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par Elsa - le 23/10/2014
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par Elsa - le 23/10/2014

Max Winson tome 2, la critique

Le premier tome de Max Winson, paru en janvier dernier, était une merveille d'émotion et d'intelligence. Début d'une fable tragique où un héros façonné par ceux qui l'entourent sortait violemment de son cocon. Premier titre solo de Jérémie Moreau, après le remarqué Le singe de Hartlepool (sur un scénario de Wilfrid Lupano), La Tyrannie plaçait la barre très haut. La suite et fin des aventures de Max est-elle à la hauteur ?

Que faire, à présent ?

On avait quitté Max alors qu'il avait dû faire le premier choix de sa vie. Après une vie sous le joug tyrannique de son père, le joueur de tennis invaincu s'était retrouvé livré à lui-même, prenant conscience qu'il avait le droit de choisir la direction qui lui ressemblait le plus... Une fois qu'il se serait trouvé. Encombré par le poids de sa carrière et de sa notoriété, aussi hébété que s'il sortait tout juste du brouillard, ses premiers pas dans le vrai monde étaient encore balbutiants. 

Maintenant Max est tout seul et n'a plus nulle part où aller... en tout cas c'est ce qu'il croit.

L'heure des choix.

Max Winson possède un univers assez proche de notre monde, tout aussi fou, excessif, et lui aussi dirigé par l'argent et le pouvoir. Mais l'auteur amplifie ces maux, et le reste, jusqu'à frôler l'absurde. Ce qui entoure Max ressemble à une pièce de théâtre, pleine de gens, de bruits, avec pourtant une élégance et un raffinement un peu rétro.

Le récit bascule alors que Max passe de l'inaction aux décisions que lui dictent son instinct. De nouveaux personnages entrent en scène, des têtes connues reviennent. Il y a toujours le tumulte et le monde qui va trop vite et pourtant, le rythme s'apaise au fur et à mesure que Max gagne en sérénité. Il y a de l'humour, de la tristesse, des sourires, des regards, dans ce tome 2 qui lui donne un ton encore plus touchant.

On est moins surpris, puisque l'univers un peu fou de Jérémie Moreau ne nous est plus inconnu, mais c'est loin d'être un défaut, finalement. L'auteur nous a fait entrer dans son monde, et le moins que l'on puisse dire c'est que l'on s'y sent bien. Il ne gomme pas les défauts de l'âme humaine, mais il y glisse un zeste de farfelu qui rend l'ensemble plus léger. La mort est présente, mais la vie, l'amitié et l'amour prennent plus de place. Max est un grand enfant, il ressent le monde avec ce regard un peu naïf, mais entier, qui rend plus forte encore chaque émotion.

Max Winson ne nous donne pas clairement les réponses. Il faut lire entre les lignes pour comprendre le héros, et son évolution. Rien n'est évident, mais le hasard fait joliment les choses. L'ensemble est doux, lumineux et émouvant.

Graphiquement, c'est toujours le même émerveillement. Le dessin de Jérémie Moreau est vibrant, vivant. Le noir et blanc lui donne encore plus de puissance. Parvenant à réunir l'énergie d'une mise en scène inspirée du shônen et l'élégance feutrée du trait du pinceau, chaque case est un régal de justesse. Le noir est disséminé par petites touches, laissent le blanc éclabousser les pages. Max Winson est plein de lumière. Celle, aveuglante et excessive, des projecteurs. Celle, joyeuse et amicale, du soleil qui caresse la peau.

Ce deuxième tome, L'échange, parvient à conserver toute la magie du premier. Diptyque superbe sur la quête d'identité et le passage à l'âge adulte, Max Winson laisse exploser tout le talent de Jérémie Moreau. Après cette incursion presque trop courte dans la vie de Max, et une fois sorti de la bulle délicieuse que nous a offert ce moment de lecture, on n'a plus qu'une hâte : découvrir où l'auteur nous emmènera la prochaine fois.

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