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par AntoineBigor - le 29/04/2016
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par AntoineBigor - le 29/04/2016

Infinity 8 : L'interview de Dominique Bertail

Nous apprenions il y a peu l'existence d'un projet initié par Lewis Trondheim et Olivier Vatine et édité par Rue de Sèvres, du nom d'Infinity 8. Inspiré des séries B des années 80 et de toute la culture comic-book, cette série de 8 albums, tous écrits et dessinés par des auteurs différents, est certainement l'initiative la plus risquée et intéressante que la bande-dessinée française peut présenter en ce moment.

Le premier album, écrit à quatre mains par Trondheim et Zep, est dessiné par Dominique Bertail, illustrateur français aussi à l'aise dans le fantastique, avec L'Enfer des Pelgram, que dans la BD historique, comme Shandy, un Anglais dans l'Empire, et qui s'attaque ici à la SF pulp. Nous avons eu la chance de le rencontrer à Bordeaux, où il habite et travaille, et ainsi discuter de se participation à Infinity 8, de ses précédents travaux, ou encore du monde de l'édition de manière un peu plus large. 

Vidéo : Lewis Trondheim et Olivier Vatine vous présentent l'univers d'Infinity 8

Dominique Bertail, l'interview.

• 9eArt : Bonjour Dominique, pourriez-vous présenter votre travail de dessinateur de bande-dessinée ?

J’ai dessiné L’Enfer des Pelgram, en deux tomes chez Delcourt avec Thierry Smolderen, puis deux albums de la série napoléonienne Shandy avec Matz, toujours chez Delcourt. Et je viens de terminer notre plus gros chantier avec Smolderen : Ghost Money, chez Dargaud, une série politico-financière en 5 tomes. J’ai aussi dessiné un album sur Capa, scénarisé par JD Morvan dans la collection Air libre/Magnum. Je travaille aussi occasionnellement dans Fluide et Spirou. En ce moment, je suis à bloc sur Infinity 8 !

• Comment vous êtes-vous retrouvé embarqué dans le projet Infinity 8 ?

Lewis Trondheim et Olivier Vatine me l’ont proposé. C’est Lewis qui, le premier, m’a présenté le concept à Angoulême, autour d’un verre au Mercure. Son enthousiasme légendaire m’a tout de suite donné envie de jouer avec eux. Quelques temps plus tard, Comix Buro m’a demandé de choisir un partenaire scénariste parmi ceux qui s’étaient montrés intéressés. J’avais très envie de travailler avec Zep, dont j’admire beaucoup le travail. À partir de là, tout est allé assez vite.

• Comment avez vous rencontré les deux scénaristes, Lewis et Zep ?

Avec Lewis, ça fait longtemps qu’on se croise. On a même un peu travaillé ensemble dans l’atelier Mastodonte de Spirou. Par contre, je ne connaissais que très peu Zep. C’est quand même une chance incroyable de participer à la rencontre des deux Rolls de l’humour ! Zep et Lewis en co-écriture ! La super affiche ! 

• Aviez-vous une méthode particulière pour cette première ensemble ?

Lewis et Zep ont conçu une intrigue que Lewis m’a racontée et mimée. J’ai rebondi un peu dessus en essayant de m’approprier l’histoire et d’y glisser des thématiques qui me touchent. Ils ont retravaillé sur une nouvelle version et Lewis m’a fourni un storyboard  complet. C’est la première fois que je travaille à partir d’un scénario story-boardé. Ça m’a fait un peur au début, mais le board de Lewis est assez succinct, pour laisser toute liberté d’interprétation visuelle. Finalement, c’est assez confortable.

• Le découpage était donc déjà complètement défini avant même que vous ne commenciez à dessiner ?

Oui oui. Je n’ai pas à me soucier du squelette de l’album, je peux me concentrer sur l’invention de mondes, de formes, de lumières. C’est un road movie spatial, l’univers se met en place au fur et à mesure, je le découvre avec les deux protagonistes. Ça me change beaucoup de l’extrême rigueur de l’univers de Ghost Money. C’est une véritable récréation. Non pas dans le sens de repos, mais dans celui de défouloir, où tout est possible.

• Y-a-t-il quand même des contraintes graphiques pour l'ensemble des albums ?

