The Magic Order, la nouvelle série de Mark Millar et du dessinateur français Olivier Coipel, vient de démarrer aux USA avec un éditeur qui publie son 1er titre : Netflix.
Certains des grands succès de Netflix sont liés aux comics, aussi la décision de Disney de retirer les films & séries Marvel de la plateforme ont porté un coup à la stratégie du géant du binge-watching. Mais en tant que coproducteur, Netflix continuera de diffuser des séries comme Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist & The Defenders et s’est tourné vers Millar Word, la société du scénariste Mark Millar, pour adapter ses œuvres.
Il est l’un des scénaristes qui a marqué le genre dès ses débuts The Authority, Superman : Red Son ou son passage chez Marvel et ses réécritures visionnaires qui ont inspiré le cinéma : Ultimates, Civil War, Old Man Logan. Ses gros succès directement sur grand écran Kingsman, Kick-Asset aujourd’hui, il multiplie les séries courtes et les one-shot : Jupiter’s Legacy, Empress, Huck, American Jesus… L’auteur britannique s’est fait une spécialité de réécrire des classiques à sa sauce en les dynamitant, avec une vision décalée et un rapport particulier à la filiation et à la violence. Et son nouveau titre The Magic Order n’échappe pas à la règle. À ses côtés, Olivier Coipel devenu une star mondiale avec son travail sur House of M, assure la partie graphique avec l’aide d’Adam Hughes pour les couvertures.
Dans un monde où la magie et la protection contre les forces du Mal sont gérées par plusieurs familles dans une organisation digne de la mafia new-yorkaise, un mal s’abat sur ces « protecteurs » puisqu’ils se font assassinés un par un. Harry Potter à la sauce creepy et inquiétante où même les magiciens les plus puissants ne peuvent rien contre leur ennemi invisible. Seulement deux numéros sur les six prévus sont sortis (le N°2 date du 18 juillet), un peu tôt pour se faire une idée, mais gageons que le titre aura des grandes chances d’être adapté aussi en cas de succès.
Syndrome Netflix ?
La plateforme concentre déjà la production et la diffusion de bon nombre de séries, films et documentaires, avec la partie éditoriale sur le comics elle retire encore un maillon de la chaine parmi le vivier d’histoires qu’elle souhaite adapter. Netflix annonce 700 nouveaux contenus originaux pour 2018 avec des adaptations de romans ou de BD en première ligne. C’est dans cette optique que Warner Bros acquière DC Comics en 1969 et a très bien vendu la franchise Batman, de Tim Burton à Christopher Nolan suivit par Disney propriétaire de Marvel dès 2009 avec plusieurs succès jusqu’à Infinity War cette année. L’association de Netflix avec Millar Word promet plusieurs grosses licences, mais surtout assure une exclusivité de l’auteur à succès pour le producteur. On garde un œil sur The Magic Order et on en reparle quand les six numéros seront sortis.
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Quoi lire de Mark Millar pour patienter ?
Le plus connu : Civil War
Avec Steve McNiven, édition Panini Comics
Vous connaissez les grandes lignes de l’histoire si vous avez vu le film Captain America : Civil War ; même si le scénario est un peu différent. À la suite de dégâts très importants suite à l’affrontement de héros et super-criminels, la Loi de recensement des Sur-Hommes est promulguée et toutes les personnes dotées de pouvoirs vont devoir s’identifier et s’enrôler au SHIELD. Iron Man soutenu par Mister Fantastic puis Spider-Man, qui dévoile publiquement son identité, se mettent à chasser Captain America et les Vengeurs secrets qui résistent à cette obligation. L’intérêt de cette saga, c’est le cross-over : le fait que cette histoire touche toutes les séries Marvel — une grande partie, disons — et que cet univers se met au diapason des événements, même dans les séries les plus éloignées (ce qui change de l’habitude…) réalisant l’exploit de faire coexister tous ces personnages…
Coup de cœur complet ici.
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Le plus contemporain : Kick-Ass
Avec John Romita Jr, édition Panini Comics
En 2008 Mark Millar arrive avec le titre qui marque le début d’un nouveau genre, où les super-héros se font tout seuls par la seule force de leur volonté et où la violence est omniprésente. Nos héros sont des geeks qui parlent de comics et qui rêvent de devenir des justiciers masqués au point que Dave un jeune garçon de seize ans enfile une combinaison de plongée en guise de costume et sort combattre le crime avant de se faire tabasser et de finir à l’hôpital. De cette première expérience, il en retirera une aptitude à ne pas sentir les coups, ce qui ne le protège pas, mais qui lui permet de foncer dans le tas. Cette remise en perspective de ce que pourrait être un super-héros dans le monde réel est assez jouissive quand on aime les comics : tous ces héros costumés ne sont que des tarés audacieux, qui essaient de rendre leur idée de la justice sans se soucier des dommages collatéraux…
Coup de cœur complet ici.
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Le plus décalé : Wolverine Old man Logan
Avec Steve McNiven, édition Panini Comics
Dans le territoire de Hulk et son clan de monstres verts consanguins vit le vieux Logan, adepte de la non-violence suite à un traumatisme important, qui va devoir à nouveau sortir les griffes aux côtés de Hawkeye pour sauver sa famille. S’en suit un road trip de la Californie à la côte Est qui va révéler le destin des derniers super-héros.
Avec beaucoup d’humour, les auteurs mettent en scène ce Wolverine qui souhaite vraiment devenir non-violent dans l’épisode le plus trash et agressif de sa carrière. Le scénariste de Kick-Ass n’en est pas à son coup d’essai question barbarie et le style très réaliste et plastique de Steve McNiven sert à merveille cette démesure…
Coup de cœur complet ici.
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Le plus tendance : Jupiter’s Legacy
Avec Frank Quitely, édition Panini Comics
L’origine des super-héros est connue, leur fin moins. Dans Jupiter’s Legacy, Mark Millar et Frank Quitely recréent une situation à la Kick-ass où la légitimité des super-héros est remise en question. Mais cette fois il n’est plus question de passer sur YouTube en stoppant des gangsters, mais plutôt de complot politique et de dictature avec des perso aussi puissant que Superman. On assiste à toutes les formes de dérives du pouvoir, on suit les idées et les motivations à la limite de la moralité, les réflexions honnêtes des personnages malhonnêtes… Bref les auteurs rejouent une tragédie déjà à l’œuvre dans Watchmen d’Alan Moore & Dave Gibbons.
Le dessin et la mise en scène de Frank Quitely sont assez exceptionnels sur ce titre. Artiste rare au style reconnaissable du premier coup d’œil, il impose son style mutant qui a fait sa réputation. Un trait qui pousse la psychologie des personnages jusque dans leur physique et propose un univers très marqué, parfait pour cette mini-série violente et passionnée.
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