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par Thomas Mourier - le 23/08/2022
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par Thomas Mourier - le 23/08/2022

Cuphead à nouveau sur Netflix cette semaine, mais aussi en librairie 

Un mois d’août bien rempli pour les fans de comics côté streaming avec les sorties de Sandman, She-Hulk, Locke & Key, Je s’appelle Groot (entre autres) . La 2e partie de Cuphead Show ! vient d’arriver sur Netflix. Une occasion de nous pencher sur l’adaptation comics dont le T2 est sorti cette année.

Avant de devenir un projet transmédia, Cuphead est un jeu indépendant, le 1er du Studio MDHR, développé par Tchad Moldenhauer & Jared Moldenhauer. Un jeu multi-récompensé qui s’est distingué par sa difficulté bien bien dosée (un run and gun qui n’a pas peur de vous laisser sur le carreau) et surtout son univers très graphique, inspiré des dessins animés des années 1930.

Avec ces personnages de vaisselle anthropomorphe, ses décors soignés, son style tout droit issu des films d’animation des studios Max Fleischer ou des premières collaborations de Walt Disney & Ub Iwerks ou encore sa musique jazz qui accompagne les aventures délirantes des héros, tout y est. 

Mais si vous jetez un œil à ce cartoon de 1930, Swing You Sinners ! des Studios Fleischer, vous verrez qu’on retrouve presque toutes les références du Studio MDHR, des personnages élastiques aux spectres remuants, en passant par les univers psychédéliques et les chansons entraînantes. Pour le jeu Cuphead, les créateurs se sont amusés à imiter le rendu des celluloïds, le grain des bandes abîmées, et ce rythme visuel calé sur la musique.

Les auteurs avouent aussi avoir trouvé l’inspiration de ses personnages en forme de tasse dans un dessin animé de propagande japonaise de 1936 : Evil Mickey attacks Japan qui collait aussi avec cette esthétique propre à l’époque (l’extrait vidéo ci-dessous démarre sur ce perso).

En découvrant cette franchise, impossible que les créateurs du jeu soient passés à côté de l’œuvre de Kim Deitch — en français je vous invite à lire l’excellent Une Tragédie Américaine — qui évoque cette période et ce type de cartoon à travers son héros Waldo le chat. Un univers très proche, dont certains personnages pourraient intégrer Cuphead sans retouches qui s’inspire du père de l’auteur, Gene Deitch, animateur célèbre pour ces épisodes de Popeye ou Tom et Jerry et des dizaines de créations originales comme Tom Terrific ou Sidney the Elephant.

Un univers transmédia : comics, musique & cartoons 

Le succès permet au studio de décliner son univers en bande dessinée, mais aussi sous forme de dessins animés pour boucler la boucle. Sans oublier le jeu de plateau, les livres audio ou les partitions des musiques à télécharger, au cas où vous auriez un orchestre de jazz sous la main. 

Extrait de l’une des partitions officielles du jeu © Studio MDHR

Sort donc sur Netflix la 2e partie du show avec 13 épisodes qui s’ajoute aux 12 mis en ligne en début d’année. Drôle et bien réalisé, ce dessin animé reprend les personnages, décors, et certaines trames du jeu pour créer des épisodes à sketch, avec des personnages inédits qui se tiennent avec un fil rouge. 

Côté librairie, un premier artbook copieux Tout l’art de Cuphead de Eli Cymet, Tyler Moldenhauer & Chad Moldenhauer est sorti en version française en 2020 pour revenir sur la création du jeu, de ses personnages et l’aventure du studio. 

Puis Zack Keller & Shawn Dickinson sont embauchés pour la version comics, et ils produisent deux recueils d’histoires courtes Cabrioles et autres curiosités puis Chroniques de dessins animés et autres calamités. Tout comme pour la série TV, les auteurs prennent toutes les libertés dont ils ont besoin pour leurs histoires, certaines trames sont utilisées, on retrouve les personnages, mais les comics se lisent indépendamment et se présentent comme des histoires inédites. 

Ce qui est réussi, c’est que les albums ne se présentent pas comme des produits dérivés, mais bien des bandes dessinées originales sous licence. Les auteurs s’impliquent, ils s’amusent de ses personnages impertinents et la proximité avec les comics Disney et l’imagerie des années 1930 est encore plus présente. 

Le dessin est parfait, avec ses variations de techniques (encre, trames, peintures…), fausses pub et cours de dessins,… certaines planches sont ingénieuses dans leur utilisation du médium, les couleurs participent de cette esthétique rétro-ludique et on en prend plein la vue.

Mention spéciale aussi à la traduction qui multiplie les idées, jeux de mots et clins d’œil pour coller au ton décalé de la série. Seul regret, que les récits ne fassent pas avancer une histoire plus globale ou que les auteurs n’aient pas pu créer de continuité pour ouvrir vers un véritable univers de papier qui ne demande qu’à exister. 

Cuphead de Zack Keller,  Shawn Dickinson, Lauren Affe, Pix’n Love (2 volumes) 

Traduction de Laurent Jardin


Tous les visuels sont © Zack Keller / Shawn Dickinson / Studio MDHR corp. / Dark Horse Books / Pix’n Love

© Zack Keller / Shawn Dickinson / Studio MDHR corp. / Dark Horse Books / Pix’n Love
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