Oui, Olivier Vatine a créé une bible graphique définissant l’architecture du vaisseau, dans lequel l’action commence et qui est commun à tous les albums de la série, ainsi que les costumes du personnel, l’équipement des agents... Ça donne une cohérence très pulp 50’s/60’s. En-dehors de ces éléments qui doivent se retrouver d’un album à l’autre, chaque auteur crée librement l’environnement de son récit. Il s’agit de variations sur un standard.

• Le titre est un beau clin d'oeil aux Comics, en lisez-vous vous même ?

J’ai une culture comics assez limitée, comparé à Vatine !

En ce moment, je lis Low de  Remender et Tocchini, Thor de Aaron et Ribic, et Scalped de Aaron encore et Guera….  Je suis aussi un inconditionnel de John Paul Leon (principalement Earth X, mais aussi Winter men et Batman.). Mais je relis surtout les classiques : Kirby, Wallace Wood , Corben et Jack Davis. C’est à eux que je pense surtout en dessinant Infinity 8, c’est un modeste hommage à ces géants.

• Ça se sent, cette influence, dans vos planches, effectivement.

Je relis aussi beaucoup Shirow Masamune (particulièrement son incroyable Orion !), ainsi que Nausicaa de Miyazaki (le manga), Blame de Nihei, Dragon Head de Mochizuki et bien sûr Akira ! Mais c’est dangereux de remettre le nez là dedans, c’est tellement hallucinant que ça coupe un peu les pattes. En ce moment, je suis un inconditionnel de Innocent de Sakamoto !! Je trouve qu’il élève le langage de bande dessinée à un niveau de richesse et de complexité que je n’avais pas ressenti depuis Elektra de Scienkiewicz et Miller. Le pied absolu !

• Dites-moi si je me trompe, mais j’y ai vu, dans un rapprochement sur la SF et les couleurs, un peu de Moebius aussi.

Rhaaa oui, fatalement ! Comme beaucoup de dessinateurs de ma génération, j’ai été beaucoup trop marqué par Moebius. Il est à la fois déclencheur d’envies et d’ambitions, et terriblement castrateur ! Je n’ai touché ni à la plume ni au pinceau pendant 20 ans à cause de ça, pour m’empêcher d’utiliser ses solutions. En ce moment, je reviens à la plume et au lavis, en la redécouvrant à travers Tiepolo et Shepard (le créateur de Winnie the Pooh ). Bon… On ne peut pas dire que ça se ressente beaucoup dans Infinity 8, mais ils m’ont beaucoup décoincé.

Et puis quand Lewis et Vatine m’ont proposé le projet, je me suis dit  « Allez, merde, j’arrête de lutter et je laisse remonter Moebius, tranquille, par la porte de derrière, pour voir ce qu’il en reste après ces année de travail d’oubli ». J’ai Arzak, Le Garage et Le Bandard Fou constamment à portée des yeux, c’est dingue ce qu’il a fait !!! Mais j’ai fait mon deuil, je ne souffre plus de l’inaccessible modèle. J’ai juste envie de me faire plaisir, maintenant.

• Vous aviez lu son travail pour le marché américain dans Silver Surfer ?

Oui, mais je n’avais pas trop aimé. Ils ont pas l’air très à l’aise, on sent que Stan Lee n’en avait pas grand chose à faire de Moebius, il a écrit une histoire comme il aurait pu en écrire 10.000… Enfin c’est l’impression que j’en avais eu… Mais ça fait longtemps que je ne l’ai pas lu.

• C’est marrant parce que la méthode d’écriture que vous m’avez décrite avec Lewis et Zep me fait justement penser au fameux « Marvel Way ».

Oui oui, sauf que si j’en crois l’excellente bio de Kirby par Jean Depelly, Stan Lee n’écrivait même pas les histoires, il donnait juste un thème en une ou deux phrases et c’est Kirby qui développait l’histoire. Là, Lewis et Zep écrivent vraiment ! À la réflexion, c’est cette bio qui m’a donné envie de me lancer dans Infinity 8. Ça m’a beaucoup impressionné, le rythme de travail de Kirby (5 pages par jour en moyenne !? ). J’avais très envie d’essayer. Pour l’instant, je n’en fais qu’une par jour, mais c’est un grand pas pour moi.

• Est-ce que dans la narration et le découpage, il y a eu cette réflexion sur comment s'approcher des codes américains ?

