–64.

Mais Avengers : La Guerre Krees/skrulls de Roy Thomas, Neal Adams, Sal & John Buscema est un bon point d’entrée pour en voir les enjeux, les différents caractères et  les intrigues à la fois cosmiques et psychologiques.

Un autre excellent point de départ avec la saga Civil War de Mark Millar & Steve McNiven, où Iron Man s’oppose à Captain America dans le but de recenser et contrôler tous les héros menant à l’affrontement de deux clans.

Avengers Forever de Kurt Busiek et Carlos Pacheco est un run un peu particulier puisque l’intrigue permet aux auteurs de composer une équipe avec des Avengers de différentes époques, qui sont aux prises avec un ennemi qui joue sur le temps et tente de changer le passé ou le futur. Si vous avez aimé les changements d’époque & clins d’œil dans Endgame, c’est pour vous.

Ultimates de Mark Millar & Brian Hitch qui recrée leur équipe idéale sans se préoccuper de la continuité. Le run prend le meilleur des héros et repart du début.

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2. IRON MAN

Créé par Stan Lee (Stanley Lieber), Jack Kirby (Jacob Kurtzberg) & Don Heck (Donald L. Heck) en 1963. Puis repris par des centaines d’auteurs.

Difficile d’aimer ce personnage, marchand d’armes, arrogant, égoïste, alcoolique, la liste des griefs est assez longue pour ce personnage qui compte parmi les plus importants de l’univers Marvel aujourd’hui.  
En pleine Guerre froide, Tony Stark marchant d’arme & scientifique peu scrupuleux lutte contre la menace communiste. Il échoue dans une prison vietnamienne après avoir été blessé par une mine antipersonnel et à l’aide d’un scientifique asiatique, le Pr Yinsen, Stark va concevoir une armure de fer et utiliser les transistors pour ralentir la progression des éclats de métal vers son cœur. Ce passé sera réécrit dans les années 2000 sans la partie anti-communiste, pour donner une impulsion plus moderne au personnage, de même que ses armures vont évoluer et seront pilotés de concert avec une I.A nommée J.A.R.V.I.S, un majordome virtuel, hommage à Edwin Jarvis, le majordome de Stark puis des Avengers. Le playboy, milliardaire décontracté sera aussi alcoolique et dépressif avant de devenir le leader des super-héros dans plusieurs formations puis le lien entre le gouvernement américain & les sur-hommes.

Connu pour être l’un des fondateurs et le principal mécène des Avengers, le groupe de super-héros le plus connu et célébré au cinéma, son histoire est très liée aux autres personnages. L’un des esprits les plus brillants de l’univers Marvel est aussi cabotin et assez décomplexé ce qui le rend extrêmement populaire auprès des lecteurs, mais il cache une personnalité plus complexe où sa vision du contrôle l’emporte sur l’amitié et le bon sens.

Alors, comment commencer sans l’aide de J.A.R.V.I.S. ?

Un condensé de l’essence du personnage avec Iron-Man, le diable en bouteille de John Romita Jr. & Carmine Infantino, pour vous frotter au Tony Stark alcoolo et pas du tout fun ou grand leader comme on le connaît aujourd’hui mais plein de doutes qui lutte pour se reconstruire.

Puis, Civil War (voir Avengers juste avant) où il partage la vedette avec Captain America dans le rôle du “méchant”.

Pour les amateurs de vintage, il est possible de commencer par les intégrales chronologiques, comme Iron-Man Intégrale 1963–1964, mais je vous conseille plutôt d’attaquer directement par les intégrales chronologiques des Vengeurs : Avengers Intégrale T.01 1963–1964 où le personnage est plus intéressant et plus proche de la vision contemporaine.

Puis, Iron Man — Extremis de Warren Ellis & Adi Granov qui correspond au personnage que l’on connaît au cinéma, puisque le scénario est celui du 2e film, et son dessinateur est le prodige de la palette graphique qui signe la plupart des design des héros au cinéma. Et tout ce qui touche aux Avengers, avec comme point d’orgue Avengers — La Séparation de B.M.Bendis & David Finch qui marque la fin des Vengeurs historiques, avec tous les personnages au maximum de leurs capacités face à un ennemi mystère.

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3. X-MEN

Créé par Stan Lee (Stanley Lieber) & Jack Kirby (Jacob Kurtzberg) en 1963 mais le grand auteur des X-Men restera Chris Claremont. Puis repris par des centaines d’auteurs.

