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Édito
par Thomas Mourier - le 27/06/2025
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par Thomas Mourier - le 27/06/2025

Accusée d’« apologie du PKK », l’autrice cinéaste et militante féministe franco-kurde Kudret Günes placée en résidence surveillée en Turquie

Mardi 27 mai, Kudret Günes alors en voyage en Turquie a été arrêté par les autorités turques qui l’accusent de faire l’apologie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), parti qui vient d’annoncer sa dissolution. Une accusation que la créatrice conteste fermement.

DR

En 2024, la cinéaste de 69 ans scénarise sa première bande dessinée, avec Christophe Girard au dessin pour mettre en scène le parcours d’une jeune femme d’origine kurde tout juste majeure qui fuit un mariage forcé. Avec La Liberté dans le sang, on découvre cette échappée qui va mener Rojin à prendre les armes pour lutter contre Daesh, illustrant ainsi une page très contemporaine du peuple kurde, mais aussi de la Turquie et de la Syrie dans une zone de guerre qui semble sans fin. 

Épaulé par le trait expressif de Christophe Girard, qui met l’emphase sur les émotions & la vie intérieure des personnages, Kudret Günes propose une fiction inspirée d’une histoire vraie, celle de sa sœur, qu’elle croise avec le quotidien des femmes dont elle ne cesse de raconter la vie depuis plus d’une vingtaine d’années.

Accusée de faire l’apologie du Parti des travailleurs du Kurdistan

« En atterrissant à l’aéroport d’Ankara le 27 mai pour rendre visite à sa famille, elle ne s’attendait pas à être “enfermée pendant six heures dans un bureau, avant d’être conduite au palais de justice de la capitale”. » relate dans un article de Libération Marius Jouanny qui a pu contacter l’autrice.

On y apprend qu’elle est inquiétée par des posts publiés sur les réseaux sociaux et prises de position personnelles sur la lutte des combattantes & combattants kurdes face à l’État islamique (Daesh) et précise se sentir « concernée par le sort des femmes et des enfants kurdes ».

Cette accusation des autorités turques intervient dans un contexte compliqué alors que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé sa dissolution le 12 mai dernier après cinquante ans de luttes armées, mais certains observateur.trice.s notent que les 5 000 à 6 000 combattants ne sont pas encore démobilisés et que le ministère de la Défense de l’armée Turque maintient la pression dans les zones de combat en parlant de « nettoyage ».

Par ailleurs, des manifestations ont eu lieu suite à l’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, le 23 mars accusé de « corruption » et menacé de détention pour « terrorisme », motif rejeté par justice turque. Des centaines d’arrestations ont suivi dans tout le pays et le gouvernement turc a fermé près de 700 comptes de journalistes, de personnalités politiques et d’opposants sur X. 

« Les régimes autoritaires ont peur des artistes »

Kudret Günes / Christophe Girard / Marabulles

Kudret Günes expliquait à Marius Jouanny qu’elle «espérait profiter de ce séjour dans son pays d’origine pour partir à Amed (Diyarbakir), la plus importante ville de la région kurde de Turquie, afin de se documenter sur des crimes d’honneurs au sein des familles kurdes, “lorsque des femmes sont tuées ou poussées au suicide par leurs parents ou leurs proches après des relations hors mariages ou des viols » en vue d’en tirer un scénario de bande dessinée ou une pièce de théâtre.

Aujourd’hui en résidence surveillée, elle risque «deux à cinq ans de prison». Une pétition est en ligne à cette adresse en soutien à l’autrice :« Nous appelons tous les acteurs culturels et animateurs de la vie culturelle dans le monde à signer cette pétition en guise de soutien à Kudret Günes et à tous les hommes et femmes de culture kurdes prisonniers ou persécutés.»


Image principale ©Kudret Günes / Christophe Girard / Marabulles

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