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Édito
par Thierry Soulard - le 11/01/2019
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par Thierry Soulard - le 11/01/2019

Les coulisses du 9e art : La BD, un métier solitaire ?

Espaces de coworking pour professionnels, lieux de formation, lieux d’accueil du public… on vous propose de découvrir les Maisons de Création, un terme qui regroupe tout un écosystème inconnu du grand public qui fédère une grande partie des auteurs en France. Après notre premier volet sur les écoles et formations , c’est maintenant un tour… Lire la Suite →

Espaces de coworking pour professionnels, lieux de formation, lieux d’accueil du public… on vous propose de découvrir les Maisons de Création, un terme qui regroupe tout un écosystème inconnu du grand public qui fédère une grande partie des auteurs en France. Après notre premier volet sur les écoles et formations , c’est maintenant un tour d’horizon de ces lieux créatifs et collectifs.

Trouver un lieu où se consacrer à un projet créatif, mettre en commun crayons, envies, et réseaux. Ou encore rompre la solitude : peut-être le premier besoin qui pousse les auteurs à se regrouper.
Des lieux informels ou des espaces de coworking plus structurés juridiquement existent un peu partout en France pour répondre à ces besoins. Panorama.

« Les auteurs internationaux viennent en France parce nous sommes, avec les États-Unis et le Japon, l’une des trois grandes portes d’entrée sur le marché de la BD au niveau mondial. »

Résidences de création…

Dans la Bande dessinée, le plus gros et le plus organisé de ces lieux, c’est sans doute la Maison des Auteurs d’Angoulême (Charente), créée en 2002 dans le cadre du Pôle Image d’Angoulême. Aujourd’hui branche de la Cité de la BD, le bâtiment compte 1000 M2, et accueille en permanence une vingtaine d’auteurs, venus de partout dans le monde, qui restent entre trois mois et deux ans, voir plus. Sur un an, c’est entre 40 et 50 auteurs différents qui se succèdent. « On arrive chez nous sur dossier, explique Pili Muñoz, directrice du lieu. Il faut proposer un projet de narration graphique au comité d’agrément. Tout le monde peut postuler, c’est la qualité du projet qui est regardée. »

Que viennent chercher les auteurs qui déposent un dossier ? « Les auteurs internationaux viennent en France parce que nous sommes, avec les États-Unis et le Japon, l’une des trois grandes portes d’entrée sur le marché de la BD au niveau mondial. Et ils viennent à Angoulême, parce qu’ici, il y a des choses autour de la BD tout le temps ! Les auteurs nationaux et les régionaux, eux, viennent aussi chercher un espace de travail, un lieu dans lequel ils peuvent se donner le temps de travailler sur un projet et de le mener à bout. »

… mais aussi systèmes plus souples

La même logique prévaut souvent dans les autres structures qui existent en France. Mais souvent, ces lieux ne sont pas dédiés uniquement à la BD. Les Maisons de Création qui existent ailleurs ont un triple objectif : création, éducation, et exposition. C’est le cas de la Maison de la Bande dessinée de Blois (Loir-et-Cher), ou de la Maison Fumetti, à Nantes (Loire-Atlantique). « Ce projet est parti d’un constat de notre maison d’édition Vide-Cocagne », explique Thomas Brochard, l’un des deux salariés de la Maison Fumetti. « On s’est rendu compte de la pertinence de mêler édition et animation autour de la bande dessinée, et de la richesse de l’écosystème BD local, qu’on a voulu mettre en valeur, tout en participant à sa structuration. »

Fumetti propose donc des résidences d’artistes rémunérées, mais aussi un système plus souple de coworking, dans son espace « Manu Manu », qui permet à des auteurs de la région de se consacrer pendant un temps à la création. La sélection a lieu sur dossier dans les deux cas, mais les auteurs débutants peuvent ainsi côtoyer des auteurs plus installés. « On leur demande très peu en échange », reprend Thomas Brochard. « 95 % de leur temps ici est consacré au travail sur leurs projets. » Les places sont redistribuées régulièrement via un nouvel appel à candidatures et chaque auteur reste entre six mois et deux ans. La Maison Fumetti de Nantes organise aussi chaque mois des « apéros Manu Manu », au cours desquels les auteurs amateurs ou jeunes professionnels peuvent venir montrer leurs books pour obtenir conseils et retours sur leur travail à Gwen de Bonneval, Leslie Plée, ou un autre des auteurs en résidence.

« On s’est rendu compte de la pertinence de mêler édition et animation autour de la bande dessinée, et de la richesse de l’écosystème BD local. »

Transmettre la passion 

Mais ces lieux se veulent aussi ouverts aux fans : à Angoulême, à Nantes ou à Blois on y trouve aussi expositions, conférences, rencontres… qui permettent de faire vivre le bâtiment en mettant en valeur la Bande Dessinée. À la Maison Fumetti, lieu hybride installé dans le même bâtiment qu’une bibliothèque municipale, c’est parfois plusieurs salles qui peuvent être consacrées à des expositions dédiées au travail d’un auteur, aux coulisses d’un titre, à des expositions thématiques ou aux frontières des arts graphiques.

À Angoulême et Blois, ce sont des expositions le temps du festival qui anime chacune des villes en janvier et en novembre. Et pour les personnes ayant une pratique du dessin amateur, mais souhaitant se perfectionner, la Maison Fumetti et la Maison de la Bande dessinée de Blois proposent également des cours et ateliers à destination des scolaires et particuliers.

Et qui sait, les jeunes qui apprennent les bases de la narration graphique aujourd’hui reviendront peut-être, demain, en résidence dans ces mêmes lieux ?

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Illustration principale : ©J. Bihan, G. de Bonneval, T. Gochi, F. Grolleau, T. Jossic, C. Pedrosa, V. Sorel, H. Tanquerelle
/ Design graphique : Tangui Jossic
Image extraite d’une exposition à la
Maison Fumetti fin 2016
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