Encore aujourd’hui le titre que je préfère dans son ensemble chez Marvel. Contrairement à tous les autres, les X-Men sont à part, ils avaient leurs histoires et leurs problèmes dans un univers clos (alors que les autres se croisaient tous) et des intrigues très denses au point qu’il fallait bien connaître les personnages pour apprécier. Difficile de résumer la franchise la plus lucrative et étendue de chez Marvel, on essaie…

Comme dans Spider-Man, Stan Lee intègre son ingrédient secret : sous couvert de super pouvoirs, parler d’amitié & d’amour dans cette école qui deviendra une véritable famille. Mais aussi d’avoir introduit dès le premier épisode un ennemi très complexe, Magneto & de lui avoir donné une importance presque égale au Pr Charles Xavier. Après quelques tours de chauffe, le groupe trouve son véritable envol au milieu des années 70 avec le scénariste Len Wein qui introduit une troupe de nouveaux mutants internationaux dont le Canadien Wolverine qui va devenir la superstar du gang. Avec à la fois le pouvoir de se régénérer plus un squelette en adamantium invulnérable qui de plus lui permet de sortir des griffes rétractiles, mais aussi des instincts animaux de son totem le glouton… Celui qui est désigné comme l’Arme X est un personnage à part. Et justement, ce n’est pas avec les X-Men que Logan démarre sa carrière, mais avec Hulk qu’il combat dans les neiges canadiennes grâce à Len Wein & Herb Trimpe en 1974. Très peu de temps après, il intègre l’équipe des mutants de Charles Xavier et ne la quittera que pour mieux revenir. Chris Claremont le prendra en main et le dessinateur John Byrne lui donnera son look et le ton qu’on lui connaît aujourd’hui. La violence et la noirceur caractérisent les histoires dont il est la vedette : le sauvage Weapon X gardera son statut indépendant et sans concession.

Puis, Chris Claremont (avec le dessinateur John Byrne) en feront un titre de 1er plan. Plusieurs histoires mémorables comme Days of Future Past en 1981 ou Dieu crée, l’homme détruit en 1983 restent encore des références aujourd’hui.

Impossible de parler des X-Men sans mentionner le cross-over House of M de Brian Michael Bendis & Olivier Coipel. Très réussi, ce run mettant en scène une grande partie des héros Marvel va impacter toutes les séries et les X-Men en particulier.

Alors, comment entrer au Manoir X ?

Nous sommes les X-Men, l’anthologie habituelle proposée par Panini qui permet d’avoir un aperçu des moments clefs des personnages sur la durée avec des introductions. Puis, les intégrales chronologiques X-Men : L’intégrale qu’on vous conseille d’attaquer aux périodes 1975-82 surtout où Claremont excelle.

Plus proche de nous, en 2001, les New X-Men de Grant Morrison & Frank Quitely qui reprennent les personnages classiques et les entraînent dans une série d’aventures plus tournées vers la SF.

Puis, House of M de Brian Michael Bendis & Olivier Coipel en 2005. La Sorcière rouge crée une réalité alternative pour tous les héros. Seul Wolverine se souvient de la réalité et va “réveiller” les autres. “No More Mutants” une phrase dont vous allez vous souvenir longtemps.

Côté Logan, la mini-série Je suis Wolverine par Claremont & Frank Miller déjà en 1982 et toute la romance avec Mariko Yashida au Japon qui révéleront l’attachement de Wolverine à Rogue (Malicia) ou encore avec Jean Gray.
Puis, de Mark Millar avec Steve McNiven : Old Man Logan qui dépeint le futur de Marvel où Logan devenu pacifique est le seul rempart contre la menace des Hulks consanguins & des super-vilains qui ont tué tout le monde.

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4. DOCTEUR STRANGE

Créé par Stan Lee (Stanley Lieber) & Steve Ditko en 1963. Puis, repris par des centaines d’auteurs.

