Histoires de Pebble Island, la critique

Comme vous avez pu le remarquer avec notre critique d'Automne, l'auteur britannique Jon McNaught est en ce moment à l'honneur chez Dargaud, qui publie pour la première fois en France ses touchantes et très visuelles œuvres.

Histoires de Pebble Island est l'une d'elles. Inspiré par la jeunesse - passée dans les îles Malouines, de l'auteur - ce recueil compile trois histoires assez touchantes, qui saisissent, parfois en quelques cases mais souvent dans une multitude de petites fenêtres, une certaine idée de la vie dans la campagne britannique.

Comme dans Automne, l'auteur fait montre, avec cet album, de tout son génie séquentiel, en découpant l'action dans des compositions aussi puissantes visuellement que lourdes de sens. C'est avec cette science de la narration  toute personnelle qu'il parvient à toucher le lecteur, dans des histoires d'une surprenante vacuité, et qui pourtant, résonneront chez tous les nostalgiques et les émotifs.

Il faut dire que les trois histoires présentées par l'auteur tapent là où il faut, pour peu qu'on ait grandi à la campagne et découvert très tôt la beauté et le spleen qu'elle peut dégager. Lorsque Jon McNaught met en scène un petit garçon soucieux d'exploser un vieux dinosaure en plastique avec des pétards, ou quand il s'intéresse à un cinéphile coupé du monde, il parvient ainsi à nous émouvoir, avec beaucoup de talent et de simplicité.

Car c'est là tout l'art de McNaught, dont la plus grande qualité et aussi le plus grand défaut. Ses histoires très esthétiques et d'apparence vides de sens pourraient passer au-dessus des lecteurs qui seraient à la recherche de véritables enjeux narratifs. Or il faudra se contenter de ceux que nous nous bâtissons, pour nous-mêmes, au fil des pages.

Touchant de vérité et bluffant de séquentialité, Histoires de Pebble Island est une nouvelle perle signée Jon McNaught, qui est toutefois à réserver aux amateurs de bandes-dessinées plus introverties et en forme d'expériences de lecture.