
Sur la couverture la course effrénée de la famille Gugusse évitant les obstacles exotiques du Yolcame, en écho à celle de Ted et sa silhouette en forme de M étiré de l’album Ted, drôle de coco (Prix révélation 2019 au festival d’Angoulême & Prix lycéen de Genève). Émilie Gleason retrouve les personnages pour prolonger ces autofictions, où elle s’inspire d’anecdotes familiales pour donner vie à son univers loufoque inimitable.
Cet univers, elle le baptise « tedverse », avec l’envie de voir le monde en déplaçant son point de vue vers celui de son frère autiste Asperger pour qui ce qui est « normal » peut paraître absurde et ce qui lui parait correct peut paraître décalé pour œil non averti. Dans ses livres, elle s’attaque à la différence, avec des points de vue très proches de ses personnages, que ce soit dans l’univers du foot avec J’perds pas la boule, avec Vikash Dhorasso ; un livre sur la pilosité : Ébouriffant.e.s, avec Adeline Rapon ; ou dans une enquête sur la malbouffe : Junk Food. Les dessous d’une addiction, avec Arthur Croque.
« Tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera mal »

L’autrice s’est fait une devise de cette loi de Murphy dans ces livres, où chaque catastrophe en entraîne une autre et chaque tentative —même la plus bienveillante— ne fera qu’empirer la situation. Pour les personnages de famille Gugusse : Boris & Doris les parents qui ont dû mal à gérer toute cette famille en plus de leurs propres névroses ; Balou, Éléana & Ted, les trois enfants qui ont chacun leurs problèmes, leurs tics et leurs caractères. Avec Ted pour figure pivot, donnant le tempo à toute la famille qui s’adapte, avec plus ou moins facilité à sa maladie jamais nommée.
Invité.e.s au mariage d’une cousine au Yolcame, une version revisitée du Mexique, aux décors flamboyants et au langage fleuri, la famille va multiplier les mésaventures avec un rythme soutenu permettant à la dessinatrice de déployer toute sa malice. Humour de situation, blagues visuelles, jeux avec le langage, anecdotes bizarres, et décalage permanent… les outils comiques d’Émilie Gleason sont nombreux et elle sait s’en servir.
Avec son trait élastique et ses planches pleines de détails, on ne peut s’empêcher de faire un lien de parenté avec le travail d’Edika mais l’absurde de Gleason est autre. Elle a une fascination pour les corps en mouvements, les anatomies qui s’emparent de l’espace, les couleurs qui ont du caractère et les typographiques vivaces.
Avec un découpage très libre, laissant la place aux pleines pages, offrant la possibilité de varier les styles et les techniques de dessin, les planches des Gugusse en vacances sont pleines de vie, semblent partir dans plein de directions et pourtant nous gardent captifs.
Organisée en une collection d’anecdotes qui chapitres le livre, ces vacances loufoques offrent un prolongement délicieux à Ted, drôle de coco et pour en savoir plus sur cet album et le travail d’Émilie Gleason, je vous propose de découvrir cette interview enregistrée en live avec elle. L’occasion de revenir sur sa carrière, son travail et de découvrir les coulisses des Gugusse en vacances.
Les Gugusse en vacances d’Émilie Gleason, Atrabile
Toutes les images sont © Émilie Gleason / Atrabile