Je suis très fan des dessins de Ditko, ses compositions psychédéliques et géométriques, son sens du mouvement en plus de ses essais graphiques sont expérimentaux et réussis dans des comics grand public, son Stephen Strange qu’il soumet à Stan Lee se permet beaucoup d’audaces.
Après avoir créé Spider-Man, Stan Lee & Steve Ditko imposent l’irruption de la magie et tout ce qui va avec dans un univers Marvel jusqu’à lors dominé par la science & la technologie. Le personnage conservera une double ambiguïté de héros unique, mais également difficile à vendre. Les parutions seront beaucoup moins fréquentes que celles des créations de la même époque et en France, c’est un héros qui a été complètement mis de côté : les histoires étaient traduites sporadiquement dans le désordre. Ce n’est que grâce à la sortie du film en 2016 qu’il est remis au goût du jour. Néanmoins, il est très familier des lecteurs de comics, car il apparaît dans de nombreuses autres séries, à commencer avec Spider-Man dès les premières histoires, et intervient chez les Défenseurs qu’il fonde, chez les Avengers ou plus récemment les Illuminati. Les premières histoires de Ditko sont brillantes et les trouvailles graphiques valent le détour.

Alors, comment s’y retrouver sans passer par le plan astral ?

Je suis Doctor Strange, l’anthologie de Panini qui dévoile la première apparition du héros et les grandes heures de la période Ditko. Comme le nombre de publications autour de ce personnage est plus maigre, les anthologistes ont pu se faire plaisir en incluant pas mal d’histoires du créateur d’origine.

Et je vous conseille fortement l’intégrale chronologique, dès le premier volume Doctor Strange 1963–1966 pour découvrir les histoires originales.

Puis, un Doctor Strange : Le Serment de Brian K. Vaughan & Marcos Martin qui rend hommage au personnage et son créateur dans une histoire alambiquée où il enquête sur son propre meurtre. Un bon point d’entrée pour appréhender son univers même s’il est un peu à part.
Enfin, la nouvelle série Doctor Strange : Les voies de l’étrange en 3 volumes de Jason Aaron & Chris Bachalo qui relancent le titre avec la fin de toute magie sur Terre, Strange doit monter une équipe de sorcier pour se défendre et découvre l’inavouable secret de son ami Wong (excellente trouvaille qui explique bien des choses). Un docteur plus moderne, limite désinvolte avec sa nouvelle acolyte.

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5. HAWKEYE

Créé par Stan Lee (Stanley Lieber)  & Don Heck (Donald L. Heck) en 1964. Puis repris par des centaines d’auteurs.

Un personnage que j’avais croisé de temps en temps dans les Avengers sans jamais m’y attacher, ce n’est que récemment à travers la refonte de Matt Fraction, Annie Wu & David Aja que j’ai pu redécouvrir ce héros atypique.

Quand Stan Lee & Don Heck créent l’archer « couteau suisse », il endossera pas mal d’identités, de pouvoirs et de techniques (devenu un temps Goliath puis Ronin), mais aussi changera plusieurs fois de camps jusqu’à mourir et être remplacé par une jeune femme. Sans autres pouvoirs que sa précision incroyable à l’arc (et tout ce qui peut se lancer) ou son habileté au corps à corps, Clint Barton ne doit sa place dans le cénacle des plus grands héros qu’à sa capacité d’adaptation.

Membre des Avengers à la demande d’Iron-Man après une courte carrière de méchant et une love-story avec la Veuve noire (Black Widow) à ses débuts ; il deviendra un pilier moral & intègre dans ce groupe qui se pose beaucoup de questions au fil des années et des menaces.

Il collabore avec le S.H.I.E.L.D. et fut membre de plusieurs groupes (Avengers, West Coast Avengers, Thunderbolts, Avengers Secrets & sous l’identité de Ronin dans New Avengers). Barton a fait équipe avec Black Widow, mais aussi avec Mockingbird avec qui il va partager une publication régulière et enfin Kate Bishop, une des membres des Young Avengers qui a pris sa place en temps que Hawkeye (dans la dernière mini-série, il reste son mentor et un « Hawkeye de secours »).

Avec beaucoup d’humour aujourd’hui, le personnage a bien évolué et a trouvé sa voix grâce à l’excellente reprise de Matt Fraction & David Aja en 2012 peu avant son apparition dans les films qui vont le remettre en lumière ainsi que la série annoncée par Disney.

Alors, comment viser bien, viser juste ?

À la différence de tous les héros présentés dans ce guide, il est difficile de se procurer en français les origines du personnage. Et même, il est presque plus intéressant de le retrouver dans les grandes séries où il partage la vedette avec d’autres héros.