Dans l’intention de départ, oui, mais dans les faits, pas tant que ça… Lewis et Zep ont un découpage très européen. Leur humour tient beaucoup aux répétitions de cases et à la camera fixe. Si je fais trop d’effets de camera, leur rythme perd de son efficacité. Leur écriture est plus proche de Carl Barks que de Frank Miller ! Et puis j’essaie de trouver le découpage le plus naturel et le plus fluide possible, je ne sais pas trop s’il est plus européen, américain ou japonais… Je me demande même s’il y a vraiment tant de spécificités que ça selon les continents …

• Avec toutes les œuvres que vous avez à votre actif, vous avez touché à plein de genres différents. Si je ne me trompe pas, c’est la première fois que vous vous attaquez à la S-F ?

Oui, c’est la première fois que j’en dessine. Ghost Money, c’est aussi de la science-fiction dans le sens où ça se passe en 2020, mais c’est plus de l’anticipation proche, nous l’avions abordé comme un projet de représentation du monde contemporain. Infinity 8, c’est de la S-F à l’ancienne, du pur pulp, de la série B, voire Z. Le postulat esthétique de départ est très simple : une pin-up mignonne, l’espace et plein de cadavres et d’extra-terrestres. C’est comme un petit théâtre avec très peu d’acteurs, et avec ça on peut raconter plein de choses. … 

Ce qui est vraiment nouveau pour moi, c’est de mettre en scène une pin-up. Et ce n’est pas la même chose de dessiner une pin-up que de dessiner un personnage féminin. Une pin-up, c’est une autre entité, une espèce de fantasme ambulant, c’est pas la réalité du tout. Quand elle ramasse un truc, elle a tout de suite des poses hyper sexy, et c’est forcément à la limite du vulgaire, voire vulgaire tout le temps, donc il faut essayer de trouver cette zone entre la vulgarité et l’élégance, et c’est c’est pas évident du tout, comme alchimie. Et puis se pose la question des seins ! Et en l’occurrence, dans le pulp, les gros seins sont incontournables. Alors que personnellement et graphiquement, j’ai un faible pour les petits seins. Comme ceux des dessins de mode des années 20 à aujourd’hui, de Marty, d’Erickson (Eric), de Gruau, de Gustafson… mais aussi des illustrations de Mc Guinness… J’ai l’impression que les gros seins relèvent plus du domaine du cinéma à sensation fortes, du pulp, du comics, de tous les « mauvais genres ». 

Sur Ghost Money, j’ai passé des années à dessiner des personnages féminins, mais jamais en tant que pin-up. Je pensais que c’était plus facile à dessiner, je me trompais (rires). Je me suis un peu surestimé sur le coup. J’apprends beaucoup à observer Vatine (ses pin-up, hein, pas lui ! Sauf son respect, Olivier n’est pas une pin-up très convaincante). J’ai beaucoup appris aussi de Balak, Sanlaville et Vives, en matière de gros seins., mais aussi d’Howard Hughes, d’Howard Hawks, de Frazetta, de Wallace Wood… C’est donc une initiation aux gros seins pour moi, cet album (rires) ! Et les gros seins dans l’espace, c’est pas du tout pareil que sur Terre. Ils sont lourds sur Terre alors que là, il faut qu’ils flottent. Ça fait un peu seins en silicone, mais faut pas que ça le fasse trop. Donc voilà, en ce moment j’essaye de faire flotter les seins, c’est un dur métier (rires). 

• Vous avez sorti un sketchbook chez Comix Buro il y a quelques mois ; il n’y avait pas de pin-up dedans ?

Ha oui, il y en a quelques-unes, c’est vrai. Des hommages à Canif, Male Call, la Dragon Lady, une Chihuahua Pearl aussi…

• Vous aviez écrit et dessiné un album jeunesse en solo...

Et même deux ! L’Homme-Tableau et L’Homme-Nuit, chez Alain Beaulet. Je suis très fier de ces albums, ce sont mes bébés !

• A côté de ça, vous avez pas mal participé à un tout autre exercice : l’album collectif. 

 Vous pensez sans doute à Première Fois, avec Sibylline (chez Delcourt). Le porno, c’est compliqué, on est obligé d’exposer ses fantasmes. Quand c’est le scénario de quelqu’un d’autre, on peut dessiner les pires trucs, c’est pas de notre faute, ça sort pas de notre cerveau, donc on peut se dédouaner assez facilement. C’était une première approche du porno sans prendre vraiment de risque. En ce moment je commence à en prendre un peu plus, mais ça fait se poser plein de questions sur ce qu’on est prêt à livrer de soi.

