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par Elsa - le 26/09/2017
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par Elsa - le 26/09/2017

Ces Jours qui Disparaissent, la critique

Titre et couverture bien intrigants pour cette nouveauté de rentrée des éditions Glénat...

Un jour sur deux.

Lubin a une vingtaine d'années. Il a fort à faire entre ses entrainements avec sa troupe de cirque, sa petite amie et son travail alimentaire dans une supérette. Après un choc à la tête, il réalise qu'il a dormi toute une journée et s'est réveillé le surlendemain du jour où il s'était couché. Malheureusement, le phénomène se reproduit et toute sa vie commence à dérailler.

Ses proches, eux, l'ont bien vu pendant ses absences, seulement il était très différent. Une vidéo sur son ordinateur finit de le troubler : un jour sur deux, le corps de Lubin est habité par une autre personnalité. Petit à petit, les choses s'organisent. Chacun des deux Lubin mène sa vie.... le problème c'est que le nouvel arrivant semble beaucoup mieux s'en sortir.

Etrange cohabitation.

Ces Jours qui Disparaissent commence comme un thriller mais n'en est pas vraiment un. La tension du départ s'amenuise au fur et à mesure que le récit s'étend, ramenant la situation à un récit du quotidien de plus en plus morcelé, où tout nous est raconté du point de vue du premier Lubin avec lequel nous avons fait connaissance. L'autre, on apprend à le connaitre à travers ses vidéos et ce qu'en disent les autres personnages. Cette bande dessinée ambitieuse est donc surprenante, parce qu'elle bascule d'un genre à l'autre. 

C'est un récit fantastique, d'abord. On pourra peut-être regretter une certaine facilité avec laquelle la situation se met en place. Tout le monde, de sa petite amie à ses amis en passant par sa psy, semble parfaitement accepter la situation, et surtout Lubin lui-même, étonnamment passif face à une vie sur laquelle il a de moins en moins de contrôle. Mais c'est aussi un choix intéressant. On a le plus souvent l'habitude de voir, dans des récits de ce genre, un héros combattif qui consacre toute son énergie à reprendre en main la situation. Mais serait-ce vraiment toujours le cas ? Timothé Le Boucher nous donne ici à imaginer comment l'histoire se passe avec un héros qui choisit d'accepter son sort : pas très bien. Et si la tension se dilue beaucoup, la lecture n'en reste pas moins prenante et les presque deux cent pages se lisent très vite. Notre attention est toute occupée à recoller les morceaux du puzzle incomplet que nous raconte l'auteur.

Ces Jours qui Disparaissent : un côté introspectif

C'est aussi, entre les lignes, une réflexion sur la dualité de l'être, sur les choix de vie que l'on fait. Le premier Lubin est un artiste, encore très jeune et qui prend tout avec optimisme et légèreté. L'autre trouve rapidement un emploi dans une entreprise et gagne très bien sa vie. Quel est celui qui prendra le dessus ? Un seul corps pour deux trajectoires et deux aspirations.

Le trait de Timothé Le Boucher est dynamique et doux à la fois, contribuant au ton assez paisible d'un récit pourtant sombre. Ses personnages sont attachants et ses couleurs très claires contribuent à ce côté étrangement positif. Son trait se prête autant à un décor réaliste qu'à l'univers de plus en plus futuriste que l'on devine au fur et à mesure que le récit avance. Quelques pages, muettes et de couleurs beaucoup plus sombres, nous montrent le numéro de funambule de Lubin et de ses amis. Parenthèses poétiques au milieu d'un quotidien bouleversé.

Ces jours qui disparaissent est un récit surprenant, qui continue de nous habiter et de nous interroger longtemps après l'avoir terminé.

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