Mais ce n’est pas grave, car dans le sobrement intitulé Hawkeye Matt Fraction, Annie Wu & David Aja ont réussi le pari de moderniser le personnage et d’en faire une série très intéressante à la fois graphiquement (les pages fourmillent d’idées et de trouvailles), mais aussi scénaristiquement avec la relation entre Clint et Kate, les deux Hawkeye. Plusieurs épisodes assez incroyables, dont un, vu à travers les yeux d’un chien.
À la suite de cette relance éclatante, Jeff Lemire & Ramón Pérez continuent sur cette base dans All-New Hawkeye, mais intègrent des personnages mutants là où Matt Fraction lorgnait sur des histoires du quotidien à Hell Kitchen.

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6. BLACK WIDOW

Créé par Stan Lee (Stanley Lieber), Don Heck (Donald L. Heck) & Don Rico (Donato Francisco Rico II) en 1964. Puis, repris par des centaines d’auteurs.

Comme pour Clint Barton, Natasha Romanoff a.k.a. Black Widow n’est pas le personnage le plus connu de l’univers Marvel (et encore moins en France). Comme lui, elle aussi ne possède pas de pouvoir particulier, mais des aptitudes au combat et une intelligence exceptionnelle, mais également un attirail de gadget qui donnerait presque envie à Batman. Comme lui, elle commencera sa carrière en tant qu’adversaire avant de changer de camp et de devenir une Avengers. Et comme lui, elle ne devra son salut qu’au cinéma interprété par Scarlett Johansson.

L’espionne russe formée par le KGB apparaît comme l’ennemie de Tony Stark dans Iron Man (en même temps, on se rappelle que ce dernier était obsédé par les communistes à ses débuts) et fera équipe avec Hawkeye puis rencontrera Spider-Man où son look de super-héroïne se fixera avant de croiser Captain America & le S.H.I.E.L.D. (l’agence d’espionnage & de coordination des super-héros pilotée par Nick Fury ou Tony Stark entre autres) : elle trahira son pays pour devenir l’une des fidèles protectrices des USA. Elle vivra également une romance avec Matt Murdoc (Daredevil) avec qui elle fera équipe un moment avant de se mettre avec Steve Rogers (Captain America) puis Bruce Banner (Hulk) comme on le voit dans les adaptations en films. Hormis une très courte série solo dans les années 1970 et une saga Marvel Fanfare en 1983 où elle joue un rôle de premier plan, le personnage passera de Daredevil aux Avengers et doit attendre début 2000 pour avoir ses propres séries et focus.

À noter qu’il existe un second personnage de Black Widow : Yelena Belova, qui reste du côté des vilains et qui entretient parfois la confusion avec son homologue (en fait, il y en a beaucoup plus mais c’est la seule qui revient régulièrement et qui fait partie d’un groupe).

Alors, comment passer inaperçu sans super-pouvoirs ?

Reportez-vous à l’article Avengers au début du chapitre où vous la trouverez en bonne compagnie et surtout dans ses histoires les plus passionnantes.

Je n’ai pas trouvé de titre solo publié en français qui me plaise vraiment. Le Black Widow de Mark Waid & Chris Samnee explore le passé de l’héroïne et tente de revoir le personnage façon espionnage, mais ce n’est pas une lecture indispensable contrairement à la quasi-totalité des albums cités dans ce dossier, mais on a pas mieux pour le moment.

Il reste beaucoup de titres à traduire, en mini-série ou graphic novel mais l’éditeur n’a pas encore sorti le matériel, on imagine qu’il se réserve pour la sortie d’un film Black Widow annoncé pour 2020.
Vous pouvez sinon attaquer Avengers Assemble de Brian Michael Bendis & Mark Bagley qui s’intéresse au moment où les Avengers font équipe avec les Gardiens de la Galaxie pour vaincre Thanos.

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7. DAREDEVIL

Créé par Stan Lee (Stanley Lieber) & Bill Everett  en 1964. Puis repris par des centaines d’auteurs.

