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📰 Sommaire
1. Mes conseils
– Spider-man : L’histoire d’une vie de Chip Zdarsky & Mark Bagley, Panini Comics
– Grant Morrison présente Doom Patrol T2 par Grant Morrison & Richard Case, Urban Comics
– Silver Surfer : Black de Donny Cates, Dave Stewart & Tradd Moore, Panini Comics
– La Ligue des Gentlemen Extraordinaires : La tempête d’Alan Moore & Kevin O’Neill, Panini Comics
2. Rééditions cultes
– Vision : Un Peu Moins Qu’un Homme de Tom King, Jordie Bellaire, Michael Walsh & Gabriel Hernández Walta
– La mort de Captain Marvel de Jim Starlin, Panini Comics
3. Les autres nouveautés que vous devriez regarder
– Dceased de Tom Taylor, Urban Comics
– Omni T1 de Devin Grayson, Alitha Martinez & Alitha Martinez, Humanoïdes Associés
– Une Case En Plus – Conseils Éclairants D’une Bipolaire d’Ellen Forney, Delcourt
1. Mes conseils
Spider-man : L’histoire D’une Vie de Chip Zdarsky & Mark Bagley, Panini
Marvel continue de laisser la possibilité à des artistes de revisiter son patrimoine avec inventivité. Après l’excellente surprise X-Men : Grand Design d’Ed Piskor (lire le coup de 🧡 ici) qui raconte l’histoire des X-Men à travers une histoire évoquant leurs plus célèbres épisodes, c’est au tour de Spidey. Chip Zdarsky, le dessinateur de Sex criminal s’est associé au dessinateur Mark Bagley, grand habitué du personnage pour cette histoire hommage qui rejoue des moments clefs des différentes sagas Spider-Man.
Et le tisseur est un héros qui vieillit, un homme qui malgré son statut de super-héros va prendre de l’âge et évoluer pendant 60 ans. Cette mini-série en 6 chapitres couvre 6 décennies, des années 1960 aux années 2010, de 1962 création de l’homme-araignée à 2019 publication de cette série. Chaque décennie est marquée par l’histoire des USA, celle des autres héros : chaque époque se concentre sur un personnage particulier de l’univers de Peter Parker. Gwen, Mary-Jane, Tante May, Cap », Harry, Ben Reilly ,Miles.. mais aussi ses ennemis favoris de Venom à Octopus en passant par Norman Osborn et Kraven. Où chaque confrontation aura des conséquences sur la vie de Peter.
Seul petit regret sur ce titre, on aurait aimé que Chip Zdarsky réalise aussi le dessin pour casser un peu l’effet classique du trait de Mark Bagley. Même si le dessinateur a été choisi pour sa longue influence sur le titre on aurait aimé un style plus décalé, à l’image des couvertures de Zdarsky qui ouvrent chaque décennie.
Ce one-shot publié chez Panini reste une bonne porte d’entrée pour ceux qui voudraient un aperçu des différents arcs et grands arcs du héros, mais également une bonne madeleine de Proust pour tous les amoureux du tisseur, plein de clins d’œil & d’idées.
Grant Morrison présente Doom Patrol T2 par Grant Morrison & Richard Case, Urban Comics
Deuxième intégrale, sur trois prévues, de cette série à part qui cherche plus du côté de Sandman ou de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires que du super-héros classique. Pourtant l’histoire de ces personnages ressemble à celle des X-men ou aux 4 fantastiques pour le côté famille dysfonctionnelle, des êtres perdus aux capacités exceptionnelles réunis autour de l’autorité d’un professeur. Une bande de super-héros décalée, où les protagonistes souffrent de leurs pouvoirs et n’arrivent pas à s’accepter.
Le titre vivote malgré son côté novateur chez DC comics et les freaks de la Doom Patrol disparaîtront dans un final étonnant en 1968 quand les auteurs décident de mettre en scène la mort de leurs personnages. Une décision atypique dans l’univers des comics. Grant Morrison, un scénariste encore peu connu s’attache à faire revivre la licence à partir de 1989. Epaulé par le dessinateur Richard Case, ils vont s’approprier l’univers et jouer la carte de l’étrange et du fantastique plus que du récit super-héroïque. Ils développent un univers référencé, méta-textuel et baigné de sous-texte qui complétera l’intention de départ des créateurs d’en faire une série à part. Avec cette approche, Grant Morrison rejoint le club des créateurs érudits de Neil Gaiman & son Sandman (lire la chronique) ou Alan Moore & Swamp Thing (lire la chronique), en proposant un comics d’action à plusieurs niveaux de lecture. Ils vont expérimenter, travailler la forme aussi bien que le fond et en créant de nouveaux personnages jamais vus en bande dessinée alors comme Crazy Jane ou Dannny The Street. La première possède de nombreuses personnalités et à chaque changement, son corps, sa voix et ses pouvoirs sont impactés ; et le second est une rue dotée d’une conscience.