J’ai aussi participé à Paroles de Poilus (Soleil), au Grimoire du petit peuple avec Dubois (Delcourt), à Paroles de la Guerre d’Algérie avec Farid Boudjellal (Soleil). 

Je travaille beaucoup avec des scénaristes. J’ai un peu la trouille d’écrire, ça m’a toujours paru inaccessible et terriblement dur. Maintenant, j’ose un peu plus. J’accumule les chantiers et je commence petit à petit à me décoincer. Et puis, j’ai aussi bossé avec des scénaristes très forts, donc je pouvais pas prétendre à grand chose… Ghost Money par exemple, c’est quelque chose que je n’aurais bien évidemment jamais pas pu faire tout seul ! Smolderen est un scénariste incroyable, j’apprend tous les jours avec lui !
Il y a une autre chose aussi, la collaboration avec un scénariste permet d’avoir beaucoup plus d’empathie pour le personnage. Le scénariste à un côté démiurge et les personnages sont un peu pour lui des outils pour raconter une histoire. Quand je met en scène un scénario, je réagis avec les personnages aux situations qu’ils affrontent. Je n’ai aucun droit de vie et de mort sur les personnages, aucune marge de manœuvre sur leur destin. Ça implique une plus grande empathie vis à vis d’eux. C’est un accompagnement dans la douleur ou les angoisses des personnages. L’écriture, c’est un autre plaisir, une autre satisfaction, mais je pense qu’il y a une distance qui se crée fatalement parce qu’on peut faire ce qu’on décide. En BD, souvent, on a tendance à considérer que les dessinateurs ne sont pas des auteurs complets. Je ne vois pas trop l’intérêt de cette distinction de valeur. La collaboration permet vraiment quelque chose de plus humain. Comme une bonne collaboration entre un scénariste, un réalisateur et des acteurs.


(couverture du premier tome de Ghost Money, par Thierry Smolderen et Dominique Bertail)

• Dans la publication d’Infinity 8, ou celle d’autres titres Rue de Sèvre comme Le Château dans les Etoiles et ses gazettes, ou le transmedia chez Last Man… Est-ce que vous voyez une vraie évolution éditoriale et créative ?

Ha, je vois quelque chose de vraiment nouveau. L’équipe de Last Man est en train de déblayer le terrain sur le transmedia. Sur Le Château dans les Etoiles et Infinity 8, c’est plus une nouvelle forme de prépublication, sans support presse.

• Elle est d’origine économique ou créative, cette prépublication, d'ailleurs ?

C’est un mélange des deux. Je pense que ce sont Lewis et Olivier qui ont dû demander ça. Au départ, il y a le kiff d’auteur, quand on aime bien le comics - et Dieu sait que Vatine aime bien le comics. Sortir sa BD en comics c’est un bonheur 
Ensuite , c’est un bon outil marketing. Ça permet aussi de sortir régulièrement. Pour les lecteurs, c’est quand même plus sympa d’avoir ses 30 pages tous les mois plutôt qu’attendre un an pour avoir son album. Je trouve que ce qui manque beaucoup dans le paysage de la BD européenne en ce moment, c’est la prépublication. Il faut attendre trop de temps entre les sorties de chaque tome, il y a un côté très littéraire dans la sacralisation de l’album. C’est intéressant, ça fait des objets plus cohérents artistiquement, mais je pense que ça fait aussi un peu perdre le contact avec les lecteurs. Avec le journal et la prépublication, il y a une connivence qui s’installe entre le lecteur et le dessinateur. On joue à un jeu tous les deux, les retours sont plus rapides.

• La construction est pensée dès le début avec cette structure de plusieurs fois trente pages pour les comics ?

Oui oui complètement, l’album est pensé en trois chapitres, c’est vraiment écrit comme ça. Et puis c’est plus léger, quand on dessine. 90 pages, c’est une sacrée montagne. Trois collines de trente pages, c’est plus digeste.

• Vous n’avez donc pas le sentiment d’une évolution éditoriale en ce moment ? Avec l'apparition de gros projets à l’initiative de créateurs et non plus d’un éditeur...