J’ai eu la chance de commencer par les histoires de Miller, comme pour Batman, à peu près de la même époque. Et j’en garde un souvenir tel que j’ai du mal à lire les histoires récentes qui ne ressemblent plus “à la vraie histoire” de Dardevil telle qu’elle s’est fixée dans ma mémoire -et étrangement, c’est le seul personnage pour qui j’ai cette impression d’exclusivité tellement tout était très fort sans ces quelques centaines de pages.
L’homme sans peur démarre sa carrière en 1964 grâce à Stan Lee & Bill Everett (mais aussi les indispensables Jack Kirby & Steve Ditko) et assez rapidement reprit par Wally Wood. Avocat d’exception sous sa véritable identité de Matt Murdock, il devient le diable rouge pour combattre le crime à Hell Kitchen, un quartier mal famé de New York. Devenu aveugle à la suite d’un accident, aspergé d’une substance radioactive qui lui donnera ses pouvoirs. Les histoires alterneront les intrigues super-héroïques et son travail d’avocat, entre le polar et les histoires de ninja, entre les différents problèmes de Karen & Froggy.
La grande force de ces histoires sera d’ancrer les actions dans le réel, d’en faire un “super-héros local” qui combat le crime & aide les habitants de New York. D’ailleurs son ennemi le plus intéressant est Le Caïd (qui comme Daredevil n’a pas de pouvoirs grandioses si ce n’est une force et une résistance hors du commun) qui possède une intelligence rare qui en fait un ennemi redoutable. Cette bataille de l’esprit sera à son zénith dans Born Again, l’une des histoires les plus marquantes du genre. Après cette renaissance du personnage qui était tombé dans l’oubli, Frank Miller s’empare du titre au début des années 80 et le renouvelle complètement (à l’image de son travail sur Batman), installe un univers plus noir, plus dense et surtout introduit Elektra : amour impossible, espionne guerrière et double en creux de Daredevil.
Ami de Spider-Man depuis ses débuts ou forcé de collaborer avec The Punisher,  Daredevil sera au top des ventes durant plusieurs années, après une période compliquée dans les années 1970. Daredevil fut souvent associé aux super-héros urbains comme Jessica Jones (Lire l’incontournable), Luke Cage et Iron Fist, ils ont eu droit à une adaptation en série TV puis à une série commune, The Defenders.

Alors, comment s’y retrouver dans le noir ?

Comme pour les autres, l’anthologie Je Suis Daredevil permet d’avoir une vision transversale (je conseille peut-être moins les intégrales chronologiques Daredevil — Intégrale qui ne sont pas toutes au même niveau).

Vous pouvez acheter les 3 intégrales Daredevil par Frank Miller dans la collection Icons (et compléter par le T0 si vous êtes accros) qui contient l’essentiel des histoires dessinées ou écrites par Miller, dont le run Born Again dont on parlait plus haut, mais aussi l’apparition d’Elektra (il existe aussi un intégral Icons sur Elektra si vous voulez aller plus loin).

Puis, Daredevil par Brubaker qui redonne un nouveau souffle polar au héros où il est acculé et traqué. Une presque fin pour le personnage. (il suit le run écrit par Bendis sur le titre qui est très réussi, mais étant épuisé, je ne l’ajoute pas ici).

Puis, continuer par Daredevil Par Mark Waid qui redonne vie au Daredevil des origines et s’éloigne un peu de l’héritage Miller/Bendis/Brubaker.

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8. CAPTAIN MARVEL

Créé par Stan Lee (Stanley Lieber) et Gene Colan en 1967. Puis repris par Kelly Sue DeConnick en 2012.

Entre House of M et Jessica Jones, j’ai pu découvrir le personnage moderne de Carole Danvers et j’ai suivi sa transformation en Captain Marvel ces dernières années. Pour beaucoup, c’est le film d’Anna Boden & Ryan Fleck avec Brie Larson dans le costume bleu/rouge est un succès, un long métrage qui assume & suit la lancée des comics actuels avec de plus en plus de héros et d’histoires en phase avec notre époque. Enfin un grand personnage féminin incarné dans un blockbuster, qui plus est une femme qui viendra à la rescousse de ses homologues masculins mis à mal par Thanos.

Ce personnage ne vous est peut-être pas familier car il n’existe sous cette forme que depuis quelques années. Stan Lee & Gene Colan créent, en 1967, un super héros extraterrestre, un capitaine Kree qui se retourne contre son peuple et se met à protéger la terre au lieu de l’espionner à des fins d’invasion. Conçu à la demande de leur éditeur, Martin Goodman, pour sécuriser le nom de Marvel avec un héros éponyme, ce sera avec Roy Thomas & Gil Kane, en 1969, qu’il accrochera les lecteurs avec un personnage aux pouvoirs nouveaux qui a besoin d’un humain, Rick Jones, pour exister dans notre réalité. Le personnage vivote jusqu’à l’arrivée de Jim Starlin, futur créateur de Thanos, qui le mettra en scène dans son combat contre le cancer. Le premier roman graphique de Marvel et surtout l’une des premières fois qu’un héros meurt définitivement*.

