Illustration de l'article
Critiques
Archive 9ᵉArt
par Elsa - le 30/09/2015
Partager :
par Elsa - le 30/09/2015

Communardes ! Les éléphants rouges, la critique

La Commune de Paris est aujourd'hui encore un épisode marquant de l'Histoire de France. Ce qui se sait moins, c'est qu'il y avait des femmes parmi les insurgés. Mêlant une riche documentation à la fiction, Wilfrid Lupano a imaginé une série de one-shot rendant hommage à ces communardes. Deux tomes paraissent simultanément : L'aristocrate fantôme dessiné par Anthony Jean, et Les éléphants rouges dessinés par Lucy Mazel. C'est ce dernier auquel nous allons nous intéresser aujourd'hui.

La dame aux éléphants.

C'est l'effervescence parmi les parisiennes : un communiqué officiel les informe que des bataillons de femmes vont être formés, conformément à leurs demandes, pour lutter au côté des hommes contre l'armée prussienne. Parmi ces femmes qui veulent enfin obtenir les mêmes droits et devoirs que les hommes, il y a Octavie. Et elle le fait surtout dans l'espoir que sa fille, Victorine, ait un avenir meilleur que le sien. 

Elle en demande beaucoup à sa fille, elle le sait mais elle n'a pas le choix. Le souci c'est qu'au lieu de faire ce qu'elle lui demande, la petite fille préfère passer du temps avec Castor et Pollux, les éléphants du Jardin des Plantes. Malheureusement pour elle, nous en 1870. Les ennuis ne font que commencer, et écraseront rapidement ses rêves et son innocence...

Les Amazones de la Seine.

À travers ce titre, Wilfrid Lupano nous plonge dans le quotidien difficile des femmes à l'aube de la Commune. Les hommes sont partis se battre, il est de plus en plus difficile de trouver de quoi se nourrir, et les dangers sont partout. Entre revendications féministes et désespoir, les femmes tentent de trouver leur place et de se défendre à leurs façons. Le récit est richement documenté et, à travers le quotidien d'Octavie et Victorine, nous fait découvrir ce qu'était vraiment la vie à cette époque, des enfants des rues au luxe feint des bordels.

Pourtant, au delà du contexte, c'est aussi une belle histoire, parfois drôle mais souvent tragique. Celle d'une enfant pleine de vie et d'imagination confrontée à une réalité violente. Victorine est de ces personnages particulièrement attachants que l'on aimerait protéger. Son histoire est touchante, parfois farfelue parce qu'elle veut que la vie soit ainsi. Le récit est prenant, brodant habilement avec la réalité historique, et les dialogues sont très réussis. Le fait que ce soit un one-shot amène forcément une petite frustration, l'histoire restant celle d'un instant et ne prenant pas le temps d'aller en profondeur dans le contexte, mais il sera aussi intéressant de découvrir des aspects de la Commune par petites touches à travers les différents récits.

Les dessins sont signés par la talentueuse Lucy Mazel. Le trait évolue et gagne en assurance au fil des pages, tout comme les couleurs, mais cette évolution reste très fluide, le dessin étant déjà très beau au départ. La dessinatrice a un trait tout en finesse et en élégance. Ses personnages sont expressifs et touchants, et on sent dans ses planches un gros travail de documentation pour retranscrire au mieux l'époque, dans les décors, l'habillement... jusque dans l'ambiance. Les planches sont très colorées, sans doute plus que ce que pouvait être la vie à ce moment-là, mais accentue justement l'impression d'un monde à regard d'enfants.

Communardes ! Les éléphants rouges est une jolie surprise. Un récit passionnant et touchant qui met en lumière l'implication des femmes dans un évènement historique où l'on se souvient peu du rôle qu'elles ont joué.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail