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Incontournables
par Thomas Mourier - le 15/09/2017
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par Thomas Mourier - le 15/09/2017

Dragon Head de Minetaro Mochizuki

Quand j’ai lu cette série pour la première fois j’ai adoré le format entre manga d’horreur et récit de survie. Tout y était étrange et entraînant malgré la torpeur distillée dans les pages. Un remake de Sa majesté des mouches version Battle royale. Un train déraille et ses occupants sont morts ou prisonniers du tunnel… Lire la Suite →

Quand j’ai lu cette série pour la première fois j’ai adoré le format entre manga d’horreur et récit de survie. Tout y était étrange et entraînant malgré la torpeur distillée dans les pages. Un remake de Sa majesté des mouches version Battle royale. Un train déraille et ses occupants sont morts ou prisonniers du tunnel qui les a engloutis. Les enfants rescapés vont faire face à la faim, la soif, l’attente, mais surtout aux ténèbres. La folie et l’angoisse planent sur chaque page de ce manga : la peur semble être à la fois le moteur et le sujet de la série.

Derrière le masque du frisson, le mangaka explore les relations humaines et propose des pistes presque sociologiques sur les réactions face à la peur, au confinement, au désespoir… Bien avant la mode des mangas survivalistes et des histoires de zombies, les trois héros de Dragon Head expérimentaient la fin du monde en vase clos. Faut-il savoir baisser les bras, espérer sans cesse du secours, ou se laisser sombrer dans la folie? La métamorphose tribale voir monstrueuse de Nobuo marque le lecteur, son regard tatoué dans nos mémoires. Les ombres rodent.

Variations de noirs. Le dessin très stylisé et aérien ne ressemble pas aux mangas habituels du genre. Ce n’est que bien plus tard en découvrant son travail sur Chiisakobé que j’ai réalisé l’immense talent de Minetaro Mochizuki (lire le coup de cœur ici). L’attention au détail, les regards et le mouvement sont au cœur du travail du dessinateur depuis ses premiers travaux et le huit-clos de Dragon Head lui permet de redessiner sans cesse les mêmes décors et le même petit groupe de personnage avec à chaque fois une touche plus énigmatique, parfois rassurante, parfois effrayante, selon les émotions recherchées. Le détail fait sens et instinctivement on cherche du coin de l’œil la plus petite variation. Au cas où.

Un manga prenant et nerveux. Une histoire terrifiante sans verser dans l’horreur. Une réflexion sur notre humanité et une belle analyse de nos possibles réflexes, actions de grâce et pires bassesses face au danger : Dragon head est un incontournable du seinen. Katsuhiro Ōtomo et Paul Pope s’associent volontiers à moi pour vous le recommander « froidement ».

« Je sens quelque chose caché dans le noir »

Images extraites de l’album © Minetaro Mochizuki/ Pika

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