Plusieurs personnages portent ce nom à la suite de cet épisode, mais ce sera Carole Danvers qui en fera le meilleur usage. En 1977, la Maison des Idées lance Ms.Marvel, un nouveau titre écrit par Gerry Conway & Carla Conway qui réhabilite Carole Danvers déjà présente en tant qu’agent de renseignements & ancienne de l’US Air Force, enquêtant sur Mar-Vell. Contaminée par l’ADN Kree, elle va développer ses pouvoirs et devenir Ms.Marvel. Dans le civil, Carole D. devient rédactrice d’un magazine féminin affilié au Daily Bugle où elle croise Peter Parker. Avec une volonté de mettre l’accent sur cette héroïne féministe, le personnage est lancé. Le personnage passe dans les mains de Chris Claremont qui creusera le personnage et son passé. Ayant développé ses pouvoirs et possédant une puissance hors du commun, elle rejoint les Avengers et le titre passe dans les mains d’autres auteurs. David Michelinie crée un arc malsain où elle tombe enceinte de manière accélérée d’un avatar de Kang, l’ennemi des Avengers qui voyage dans le temps : il la manipule pour faire naître une autre version de lui-même. Ce scénario polémique sera « rattrapé » par Chris Claremont qui revient au personnage et explique que Carole Danvers a perdu ses pouvoirs et sa mémoire lors d’un combat contre Malicia et l’intègre aux X-Men.

Après plusieurs existences en tant que Binaire ou Warbird, elle revient en 2001 avec une nouvelle stature dans Alias de Brian M. Bendis & Michael Gaydos : comme amie et confidente de Jessica Jones, dont elle sera le témoin de mariage pour sa romance avec Luke Cage. Toujours sous l’impulsion de Brian M. Bendis avec Olivier Coipel, elle sera mise en avant dans le grand succès House of M en 2005 où elle devient l’égérie des super-héros, un statut de star fictif issu des « rêves » de la Sorcière rouge Wanda Maximoff. Mais depuis, Carole Danvers a gardé une place très forte chez les lecteurs comme les auteurs et devient un personnage important de Civil War et Civil War II. Désormais, elle traite d’égal à égal avec Captain America et Iron Man, qui l’aide à prendre la mesure de son nouveau statut et accepter le nom. C’est cette nouvelle identité, plus travaillée, qui sera mise en avant par Kelly Sue DeConnick à partir de 2012 qui officialise la nouvelle stature du personnage qui devient membre des Gardiens de la Galaxie, puis après quelques récits à New York et un nouveau costume : elle part vivre ses aventures dans l’espace pour protéger la Terre des ennemis cosmiques.

Alors, quoi lire pour être un lecteur cosmique ?

Attaquez par Je suis Captain Marvel, une anthologie commentée qui permet d’avoir un aperçu du personnage sur toute sa carrière. Pas mal d’introduction, de remise en contexte et d’infos sur les auteurs pour mettre en avant des extraits et des récits-courts qui ont construit le personnage. C’est la meilleure porte d’entrée dans son univers, même si on la croise dans la plupart des cross-overs et des events.

Puis, Captain Marvel —Et nous serons des étoiles de Kelly Sue DeConnick, Dexter Soy & Emma Ríos qui démêle le passé du personnage et le confronte à l’une des dernières incarnations de Captain Marvel. Point de départ de la nouvelle version de Captain Marvel, dont beaucoup d’éléments seront exploités au cinéma, c’est dans cet album que la scénariste en fait un héros à l’égal des Avengers.

Après vous pouvez enchainer avec les deux runs de Margaret Stohl La vie de Captain Marvel avec Carlos Pacheco qui creuse un peu plus le personnage et l’épaissit.

Puis Captain Marvel – Dark origins avec Michele Bandini, qui part dans une saga à la recherche d’une pierre de réalité.