J’ai l’impression que c’est complètement en train de bouger. Déjà, il y a eu le net. Beaucoup de blogueurs ont pu faire du fanzinat, avec une capacité de diffusion immensément plus grande. La fabrication est également de plus en plus accessible parce qu’on a appris à faire nos scans, à traiter nos fichiers. Les éditeurs étaient ravis au début, ça leur faisait gagner du temps. C’est plus accessible technologiquement. Après, les éditeurs sont aussi très importants pour ce qui est de l’accompagnement, de la création à la diffusion, ils ont un rôle à jouer.

Mais ça change… Je ne sais pas ce que ça va donner. Il ne faut pas oublier que l’album de BD est très récent, ça date de Tintin. Avant, c’était exceptionnel, c’est vraiment à partir de Tintin que c’est devenu un objet incontournable. On se rassure beaucoup dans le monde du livre en se disant que le numérique ne marchera pas, que le livre est tellement vieux qu’il est définitivement encré dans notre société… On confond un peu vite « livre » et « album de BD », qui est très récent et qui peut disparaître du jour au lendemain. Ce sera plus grave pour les éditeurs que pour les auteurs je pense. Pour les auteurs, l’idée est de raconter une histoire en images. Alors que ce soit sous forme de livre avec un éditeur, sur internet avec un blog , en turbomédia ou dans une revue, les auteurs s’adaptent sassez vite. Après, je serais triste que les albums disparaissent, mais je ne sacralise pas non plus le truc. Je pense qu’on pourra rebondir, les sales gosses sont assez adaptables. C’est dans l’ADN de la bande dessinée d’être métamorphe.

• Il y aura toujours du monde pour lire des BD, finalement.

J’espère, mais elle aura sans doute une autre forme, un autre nom.

Infinity 8 sort pile à l'heure pour le prochain festival d’Angoulême. Quel regard avez-vous sur les dernières éditions ?

Halala, c’est un peu triste, l’image de la BD que ça renvoie ! J’ai l’impression d’être né dans le festival, je n’ai raté qu’une édition en 35 ans, c’est comme retrouver des cousins dans une maison de vacances. Mais là, les dernières années, c’était un peu pathétique. Franck Bondoux nous fout la honte ! Ce serait triste que ça disparaisse ! J’adore ce Festival ! On y retrouve autant d’amis que de superstars, il y a des expos de dingues, comme Morris et Pratt, cette année, quasiment tous les éditeurs sont là, dont plein d’étrangers. Même si je ne comprends pas que ça se passe en janvier, il fait toujours un temps pourri, et si je trouve limite de faire payer l’entrée pour acheter des livres, dédicacés par des auteurs qui bossent comme des brutes gratuitement. Si les éditeurs et les auteurs boycottent, le festival est mort. L’organisation devrait peut-être y réfléchir sérieusement.

• Vous avez pu lire les déclarations récentes de Franck Bondoux sur l’absence de changement pour l’année prochaine ?

Je ne suis pas dans le saint des saints, mais je pense qu’ils se tirent une balle dans le pied. J’imagine que d’autres villes seraient ravies d’accueillir ce salon !

• Vous habitez à Bordeaux, où beaucoup d'auteurs vivent et travaillent.

C’est pour ça que je suis venu ici. Il y a une forte communauté d’auteurs, des bons copains en plus, donc ça crée une saine émulation de travail.

• Si vous pouviez avoir le pouvoir du Capitaine de l'Infinity 8 et faire ce que vous voulez pendant huit heures, puis revenir comme si rien ne s'était passé et sans que vous vous en souveniez, qu'est-ce que vous feriez ?

Alors... Il n’y a pas de conséquence à ce que je fais, c’est ça ? Ah, faut que je trouve un truc crado ! (rires) Peut-être que je me suicide de huit façons différentes. Je me jette d’un avion en plein vol, dans la foulée je me noie dans des fonds sous-marins, j’essaie toute les drogues… Pour des sensations très fortes, avec des paysages très beaux, découvrir le mystère de la mort de cet instant-là, mais sans trop de souffrance si possible, je suis très douillet. Puis on reprend sa vie normal en étant au courant de LA vérité. Je pense que je ferais ça.

• Et bien je crois qu'on est bons ! Merci beaucoup Dominique !

(Crédit Photo : © Christian Missia, 2011 / Image d'illustration Infinity 8 : Rue de Sèvres)

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