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par Republ33k - le 10/01/2018
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par Republ33k - le 10/01/2018

Colonisation - Tome 1, la critique

Les séries de Science-Fiction sont légion du côté de la bande dessinée. Chaque année, les éditeurs, et particulièrement les plus gros, n'hésitent pas à annoncer en grandes pompes un nouveau titre teinté de SF, généralement soutenu par un rythme de sortie plus rapide qu'à l'accoutumée. Les opérations se suivent et trop souvent, se ressemblent, mais on note tout de même quelques exceptions, dont Colonisation, sorti cette semaine chez Glénat.

Dans la grande tradition des Space-Opera, Colonisation nous proposera de suivre une équipe de l'Agence, une sorte de Fédération chargée de faire respecter la loi de la galaxie, instaurée par des humains désormais capables de voyager très loin dans l'espace grâce aux Atils, une espèce d'extraterrestres pacifiques. Jusque là, rien de bien original. 

Mais toute la qualité du titre réside justement dans sa relation assez légère avec le genre. Contrairement à d'autres, Denis-Pierre Filippi ne sombre pas dans l'exposition la plus lourde, et s'appuie justement sur la familiarité du lecteur avec ce genre d'univers pour mieux surprendre et parfois, subvertir quelques codes. 

C'est ainsi que la dite colonisation concerne non seulement l'espace, au sens astronomique du terme, mais aussi un espace totalement virtuel, celui dans lequel les plus anciens colons humains, plongés dans un sommeil artificiel, s'offrent une seconde vie. Ce genre de bonnes idées, ce premier tome en regorge, et on remarque d'ailleurs que les pages d'exposition économisées par le scénariste nous permettent de vivre plus de péripéties aux côtés des personnages.

Filippi nous promet donc un monde très vaste, grâce à de nombreux petits détails et un rythme très soutenu, qui n'est pas sans rappeler les page turners venus du comic book américain. Seul bémol, tout ça donne parfois l'impression de traverser le récit, sans avoir le temps de comprendre ses tenants et ses aboutissants. Mais à la rigueur, c'est toujours beaucoup plus agréable qu'un tome 1 chargé d'explications comme il en existe déjà des milliers.

Le vrai défaut de l'album se trouve plutôt du côté des personnages. A l'exception d'un colon retrouvé par hasard et d'un mercenaire au passé douteux, les protagonistes de l'histoire, nombreux, forment une équipe pour l'instant peu mémorable. Difficile de faire beaucoup mieux en restant sur 48 pages, mais les lecteurs les moins passionnés par les concepts de Colonisation pourraient rester sur leur faim en ne pouvant se rabattre sur les personnages, de jeunes cadets un peu trop lisses.

Terminons sur les dessins de Vincenzo Cucca, qui rappelent eux aussi le monde du comic book, mais pas forcément dans ce qu'il a de mieux à offrir. Le trait de l'artiste semble en effet incisif et détaillé, mais on remarque que les couleurs de Fabio Marinacci, très métalliques, ne lui rendent pas forcément honneur, et ont tendance à "écraser" le tout dans une ambiance qui se veut photo-réaliste, mais qui s'avère plutôt passe-partout. De même, on aurait aimé plus d'originalité dans les designs, mais il faut reconnaître que ce tome 1 compense son côté commun par un découpage assez dynamique.

Chaque année, les gros éditeurs du monde franco-belge aiment se lancer dans une grande fresque de science-fiction, soutenue par une présence régulière dans les librairies. Le modèle a fait ses preuves mais nous propose souvent des œuvres trop communes pour sortir du lot. En ayant juste ce qu'il faut d'originalité et surtout, en proposant un premier tome rythmé, Colonisation échappe à ce constat. On le recommande donc à tous les amateurs de SF, qui comme nous, auront sans doute très envie de connaître la suite à l'issue de ses 48 premières pages. Second tome prévu pour avril 2018, et en attendant vous pouvez retrouver le premier chez Glénat au prix de 14 euros.

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