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par La Redac - le 24/04/2019
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par La Redac - le 24/04/2019

Le Dieu Vagabond, sublime fresque impressionniste

Eustis est un étrange énergumène avec son chapeau, une bouteille de vin vide à la main, planté au milieu du champ de tournesols. À notre époque c'est un alcoolique, un sans-abri. À l'époque de la Grèce Antique, c'était un satyre de la tiare de Dionysos. Exclu de cette vie de plaisirs et forcé de côtoyer les humains, Eustis ère depuis des millénaires jusqu'à aujourd'hui. Il raconte l'avenir aux âmes égarées qui viennent le consulter, en échange d'une bouteille pleine.

"Il paraît que quand il est soûl, il raconte des histoires magiques..."

Le Dieu Vagabond de Fabrizio Dori raconte une aventure épique entre mythologie et monde contemporain. L'œuvre parvient à nous faire oublier les téléphones portables, les sacs plastiques, les immeubles, les poteaux électriques, et à dresser un portrait enchanteur de notre réalité. Un mélange d'humour et de poésie, de simplicité et de grandiose, de sagesse et de folie. Les personnages sont très vite attachants. Le côté décalé, moqueur et prétentieux du héros me rappelle Klaus Hargreeves dans la série Umbrella Academy. Même visage creusé, même attitude désinvolte. Il a tout perdu et donc plus rien à perdre. Il rit de lui-même, tourne la vie en dérision, ne prend rien au sérieux jusqu'à ce qu'un espoir surgisse. L'espoir de réparer sa faute et de retrouver son statut de divinité. C'est ainsi que démarre notre épopée. Les protagonistes dont il va croiser la route sont tous plus originaux les uns que les autres. La prostituée rêveuse, le professeur myope aussi enthousiaste qu'envahissant, le chevalier fantôme plein de bravoure, le chat bienveillant. À chaque virage, le scénario nous surprend et l'histoire prend plus d'ampleur.

Chaque case est un tableau impressionniste

Entre passé et présent, Eustis se souvient de son bonheur perdu via des flashbacks graphiques peuplés de satyres, de nymphes et de dieux majestueux. Si l'intrigue est un grand puzzle, le lecteur n'est jamais perdu. À chaque planche, sa gamme colorée. Un intérieur baigné par les rayons du soleil à travers des stores vénitiens, le violet et le vert sombre d'une nuit parsemée d'étoiles, le orange brûlant d'une forêt sauvage... Les couleurs sont à couper le souffle. Impossible de lire d'une traite sans marquer un temps d'arrêt pour contempler ces teintes vibrantes. La végétation et le ciel sont traités comme des tableaux impressionnistes, transformant le palpable et le tangible en féérie visuelle. Le dessin est vif, les contours anguleux. Les visages sont aussi expressifs que dans un manga, mais toujours avec justesse. 

Et ça n'en finit pas. Car le livre fait 156 pages et le niveau ne baisse à aucun moment. Chaque page tournée est un délice pour les yeux. Le travail d'un acharné, d'un passionné, d'un perfectionniste. L'italien Fabrizio Dori fait tout, tout seul : scénario, dessin, couleur. C'est rare une BD qu'on relit déjà à peine finie. L'objet lui-même est magnifique, avec sa couverture nocturne et son dos en tissu jaune. 

En bref, c'est un coup de cœur absolu qu'il faut lire, acheter et offrir. Le Dieu Vagabond est disponible au prix de 25 euros chez Sarbacane.

Par RedFanny
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