Trente ans après, ce long run reste semble avoir été écrit il y a peu tant les auteurs inspirés, s’étaient attelés à une série dont les codes & le rendu se rapprochent du roman graphique expérimental actuel. Si Grant Morrison a continué d’innover à travers les grandes figures de DC Comics, jusqu’à son dernier et très complexe Multiversity, il n’a jamais égalé la poésie, la noirceur et l’inventivité de sa Doom Patrol.
Silver Surfer: Black de Donny Cates, Dave Stewart & Tradd Moore, Panini Comics
J’évoquais plus haut la nouvelle vague chez Marvel d’auteurs qui revisitent son patrimoine à travers des récits ambitieux, la Maison des idées laisse également la à des auteurs de se réapproprier ses personnages clefs. Ce qui donne des mini-séries excellentes comme Hawkeye de Matt Fraction, Annie Wu & David Aja, La Vision par Tom King & Gabriel Hernandez Walta (voir plus bas), Flèche Noire : Le Roi Emprisonné d’Ahmed Saladin & Christian Ward ou ce Silver Surfer : Black. Le scénariste Donny Cates s’est fait une réputation avec son travail sur Thanos et Ghost rider et en particulier avec l’invention d’un cosmic Ghost rider, en héraut de Thanos. Comme Norrin Radd a.k.a. le Silver Surfer annonce l’arrivée de Galactus, le Cosmic Ghost Rider lui affolait l’univers en ouvrant la voie au titan fou.
Cette fois retour aux sources du plus grand voyageur galactique, cette mini-série Silver Surfer : Black se penche sur les origines du personnage et s’interroge sur son essence. Créé par Jack Kirby puis mis en scène à ses débuts par Stan Lee & John Buscema, cette créature reste à part dans l’univers Marvel avec ses long monologues altruistes & ses aspirations philosophiques, ses planches oniriques au cœur de déserts d’étoiles.
Pris au piège cosmique organisé par le Black Order, les fidèles de Thanos, le surfeur se voit touché dans sa nature cosmique et livre un combat contre lui-même avant de rejouer un duel primitif contre « le mal » aux confins de l’univers. En parallèle, avec de longs monologues, le héros lutte avec ses pensées, ses souvenirs, ses ressentis dans un combat intime qui se superpose à l’action en cours.
C’est surtout la partie graphique qui attire le regard et qui met en valeur ce récit philosophique à travers les dessins psychédéliques & pop de Tradd Moore soutenu par une mise en couleur très astucieuse de Dave Stewart. Les deux auteurs travaillent de concert pour donner une impression de fluidité et de mouvement assez rare dans les comics de super-héros. Proportions et anatomie déformées, effets de matières, accentuation des effets visuels pour donner une épaisseur aux décors et les ramener au même plan que les personnages.
Un des comics les plus graphiques et surprenants de ces dernières années, très accessibles derrière son apparence foisonnante. Donny Cates, Dave Stewart & Tradd Moore livrent ici un reboot bienvenu pour les nouveaux lecteurs qui aimerait se pencher sur ce personnage. Mais aussi très agréable et profond pour les fans du héros d’argent.
La Ligue des Gentlemen Extraordinaires : La tempête d’Alan Moore & Kevin O’Neill, Panini Comics
Ultime volume de la série, mais aussi dernier comics scénarisé par Alan Moore. Probablement le scénariste le plus adulé et récompensé au monde, le créateur de Watchmen s’était brouillé avec DC comics au sujet de droits & adaptations de ses œuvres et refuse d’y être associé.
Après la publication de son roman-monde Jerusalem, il propose avec La Tempête son dernier comics. Un gros livre de 220 pages clôturant les sagas La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires — Century, Nemo et le dossier noir.
Voyages dans le temps, citées perdues avec William Shakespeare en filigrane et des paysages à lire à l’aide de lunettes 3D. On y retrouve également des références graphiques à l’histoire de la bande dessinée, avec des épisodes façon strips à la Terry & les Pirates, façon Sunday pages à la Gasoline Alley ou Little Nemo, pages recitatives à la Prince Vaillant, ou encore pages explicatives à la Batman…
Mais comme d’habitude, les auteurs n’oublient pas les fausses couvertures et pastiches de publicités de pulps, les textes et articles signés par Al & Kev… et pour la première fois du roman photo !
Porté par un scénario grandiose et baroque, le dessin de Kevin O’Neill est à son apogée. Avec toutes ces variations de styles, ces hommages et emprunts à l’histoire du comics, il s’adapte sans perdre son trait. Il recrée avec beaucoup d’inventivité ces planches étranges & exigeantes.