Ensuite pour découvrir le personnage d’origine vous pouvez lire le tout récent Captain Marvel – intégrale T1, 1967-1969 de Roy Thomas, Arnold Drake & Don Heck qui reprend par ordre chronologique les comics mettant en scène le guerrier Kree et ses mésaventures sur Terre.

Enfin, j’aimerais pouvoir vous conseiller La mort de Captain Marvel de Jim Starlin, mais il est toujours épuisé chez l’éditeur. On espère que l’engouement pour le personnage va provoquer une nouvelle édition de ce titre mythique.

Ne passez surtout pas à côté de Ms Marvel de G. Willow Wilson & Adrian Alphona où une adolescente de 16 ans d’origine pakistanaise, Kamala Khan devient dépositaire des pouvoirs de Ms Marvel puisque Carole est devenue Captain Marvel. Un récit très bien écrit qui intègre des nouvelles réflexions dans l’univers Marvel à partir de cette héroïne jeune qui n’appartient pas aux standards habituels du genre. Très réussi autour des questions d’identité et de l’apprentissage du personnage, c’est avec beaucoup d’humour qu’elle va rencontrer les grands héros et se faire sa propre place.

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9. THANOS

Créé par Jim Starlin en 1973.

Thanos reste dans mes premiers souvenirs de comics, il était dans les exemplaires de Strange qu’on lisait et relisait avec un de mes amis du collège. Ce « méchant » cosmique est l’un des plus crédibles et réussis de tout l’univers Marvel.

Le Titan fou n’est pas paru dans les histoires des Avengers mais il les réunit tous pour conclure 11 ans de cinéma depuis le premier Iron Man. Le jeune Jim Starlin débarque chez Marvel après un passage remarqué chez DC Comics et écrit le premier « graphic novel » super-héroïque : un blockbuster intimiste qui met en scène le combat contre le cancer de Mar-Vell dans La mort de Captain Marvel. Fort de ce succès, cet adepte des épopées interstellaires enchaîne les titres à la portée métaphysique, s’empare du Surfeur d’Argent puis d’Adam Warlock et lui accole un personnage de son invention : Thanos, qui va devenir l’emblème & le cœur de son travail.

Alors, comment obtenir le gant de l’infini ?

Le titre parfait pour faire connaissance avec le géant violet est le socle de la saga « de l’infini » : Le Gant de l’infini. Cette histoire cristallise le meilleur du personnage, les enjeux les plus fous et un méga cross-over avec les personnages emblématiques de Marvel. Ayant réuni les six gemmes de pouvoir, Thanos est devenu l’égal d’un dieu. Il a le pouvoir de modifier la réalité (je résume très vite) et peut enfin offrir un monde de destruction à sa bien-aimée qui le délaisse : la Mort.

C’est le coup de génie de Starlin qui propose une histoire d’amour ratée comme moteur de la plus épique des guerres de l’univers. Ça, et l’idée de mettre sur le carreau les plus grands héros : Thor, Namor, Iron Man, Wolverine, Scarlet Witch, Hulk, ou Captain America… Seul le mystérieux Warlock pourra réussir là où les plus grands ont échoué. Un cross-over intelligent qui s’offre le luxe de ne pas utiliser les héros populaires pour le marketing et n’hésite pas à changer les règles. George Pérez & Ron Lim assurent le dessin de cette saga en plusieurs volets. Pérez mettra la barre très haute avec ses mises en scène dantesques perchées au milieu des étoiles inquiétantes ou son interprétation des personnages titres de Marvel est magique à plus d’un titre.

Suivent La Guerre de l’Infini & La Croisade de l’Infini qui tirent le fil de cette saga en proposant un Thanos plus retors et stratège dans un univers encore plus mystique.

Ensuite, passez à L’ascension de Thanos de Jason Aaron & Simone Bianchi qui réinventent la jeunesse du géant violet en restant proches des idées de Starlin mais en creusant un peu plus sa folie et ses origines. Enfin Infinity de Jonathan Hickman & Jim Cheung, Dustin Weaver, Jerome Opeña. À la manière de House of M ou Civil War, cet énorme run piloté par Jonathan Hickman réunit une grande partie des licences Marvel dans un grand événement qui bouleverse l’ordre établi. Thanos envoie ses armées de l’Ordre Noir pour envahir la Terre le temps que les Avengers sont occupés avec les impressionnants Bâtisseurs. Cette saga est assez dense et avoir lu les séries Avengers ou New Avengers d’Hickman ou L’ascension de Thanos de Jason Aaron avant est un plus, pour tout saisir. Très surprenant et inventif, soutenu par un dessin de haute volée qui pousse le titre vers un des indispensables de ces dernières années.

