La remise du prix aura lieu ce samedi 12 avril 2025, à 18 heures, après délibération du jury composé d’Antoine de Caunes, Emmanuelle Devos, Clara Dupont-Monod, Thomas Dutronc, Richard Gotainer, Catherine Meurisse, Jean-Paul Rouve, Charline Vanhoenacker, ZEP mais également du président d’honneur Mo/CDM en qualité de lauréat et de la présidente Ariane Gotlieb.
Les albums sélectionnés par le comité de sélection —Ludovic Cadieu, Éric Libiot, Jean-Pierre Nakache, Pilou Sibille, Julien Vérité & Monique Younès— sont :
Ducky Coco d’Anouk Ricard
Habemus Bastard de Sylvain Vallée & Jacky Schwartzmann
Arrondit les angles – le petit Pape Pie 3,14 T2 de Boucq
Les Pittoresques Expéditions du Major — Major Burns T3 de Devig
L’énorme enquête de Lorrain Oiseau & Yann Rambaud
Mamie n’a plus toute sa tête de Romain Dutreix
Le sens de la vie et ses petits d’Éric Veillé
Les vacances de Monsieur Léon —Monsieur Léon T2 d’Arnaud Gouefflec & Julien Solé
💡 Mise à jour du lundi 14/04/25
François Boucq et son Petit Pape Pie 3,14 ont été sacré par le jury 2025.
Bravo à lui !
Mais pour mieux découvrir ce prix, ses origines et ses enjeux, laissons la parole à celle qui met en ligne chaque semaine, archives, photos et dessins pour entretenir la mémoire du fondateur de Fluide Glacial.

Vous animez depuis 2022, le Facebook et Instagram Gotlib officiel où on trouve des dessins inédits, des archives, des photos,… quelle est votre ligne édito ?
Ariane Gotlieb : Ma ligne éditoriale de base c’est parler de Gotlib ! De quelque manière que ce soit, Gotlib, Gotlib, Gotlib. Faites du bruit, comme disent les jeunes, que son nom soit prononcé, lu, écrit…
Et puis c’est suivant mon humeur et mon envie même si parfois j’essaye de trouver des bonnes dates. Certaines qui correspondent à des fêtes ou comme une éphéméride, je m’amuse.
Même si à l’arrivée, c’est extrêmement compliqué. Ça me prend beaucoup de temps et beaucoup d’énergie pour le faire bien. Au final, ce n’est pas vraiment un compte Insta ou un compte Facebook, c’est presque un blog, un site internet. La plateforme est très utile pour faire ce genre de choses, mais je ne repartage rien, ce n’est que Gotlib.
J’aime beaucoup les montages avec les recherches sur cahiers mis en face des planches, les origines des dessins ou des idées. On est à une époque où on a des livres d’archives sur les Unes de Fluide, sur les éditos de Gotlib, est-ce que vous pensez à en faire aussi un beau livre d’archives contextualisé ? Parce que j’imagine que vous en trouvez plus que ce qu’on voit en ligne…

A.G. : Je suis remplie d’archives à ras bord : j’en ai pour deux vies de publications.
C’est vrai que j’ai beaucoup d’abonnés hyper gentils qui veulent absolument que je fasse un bouquin. Honnêtement, ce n’est pas l’idée pour l’instant.
En ce qui concerne les fameux cahiers, c’est un tel trésor que ça serait bien, un jour, de les publier d’une manière ou d’une autre effectivement. Mais pour l’instant, c’est désintéressé, c’est du gratuit, du beau pour l’œil pour ceux qui aiment Gotlib.
Dans ses éditos dans Fluide Glacial justement, il parlait de sa vie, de sa famille, et aujourd’hui, vous signez l’édito des 50 ans de Fluide, comment on gère, comment on anime l’héritage de Marcel Gotlib ?
A.G. : Comment on l’anime ? Il semblerait, il paraît que j’ai une plume sympathique, mais l’humilité étant la base de toutes les qualités, je ne saurais pas répondre à cet argument. Mais Fluide m’a demandé ça.

