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par Republ33k - le 27/01/2016
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par Republ33k - le 27/01/2016

Descender - tome 1, la critique

C'est une petite pépite qui débarque ce vendredi chez Urban Comics, que les lecteurs de comics VO connaissent déjà comme l'une des merveilles du catalogue d'Image. Descender, nouvelle série de Jeff Lemire (Trillium, Sweet Tooth), nous emmène dans une galaxie en proie aux Moissonneurs, d'immenses robots qui conduisent tous les peuples à se débarasser de leurs anciens compagnons de métal.  C'est dans cet univers, qui désormais méprise et traque les robots, que se réveille un certain Tim-21, un droïde promis à une plus grande destinée.

Comme l'expliquait Entertainment Weekly à la sortie du premier numéro de Descender aux Etats-Unis, la série de Jeff Lemire risque bien de devenir votre prochaine obsession à base de science-fiction. Il faut dire qu'après des années de beaux travaux dans le comic book mainstream et indépendant, Jeff Lemire a peut-être livré son vrai chef-d'œuvre, qui va puiser dans tous les styles de la SF pour élaborer un space-opéra comme il n'en existe pratiquement plus. Et tout le génie de la série est cristallisé dans une digestion parfaitement invisble, à la première lecture du moins, de toutes ces influences.

Au fil de ce premier tome, on pourra ainsi retrouver du Star Wars, pour l'aspect politique ou au contraire western de notre aventure. Un peu plus loin, c'est l'imagerie Kirby-enne qui nous saute aux yeux, avec ces fameux Moissonneurs, armes de destrucion aussi massives que passives. Le sujet de Descender, la condition des robots, rappelle quant à lui les meilleurs écrits d'Asimov. Et s'il n'a peut-être pas la technicité de l'auteur russe, le récit déborde de sensibilité, tel un Spielberg dans E.T, mais surtout comme son auteur, qui nous emmenait déjà aux larmes avec Trillium.

Mais arrêtons le name dropping ici, car il pourrait finalement faire défaut à la série. Comme tous les petits bijoux de la culture populaire, Descender puise effectivement partout où les autres sont déjà passés, c'est un fait. Et les lecteurs les plus assidus apprécieront forcément les éléments familiers de cette histoire. Mais ce qu'il convient plutôt de saluer, c'est l'écriture d'un auteur qui atteint ici un vrai sommet. En seulement cinq chapitres, Lemire nous présente une histoire aussi riche et divertissante que possible, sans jamais céder aux sirènes du pur divertissement ou d'une approche plus intellectuelle.

Dans une osmose parfaite avec son propos, l'auteur nous livre donc une œuvre à l'équilibre bluffant, qui parvient à nous faire réfléchir - la condition de ces pauvres robots n'étant que le reflet de la nôtre, après tout - à nous faire rire et à nous immerger dans un Space Opera, avec toutes les réjouissances que cela implique. Planètes, vaisseaux et espèces en tous genre sont ainsi au programme, aux côtés de droïdes tous aussi attachants les uns que les autres.

Pour faire avancer l'histoire, on peut ainsi compter sur Tim-21, robot-enfant qui offre à l'auteur un bel espace d'expression sur la condition parentale. A ses côtés évolue le craquant Bandit, qui profite de toute la science de Dustin Nguyen en termes de design et de kawaïtude. Mais mon préféré restera le brutal mais touchant Foreur (Driller en V.O) et sa capacité à défourailler ses adversaires sans autre forme de procès.

La sympathie que s'attire ce trio au fil des pages est toute organique, et leur condition d'êtres de métal n'enlève rien à tout cela, bien au contraire. C'est tout le propos de cette histoire, qui nous prouve que ces robots sont tout à fait capable d'avoir des sentiments, puisqu'ils en déclenchent toujours plus dans la tête du lecteur. Et entre deux rires et une petite larmichette, ce dernier pourra compter sur Dustin Nguyen pour lui en mettre plein la vue.

Le dessinateur applique ici le style qu'il avait développé pour Little Gotham à une histoire de science-fiction : un mélange inattendu entre crayonné et peinture qui aurait pu nuire à la crédibilité ou à la consistance de ce Space Opera. Il n'en est rien : les aquarelles de Dustin Nguyen servent à merveille le récit, et exacerbent les différents environnements de cet univers. On pense notamment à l'apparition des Moissonneurs, qui a toute la puissance d'un beau tableau.

Et si vous n'êtes toujours pas convaincus, dites-vous que l'intrigue développée par Jeff Lemire dépassera progressivement, en seulement cinq petits chapitres, sa condition de Space Opera pour proposer des rebondissements rudement bien menés, qui amènent Descender à se renouveler avant l'apparition de toute forme de répétition. Le cliffhanger ne devrait pas vous laisser indemme, et nous annonce déjà un futur chef-d'œuvre.

Si les amateurs de comics reconnaîtront dans Descender une très belle œuvre, les fans de science-fiction n'auront d'autres choix que d'être happés par cette histoire aussi forte émotionnelement que visuellement. On manque de superlatifs pour vous expliquer pourquoi nous sommes face à un incontestable petit bijou, qui pourrait bien couronner un scénariste de talent après des dizaines d'autres inmanquables.

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