Un album à lire après avoir exploré tout le reste de la série pour ne pas être largué. Pas le plus facile pour les nouveaux lecteurs d’Alan Moore par contre incontournable pour ceux qui aiment son écriture et qui veulent lire son dernier hommage au genre.
2. Rééditions cultes
Vision : Un Peu Moins Qu’un Homme de Tom King, Jordie Bellaire, Michael Walsh & Gabriel Hernández Walta
Réédition intégrale de la mini-série Vision qui s’attarde sur un moment particulier de la vie de cet Avenger un peu à part. La Vision est un androïde, un synthézoide autosuffisant alimenté par une gemme solaire qui lui confère autonomie, pouvoirs, et capacité de réparation. Conçu par Ultron pour détruire les Avengers, il se rebelle et gagne sa place parmi les plus grands héros, vis une histoire d’amour avec Wanda Maximoff, la Sorcière rouge, puis se retire après leur séparation.
Dans cette histoire, on retrouve La Vision en père de famille essayant de vivre le rêve américain dans une maison de banlieue. Il a construit à son image 3 synthézoides, Virginia, Vin, Vivian, ses femme, fils et fille, et tente de vivre une « vie normale ». Imaginez Desperate Housewives avec une famille passant leur temps à faire semblant d’être humain, à faire des efforts pour s’intégrer alors qu’ils n’attirent que curiosité et xénophobie. Le récit de super-héros laisse place au polar, aux mensonges, aux meurtres et aux vérités cachées.
Tom King, déjà remarqué pour son travail sur Omega Men avec Barnaby Bagenda (lire le coup de 🧡 ici) et Sheriff of Babylone avec Mitch Gerads (lire le coup de 🧡 ici), Marvel lui propose cette mini-série où il va abandonner le thème de la guerre exploré dans ses précédents livres et s’attacher à d’autres thématiques qui vont se retrouver au cœur de son travail par la suite dans ses séries les plus remarquées, Mister Miracle (lire le coup de 🧡 ici) ou Batman : la dépression, la famille, l’engagement…
Pour cette histoire il fait équipe avec le dessinateur espagnol Gabriel Hernández Walta spécialiste des récits d’horreur, qui distille l’étrangeté et le malaise derrière l’apparente normalité. Son style très pictural, complété par les couleurs très charnelles de Jordie Bellaire donnent corps à cette famille qui peine à exister. Les deux artistes travaillent sur cette dualité, en introduisant le malaise au cœur de ce qui devrait être le plus rassurant, la couple, les enfants, le foyer… Un travail réussi complété par les couvertures de Mike del Mundo qui détourne l’imagerie populaire américaine, celle des publicités de la famille idéale et de l’American Dream.
La mort de Captain Marvel de Jim Starlin, Panini Comics
Bien avant de mettre en scène Thanos dans sa quête d’Infini, devenu depuis le méchant le plus iconique des super-héros à l’écran grâce aux films du MCU, le jeune Jim Starlin débarque chez Marvel et écrit le premier « graphic novel » super-héroïque : un blockbuster intimiste qui met en scène le combat contre le cancer de Mar-Vell dans La mort de Captain Marvel.
Un personnage initié en 1967 par Stan Lee & Gene Colan à la demande de leur éditeur, Martin Goodman, pour sécuriser le nom de Marvel avec un héros éponyme. Il vivote jusqu’à l’arrivée de Jim Starlin qui propose quelque chose d’inédit. De faire de l’un des guerriers cosmiques, une victime d’une maladie humaine, de créer des échelles entre l’infiniment grand et l’infiniment petit.
Pari réussi pour ce graphic novel pensé du début à la fin qui passe au crible les Avengers de l’époque dans une saga cosmique où la bagarre et les pouvoirs ne pourront rien pour l’un des leurs. Adepte des ambiances spatiales & mystiques, Jim Starlin ravive une écriture & un dessin qui n’étaient plus la norme dans les années 80, mais dans la filiation des précurseurs audacieux, Jack Kirby et Jim Steranko.
Comics culte, histoire charnière dans l’univers Marvel, ancêtre des grands cross-over, cet album aujourd’hui vintage doit avoir sa place dans toute bibliothèque d’amateur de comics pour son importance pour comprendre l’histoire des super-héros mais aussi pour ce récit puissant, mélancolique & enchanteur.
3. Les autres nouveautés que vous devriez regarder
Dceased de Tom Taylor, Urban Comics
Omni T1 de Devin Grayson & Alitha Martinez, Humanoïdes Associés
Une Case En Plus – Conseils Éclairants D’une Bipolaire d’Ellen Forney, Delcourt
Illustration principale : © Tradd Moore / Dave Stewart / Donny Cates / Marvel / Disney / Panini Comics