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Archive 9ᵉArt
par AntoineBigor - le 8/04/2016
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par AntoineBigor - le 8/04/2016

Burning Tattoo - tome 1, la critique

La France est le deuxième plus gros consommateur de bande-dessinée japonaise au monde. Quoi de plus normal pour un pays qui accueille le salon international consacré au 9eme art. La conséquence directe, outre la multiplication de titres en librairie, est un flot d'influences qui déferle sur l'hexagone depuis les années 80. Et Emmanuel Nhieu fait très certainement parti de ces générations inspirées par le Manga, puisqu'il vient de s'y attaquer en créant Burning Tattoo.

Un jeune garçon, nommé Tatau, vit dans un petit village derrière une immense barrière de corail. Tête en l'air et passionné uniquement par ce qui l'intéresse, en l'occurrence les jeux-vidéo, il est malheureusement atteint de la maladie des os de verre, rendant son squelette ultra fragile. Cette situation lui donnera des privilèges et une sur-protection (orchestrée par des parents qui ressemblent d’ailleurs à Leia et Han Solo), qui agaceront les enfants du village, qui finiront par le tabasser sans autre forme de procès. Et pour solidifier son corps, il n'aura plus qu'une seule solution : se tourner vers un tatouage fait d'une encre magique qui confère des capacités extraordinaires. Un pitch assez classique, qui occupera une bonne partie de ce premier tome très introductif.

Après un court flashback, le récit va prendre le temps d'introduire son univers, tout en amenant un rythme assez dynamique. A vrai dire, les premières pages sont plutôt efficaces mais ramènent tout un jeu de références, assez lourd au premier abord. L'aventure semble se construire sur cette culutre pop, et inquiète très vite quant à sa capacité à dépasser la cadre de la citation. Les personnages restent pourtant attachants, caractérisés avec soin et un vrai feeling japonais commence ainsi à transparaître au fur et à mesure de la lecture, dans un timing parfois humoristique. Par exemple, Tatau et Tattoo, évidence qui deviendra un running gag. Progressivement, Emmanuel Nhieu apporte ainsi de plus en plus d'épaisseur à ses protagonistes - qui gagnent en empathie - et commence à donner forme à sa mythologie.

Sa forme, l'univers va la trouver en réutilisant une structure narrative très classique tout en injectant une bonne grosse dose d'absurde, de codes vidéoludiques et, encore une fois, de diverses influences. Et le scénariste va se révéler des plus malins pour jongler avec tout ça, sans perdre de vue son récit, sa fluidité et ses personnages. Ce n'est pas révolutionnaire, en termes de construction, mais ça remplit parfaitement le contrat d'un manga à la française, qui penche d'ailleurs plus du côté nippon que du côté français. Petite différence cela-dit : la série étant d'ores et déjà prévue en 3 volumes, il n'y aura pas pelletée de tomes. Quoiqu'il en soit, les deux prochains ont de la matière pour offrir une bien belle aventure, tant la conclusion de ce premier tome ouvre bon nombre de portes, qui permetteront à l'auteur de se lâcher un peu plus dans l'écriture.

Du côté des dessins, par contre, Emmanuel Nhieu n'aura pas attendu pour offrir le meilleur. Le bonhomme des planches hyper dynamiques, qui réutilisent beaucoup de codes issus des shonens, avec un style un peu plus fin et frais. Trop peu d'action dans ce premier tome, finalement, pour le juger, mais la narration est relativement efficace et le peu de splash-pages présentes sont plutôt très jolies. Seul le lettrage et quelques incrustations de textes laissent à désirer, et il faudra donc attendre le second tome pour trouver un peu de folie graphique. Le potentiel est là, en tout cas.

Ankama n'en est pas à sa première publication de manga à la française, le plus connu restant Dofus. Mais avec Burning Tattoo, Emmanuel Nhieu leur offre une nouvelle mouture, très classique dans son récit blindé de références, mais sublimée par une vraie joie et un vrai dynamisme, qui lui permettent de s'imposer comme une œuvre unique. Et si elle reste un peu timide pour l'instant, elle possède le potentiel pour nous coller quelques droites de qualité lors des prochains tomes. Une lecture plaisante et prometteuse.

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