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10. WATCHMEN

Créé par Alan Moore & Dave Gibbons en 1986.

Un des premiers comicsbook que j’ai pu lire en entier au début des années 1990 chez Zenda avant de m’offrir la belle intégrale chez Delcourt. Ce livre a non seulement modifié ma perception des bandes dessinées, mais aussi celle de l’écriture en générale : Alan Moore fait preuve d’une créativité totale jouant sur plusieurs niveaux de lecture, jouant aussi bien sur la forme que sur le fond.

Une œuvre parfaite en guise de conclusion provisoire de ces deux premiers chapitres avant de se pencher sur les comics indés, ce titre est parfaitement adapté pour faire le pont entre les genres. Alan Moore a utilisé un groupe de super-héros anciens et non utilisés depuis des années, pour écrire le cross-over qui allait marquer un avant et un après dans l’histoire des comics et leurs conceptions. Les auteurs créent un monde de héros vieillissants, mis au ban par le gouvernement américain, où certains doivent reprendre du service, car un tueur assassine « les masques », les anciens héros costumés. Les personnages de cette uchronie seront construits à partir des œuvres de Ditko (dont on parlait plus haut pour son travail sur Spider-Man et Dr Strange) qui donneront les très réussis Dr Manhattan mais surtout l’inquiétant et tenace Rorschach.

Entre secrets mal gardés du passé, ambition démesurée, projets secrets et détermination sans faille, plus de 400 pages de noirceur et de vision pessimiste sur ambiance de fin du monde. Le livre commence par la mort d’un Watchmen, qui plus est un salaud, un corrompu, pourtant l’homme qui se fait appeler Rorschach, tenace et adepte de la violence pour faire régner la justice, se penche sur son cas — et reste persuadé que le tueur frappera à nouveau. Une course contre la montre s’engage. Nixon menace par l’arme nucléaire ses ennemis et l’horloge tourne aussi de ce côté-là. Une uchronie pas si éloignée qui permet aux auteurs de proposer l’histoire ultime des super-héros. Une déconstruction du genre et une critique de ses héros qui révèlent leurs côtés sombres.

Le parti pris graphique de Dave Gibbons associé au coloriste John Higgins rend cette atmosphère pesante et glauque, un univers sombre avec son horloge qui rappelle à chaque chapitre qu’on se rapproche de la 3e Guerre Mondiale. Le dessinateur propose un style acéré, qu’il encre lui-même et où il joue avec les symboles iconiques qui jalonnent l’œuvre. Pour coller à ce style réaliste, il abandonne onomatopées et traits de vitesses, symboles propres à la bande dessinée pour s’éloigner des codes omniprésents dans les comics de cette époque.

Récits dans le récit, plusieurs histoires entre chassées, épisodes en palindromes, jeux de symboles et de correspondances, carnet intime, rapports psychiatriques, extraits de journaux… Extrêmement construite avec un découpage et un scénario qui frise la partition au fil de ses 12 chapitres millimétrés : toute l’œuvre est une invitation à réfléchir au médium & au genre autant qu’une série passionnante façon polar hard-boiled.

Comme pour V pour Vendetta, un de ses précédents ouvrages, Alan Moore reprend la thématique de la surveillance étatique, de la justice & ses dérives et de la liberté que prennent les justiciers masqués sans rendre de comptes à personne. « Who watches the watchmen ? » Qui garde les gardiens eux-mêmes est le leitmotiv qui traverse l’œuvre. Une réflexion qui transpire dans pas mal de comics, mais qui est mise en lumière de plusieurs manières ici.

Le Dr Manhattan, seul héros avec des pouvoirs réels qui pourrait mettre un terme à ce conflit (les autres n’ayant que de super aptitudes à la manière de Batman) est tellement puissant qu’il s’éloigne de plus en plus de l’humanité… Difficile d’en dire beaucoup plus sans faire de spoilers, mais si les surhommes étaient de notre monde, on imagine bien que cela ressemblerait à cette vision sombre & réaliste plus qu’à aucun autre récit. Voici « la fin des super-héros » telle qu’on peut la rêver.

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Illustration principale : © La vie secrète des super-héros par Edy Hardjo

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