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par Republ33k - le 10/03/2016
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par Republ33k - le 10/03/2016

Dark Knight III - tome 1, la critique

S'il y a bien un univers alternatif de Batman qui fait parler de lui comme s'il était tout à fait légitime, c'est bien celui de Dark Knight. Imaginé par Frank Miller et Klaus Janson en 1986, avec ce qui deviendra le cultissime The Dark Knight Returns, et poursuivi dans sa suite, The Dark Knight Strikes again, en 2002, cet univers n'a jamais vraiment cessé de faire couler de l'encre. Et à l'heure où Frank Miller est plus populaire que jamais, à travers l'adaptation de sa vision de Daredevil (via la série de Netflix) et de Batman (avec la sortie prochaine de Batman v Superman), DC a décidé de ressusciter l'univers de Dark Knight dans un troisième volet, qui voit le maître Miller faire équipe avec Brian Azzarello, que l'on connaît pour son travail sur Wonder Woman et sa série 100 Bullets.

Une sortie chez l'éditeur américain qui se voit rapidement relayée par Urban Comics, qui nous offre les premiers chapitres de cette nouvelle aventure moins de quatre mois après leur sortie outre-atlantique. Un petit exploit qui cache un sacré bémol : l'album proposé par l'éditeur français ne contient que deux chapitres, contre les cinq voire six numéros compilés d'habitude dans ses tomes au prix équivalent. Une comparaison en forme d'addition salée, qu'il nous fallait expliciter, avant toute autre chose. Ceci étant dit, on notera que la série a la particularité, aux Etats-Unis, de sortir chaque dans un fascicule (contenant un mini-comic) proposé à 6 dollars. Autrement dit, sur place, vous auriez payé 12 dollars les deux exemplaires et leurs mini-comics agrafés au beau milieu du fascicule. En gardant cela en tête, l'édition d'Urban Comics reste donc compétitive. D'autant plus qu'elle intègre beaucoup mieux les mini-comics, agrandis pour l'occasion, le tout dans une édition cartonnée.

L'objet et son contenu étant analysés, passons maintenant à l'essentiel : le scénario et les dessins de ce troisième volet de la saga Dark Knight.

Fait surprenant, celui-ci n'annule pas du tout, comme on aurait pu le penser, The Dark Knight Strikes Again. Si les idées de Frank Miller sont visiblement canalisées par un Brian Azzarello en forme, l'intrigue de ces deux premiers chapitres nous apprend que les événements de Strikes Again sont bel et bien pris en compte dans cette nouvelle aventure. L'un d'eux, la relation entre Superman et Wonder Woman, étant d'ailleurs le socle de ce nouveau récit.

Evidemment, le chevalier noir n'est pas en reste, et fait son entrée dans des planches en forme d'hommage à la carrière de Miller, signées Andy Kubert et Klaus Janson. La plupart sont réussies, d'ailleurs, ce qui devrait rassurer les fans qui craignaient une instrumentalisation de la création de Frank Miller. Le résultat est aux antipodes de ce constat et il suffit de se plonger dans les pages de ce premier chapitre pour renouer avec toute la saveur de l'atmosphère Dark Knight, parfaitement restituée par le duo Kubert et Janson.

Le résultat ne sera pas irréprochable pour autant. Les deux dessinateurs ne sont pas toujours aussi virtuoses que Frank Miller, et se perdent parfois dans des scènes d'action au choix trop ou trop peu découpées. Ne s'improvise pas Miller qui veut, on le sait depuis des années, mais malgré ses quelques couacs, l'ensemble reste au-dessus des hommages réguliers faits au papa de Sin City. Un résultat à double tranchant, puisque les artistes imittent tellement bien son style que toute erreur, aussi petite soit-elle, a tôt fait de paraître monstrueuse.

Les fans de Miller pourront d'ailleurs profiter, au sein de ce premier tome, d'un mini-comic écrit et dessiné par l'artiste. Moins inspiré que par le passé, et toujours plus caricatural dans sa façon de faire évoluer le style qui a fait sa marque, le dessinateur parvient tout de même à nous impressionner, avec des compositions parfois très modernes, et rudement bien pensées. Et même si graphiquement, ce mini-comic n'est qu'un à-côté, il saura renforcer la saine nostalgie qui se dégage du bouquin, et donc ravir les fans de Dark Knight.

La continuité avec les deux premiers volets est également assurée par un scénario assez intriguant, qui n'est pour le moment pas purement Millerien, mais qui est promis à exploser dans les chapitres à venir, pour des thèmes typiques de la carrière de l'auteur. Nuancé par le style et l'interprétation d'Azzarello, le scénariste parvient ainsi à nous offrir un condensé de ses sujets favoris, dont l'influence des médias, parfaitement résumés par le sous-titre - volontairement provocateur - de l'œuvre : The Master Race (la race des seigneurs).

Toujours aussi brutal dans son écriture, et incisif dans son message, Miller trouve ainsi chez Azzarello le souffle de modernité et l'équlibre qui manquaient à son écriture, dans ses travaux les plus récents. S'influençant l'un l'autre, les deux auteurs livrent, au sein de ces premiers chapitres et de de leurs mini-comics complémentaires, un introduction burnée et très efficace à ce troisième Dark Knight.

S'il n'a jamais été aussi onéreux de suivre les aventures du chevalier noir par Frank Miller, il faut reconnaître à ce Dark Knight III une certaine qualité et un excellent équilibre entre nostalgie et nouveauté. Percutant, plutôt riche visuellement et tout à fait prometteur, ce premier tome nous annonce la couleur de ce qui sera sans doute l'un des grands temps forts éditoriaux d'Urban Comics en 2016.

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