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par Republ33k - le 29/08/2016
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par Republ33k - le 29/08/2016

Black Science - Tome 4, la critique

De retour après sept mois d'absence, Black Science débarque en France dans un quatrième et gigantesque tome, accompagné d'un pack d'Urban Comics vous permettant de vous plonger dans la série de Rick Remender et Matteo Scalera plus facilement que jamais. Et si vous êtes déjà, comme nous, à jour, voici un bref retour sur ce quatrième volume, riche à plus d'un titre.

Comme d'habitude en ouvrant un tome de Black Science, on est un peu perdu en débutant ce nouvel album. D'une part, parce que le récit de Rick Remender, toujours mené à cent à l'heure, est très dense. D'autre part, parce que le scénariste aime bien découper ses arcs de manière très tranchée, si bien qu'on doit ici se familiariser avec un tout nouveau contexte : celui qui voit Grant revivre les moments clés de son existence, en errant dans l'infinivers.

Dans les premières pages, on aurait presque l'impression de lire une toute autre série, et seuls les dessins - toujours aussi riches en détails et très dynamiques - de Scalera semblent faire office de liant. Mais petit à petit, on comprend, surtout si on relu les tomes précédents en prévision de ce quatrième volume, où Remender veut nous emmener. Or, le bougre prend son temps, et il a bien raison. La frénésie créative des deux premiers tomes avait laissé sa place, dans le dernier en date, à un immobilisme des plus angoissants, et ici, c'est un peu un mélange des deux approches que nous propose Rick Remender, pour le meilleur comme pour le pire.

Mais soyons honnêtes, le pire n'est que le prix à payer dans ce genre de série : tout est plus dense que jamais, même si le scénariste ne cèdera pas à la tentation de l'exposition pure et dure. Seulement, si vous vous étiez déjà accroché à la lecture des trois premiers tomes, celui-ci risque bel et bien de vous déboussoler. Mais dans le même temps, on aurait tort d'en vouloir à Black Science pour si peu. D'autant plus que ce quatrième tome est entièrement conçu à l'image de son héros, Grant, plus tourmenté encore que le lecteur.

Dans cette nouvelle aventure, Grant va ainsi devoir faire face à tous les démons, qui grâce au contexte de la série, peuvent se matérialiser dans les cases de Scalera, en étant écartelé entre l'espace et le temps. C'est assurément la promesse la plus "foutoir" jamais proposée par une série pourtant hyper-active en termes de créativité, et elle sera tenue dans une bonne moitié de cet album, qui renoue ensuite avec les débuts de la série, et ses multiples réalités s'imbriquant les unes dans les autres.

Aussi le mélange proposé est-il bizzare. Les premiers chapitres nous renvoient en effet aux écrits les plus personnels de Remender, dont Deadly Class, et sont un véritable confessional pour l'auteur de comics, qui semble toujours aussi doué quand il s'agit de toucher du doigt les inquiétudes des adolescents et des jeunes parents. Si vous avez entre 20 et 30 piges, il y a donc de fortes chances pour que les errances métaphysiques et multi-dimensionnelles de Grant résonnent en vous, avec la puissance et la justesse qu'on connaît au scénariste qui nous impressionne égalment avec Low ou Tokyo Ghost. Moralité : tout y passe, du meurtre du père aux premiers amours en passant par les compromis au boulot, des thèmes chers à la bibliographie de l'auteur, qu'il a rarement aussi bien traité que dans cette première partie d'album.

La seconde se veut un peu plus explosive et on retrouve alors le côté punk de notre cher Remender, toujours aussi bien accompagné par Matteo Scalera, ses concepts et ses savants découpages. L'action devient jouissive au fur et à mesure des décisions de Grant, et on retrouve la folie innovatrice des premiers tomes dans des pages à couper le souffle, et qui prennent par ailleurs le soin de nous en dire plus sur l'univers de Black Science. On en apprend ainsi un peu plus sur la fameuse Secte de la Mort menée par l'espèce des Dralns.

Vous l'aurez compris, ce quatrième tome de Black Science est le parfait reflet de son scénariste, toujours pris de réfléxions écrasantes sur le sens de la vie, et par extension, sur celle de ses personnages, mais des réflexions qui ne l'empêchent jamais de tout donner : les belles idées fusent, les détails sont légion, et le tout est superbement servi par les dessins de Matteo Scalera. Qu'on se le dise, Black Science est plus que jamais une grande série !

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