Et c’est vrai que ça fait un drôle d’effet quand on se dit que le dernier édito qui est paru dans Fluide est de Gotlib et celui qui vient dans la foulée est de sa fille. J’ai essayé d’être à la hauteur. Je me demande est-ce qu’il serait content, est-ce qu’il serait fier, est-ce qu’il trouverait ça nul, est-ce que les réseaux tout ça…
Je gère le patrimoine artistique, les archives et tout le reste avec mon cœur avant tout. Et j’essaye d’en faire profiter tout le monde.
En 2023, vous lancez ce prix, on est à la 3e édition cette année avec un nouveau jury…
A.G. : Oui il y a un noyau dur, mais il y en a qui ont changé en trois ans. Dans le premier jury, il y avait Albert Dupontel et Alain Chabat qui ont été « remplacés » par Anne Depétrini et Charline Vanhoenacker. Puis cette année, Charline est restée et Emmanuelle Devos a remplacé Anne ; Eddy Mitchell est parti parce qu’il a beaucoup de travail et des soucis de santé, remplacé par Jean-Paul Rouve pour être toujours neuf, comme le 9e art.
C’est un prix de bande dessinée humoristique, attribué par ce jury prestigieux, qu’est-ce que vous cherchez dans l’album lauréat ? Qu’est-ce que le jury récompense à travers ce prix ?
A.G. : Que ce soit le plus gotlibien possible ! Absurde, rigolo ou très novateur.
Qu’il réponde au maximum aux talents et qualités de Gotlib : un dessin et un scénar canon. Parce que parfois, le dessin est moins à la hauteur du scénario ou inversement.
Qu’il nous fasse rire, même si c’est très compliqué, parce qu’on ne rit pas tous pour la même chose.

Et ce qui serait vraiment formidable, ce serait de pouvoir découvrir de nouveaux jeunes auteurs, des nouveaux talents magnifiques. C’est vrai que dans les sélections, il y a quand même encore du Goossens, du Boucq qui sont super bien ; mais si on est l’année où on découvre Fabcaro par exemple me disait Chabat, évidemment ce serait génial.
Mais d’abord, il faut que le prix gagne en notoriété en ce qui concerne les éditeurs : pour que tous les éditeurs, y compris les tout-petits, y compris les auto-éditions, n’oublient pas de nous envoyer les livres. Parce qu’on passe à côté de choses, on a beau chiner, scruter Insta et Facebook, on fait des demandes quand on lit quelque chose qui nous fait marrer. Mais une fois qu’on recevra 200 albums par an, on est plus sur 70-80, on aura plus de choix et on pourra se permettre de découvrir ceux qui sortent du lot.
Parce que c’est vrai que jusqu’à présent les deux personnes qui ont eu le prix étaient déjà connues, déjà éditées : Manu Larcenet et Mo/CDM. Ce qui serait canon, c’est un jeune artiste tout neuf qui sortira en librairie avec l’autocollant du Prix Gotlib.
Et pourquoi pas même des catégories, une sur la presse ?

A.G. : Oui, on devrait en faire, mais je vais être sincère : il n’y a qu’une seule personne qui gère le Prix Gotlib. Et au bout d’un moment je vais décéder [rires] entre le côté administratif, technique, le festival du livre, et tout le reste…
Et je ne parlerai pas des 50 ans de Fluide et les choses qui n’ont pas de rapport avec le prix, mais dans lesquelles je m’investis aussi. Je me lève à 6h du mat, je suis sur mon ordi et à 2h du matin je ne suis toujours pas couchée.
J’adorerais faire des catégories et même le Prix Gotlib pour la jeunesse — l’année dernière on a eu un album qu’on a beaucoup aimé de Ced & Stivo, mais qui ne réunissait pas toutes les conditions pour que ce soit le Prix Gotlib tout court. Mais un Prix Gotlib jeunesse, un Prix Gotlib humour noir, un Prix Gotlib du public… c’est sûr que ça va ouvrir le champ des possibles.
Et parmi toutes les choses qui se sont rajoutées, on peut aussi suivre en 2025 le biopic du fondateur de Fluide glacial en bande dessinée par Julien Solé et Arnaud Le Gouëfflec, est-ce que vous avez pris part au projet ?

A.G. : Oui, j’ai participé pour les archives, pour raconter, pour expliquer…
Julien je l’ai vu « naître » — je n’étais pas bien vieille non plus— ce sont des personnes, avec Arnaud, que j’aime énormément. Je trouve que ce qu’ils font, c’est juste magique. C’est drôle, mais pas que drôle, c’est en même temps émouvant, sérieux et vrai.
Il n’y a pas de moments où ils enjolivent ?
A.G. : Oui, tout est vrai. Même ce moment où mon grand-père paternel rentre et efface les gribouillis de mon père sur les murs.
On va découvrir l’album lauréat du Prix Gotlib ce week-end au Salon du livre, quelle est la suite des festivités ?
A.G. : Le féliciter ! Lui donner deux belles dotations, un trophée et un chèque et de le célébrer avec une bonne table et un bon vin.
En attendant de découvrir l’album lauréat, jetez un oeil au journal anniversaire des 50 ans actuellement en kiosque et abonnez-vous aux réseaux sociaux Facebook et Instagram Gotlib officiel.
Visuel principal : ©Ariane Gotlieb