Illustration de l'article
Critiques
par Otxoa Fernandino - le 28/09/2022
Partager :
par Otxoa Fernandino - le 28/09/2022

Le vent du changement souffle sur la série Nightwing Infinite 

Le lancement de la période “Infinite Frontier” a permis (comme les “News 52” et “Rebirth” avant elle) de redistribuer les cartes de l’univers DC Comics et par la même occasion changer les équipes créatives. La série Nightwing voit l’arrivée de Tom Taylor et de Bruno Redondo sur le titre, pour notre plus grand bonheur.

Richard  “Dick” Grayson est de retour dans sa ville d’adoption de Blüdhaven, une ville ultra-précaire de la banlieue de Gotham. À la suite d’un événement survenu à la fin du run de Tom King sur Batman (qu’on évitera de divulgâcher), Dick hérite, contre toute attente, d’une sacré fortune. Dans le même temps, Melinda Zucco, fille du meurtrier des parents de Dick, devient mairesse de Blüdhaven, grâce aux manigances de Blockbuster, autre némésis de Nightwing. 

Après un passage plutôt mauvais entre les mains de Dan Jurgens (la période Ric Grayson, non éditée en VF), on ne pouvait être qu’enthousiaste à l’arrivée du “Dynamic Duo” TaylorRedondo sur la série régulière du Robin Originel. Les auteurs font table rase sur ce que le personnage a subi dans le run précédent. 

Après avoir réussi l’exploit de proposer un run rafraichissant sur la Suicide Squad (une première depuis le run mythique de John Oestrander), les auteurs continuent ici une certaine tradition d’étoffer le lore autour du personnage, notamment le background autour de ses origines avec de nouveaux enjeux.

Une écriture qui fait mouche

Avec Nightwing, on voit que Tom Taylor connaît bien les personnages car la caractérisation y est très respectueuse. Par exemple, Nightwing reste toujours ce même personnage optimiste, qui n’hésite pas à lancer des punchlines en plein combat (un peu à la manière d’un Spider-man). Idem pour Barbara présentée  en tant qu’amie et amante de longue date et bien sûr en tant que soutien sous son identité d’Oracle.

© Tom Taylor / Bruno Redondo / DC Comics / Urban Comics

Les dialogues sont bien amenés, entre blagues et clins d’œil sur Nightwing ou encore les différentes époques du personnages feront lâcher à coup sûr un sourire au lecteur connaisseur.

C’est aussi une bonne nouvelle de revoir Tom Taylor parler des thèmes qui semblent lui tenir à coeur, en particulier  l’écologie comme dans son run sur Superman. En profitant des origines modestes de Dick Grayson, il arrive à proposer un discours engagé (par rapport au cahier des charges made by DC Comics) sur les classes les plus précaires, et à faire de Nightwing une sorte de protecteur du peuple, comme Robin des Bois ou Green Arrow, le background social en plus. 

D’ailleurs, sur bien des aspects, la comparaison avec le Hawkeye de Matt Fraction et David Aja nous vient vite à l’esprit. On retrouve un héros qui part défendre les plus démuni.e.s, dans une ville ou un quartier précaire (sans oublier un nouvel animal mascotte)… le tout avec une proposition graphique qui marque les esprits, en particulier par son découpage. 

Un dessin dynamique et une mise en page inventive

© Tom Taylor / Bruno Redondo / DC Comics / Urban Comics

Alors, certes, on peut retrouver des similitudes dans la présentation des différents gadgets et des plans de descentes d’escaliers, mais Bruno Redondo essaie de se détacher de cette comparaison. Pour Nightwing, la partie graphique est plus lumineuse et plus flashy, idéale pour le personnage le plus optimiste de la BatFamily. 

Le dessinateur nous propose une mise en page et en cadre inventive, qu’il maîtrise et sait adapter à l’ambiance voulue. Un travail qu’il ponctue de temps à autre par de grandes onomatopées bien insérées dans la planche. Son trait fin, dynamique, à la limite de la ligne claire, sublime chaque personnage. Les scènes de combats et d’acrobaties, sont très  dynamiques. Certaines planches nous font littéralement décrocher la mâchoire, grâce à l’opposition de ce trait fluide et la rigidité du cadre en gaufrier bien exploité. 

Son travail sur les ombres, avec l’utilisation de trames, nous font penser tant au manga qu’au pop art. Et le travail de colorisation de Adriano Lucas (Birthright), permet d’ajouter un aspect très coloré et lumineux qui contraste parfaitement avec le jeu d’ombre. 

Certains pourraient rechigner que le changement de dessinateur pour les flashbacks casse la continuité et cohérence graphique. Mais  non, lee changement de style colle parfaitement au ton donné, jusqu’au travail des couleurs qui deviennent un peu plus ternes, à la manière de vieilles BD.

En conclusion, l’arrivée de Tom Taylor et Bruno Redondo est une bonne nouvelle car ils réussissent l’exploit d’amener de nouveaux enjeux, tout en se voulant respectueux de la mythologie qui entoure Nightwing, et par la même occasion, ses fans. Côté graphique, Bruno Redondo passe un cap supérieur dans son dessin et dans sa mise en page pour nous proposer des planches fabuleuses. 

Si l’aventure vous a plu, et que vous voulez en savoir plus sur Dick Grayson, vous avez l’embarras du choix : Robin Année Un par Chuck Dixon et Javier Pulido, le début de Nightwing (période “New 52”) par Kyle Higgins et Eddy Barrows, la période Agent 17 dans Grayson par Tom King, Tim Seeley et Mikel Janín, le Nightwing Rebirth de Tim Seeley et Javier Fernandez… 

Nightwing Infinite, par Tom Taylor, Bruno Redondo et Adriano Lucas, Urban Comics (2 volumes parus) 

Traduit par Thomas Davier


© Tom Taylor / Bruno Redondo / DC Comics / Urban Comics

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail