🔮 Deuxième rendez-vous de cette nouvelle rubrique qui vous propose d’explorer les sorties du mois passé, afin d’être sûr de ne rien manquer.
N’hésitez pas à nous poser des questions sur le chat de l’app ou sur les réseaux sur les sorties que vous n’auriez pas vu ici !
🔴 17 propositions de lecture BD Comics & Manga
(Ok, oui ça fait pas mal de titres, mais comme c’est noël les éditeurs sortent l’artillerie lourde.)
Sommaire 📰
1. Le Bar à Joe intégrale de Carlos Sampayo & José Muñoz, Casterman
2. Les Cahiers d’Esther T3 de Riad Sattouf, Allary
3. Dirtybiology — La grande aventure du sexe de Léo & Colas Grasset, Delcourt
4. Sin City Intégrale de Frank Miller, Rackham
5. Ariol T13, Le Canard calé d’Emanuel Guibert & Marc Boutavant, BDkids
6. Et si l’Amour c’était Aimer ? de Fabcaro, Six pieds sous terre
7. Je suis Shingo T2, de Kazuo Umezu, Le Lézard noir
8. Les vieux fourneaux T4 de Wilfrid Lupano & Cauuet, Dargaud
9. Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien d’Ulli Lust, Ça et là
10. Ar-Men d’Emmanuel Lepage, Futuropolis
11. Le Chat du Rabbin T7 La Tour de Bab-el-Oued de Joann Sfar, Dupuis
12. Jolies Ténèbres de Fabien Vehlmann & Kerascoët, Dupuis
13. Les voyages de Tulipe de Sophie Guerrive, 2024
14. BUG d’Enki Bilal, Casterman
15. Dans la combi de Thomas Pesquet de Marion Montaigne, Dargaud
16. Fondu au noir d’Ed Brubaker, Elizabeth Breitweiser & Sean Phillips, Delcourt
17. Les carnets de Cerise T5 de Joris Chamblain & Aurélie Neyret, Soleil
Le Bar à Joe intégrale de Carlos Sampayo & José Muñoz, Casterman
Réédition intégrale des trois albums Le Bar à Joe, Histoires amicales du bar à Joe et Dans les bars. On vous offre un petit aperçu des lieux si vous n’y avez jamais mis les pieds : À New York, cet endroit accueille les invisibles, les exclus, les marginaux et comme dans un vrai bar, on capte parfois des conversations, des histoires fascinantes, anecdotiques ou banales. Il y a de la poésie dans ces discussions de comptoir et ces répliques de romans noirs. Du noir justement sous le trait acéré de José Muñoz qui donne corps à ces personnages et ces saynètes de théâtre ordinaire. Sans être caricatural, il dessine des “gueules” merveilleuses et surprenantes pour coller à l’ambiance du lieu. Un grand classique injustement méconnu.
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Les Cahiers d’Esther T3 de Riad Sattouf, Allary
Après l’incroyable Arabe du Futur, Riad Sattouf réinvente Le Petit Nicolas enrichi d’une connexion directe à l’actualité.
À travers les aventures quotidiennes d’Esther (sa famille, ses amies, son école, sa vision du monde,…) c’est une vraie cartographie de notre société, commentée par la jeune héroïne, qui nous est proposée. Véritable documentaire sous forme de strips humoristique, chaque album représente une année de la jeune fille et on peut la voir grandir, observer ses espoirs et déceptions, sa vision de l’actu, de son avenir,… C’est passionnant, étonnant et décapant. Riad Sattouf confirme avec cette série qu’il est l’un des auteurs les plus novateurs et créatifs de notre époque.
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Dirtybiology — La grande aventure du sexe de Léo & Colas Grasset, Delcourt
Mac Lesggy version trash ? On connaissait leur chaine youtube déjà bien barrée mais en version BD ça détonne. Les personnages étranges de cet album nous parlent du sexe et de la reproduction sous toutes ses formes — des plus classiques aux plus étranges. Du début des temps à aujourd’hui.
On y découvre que le sexe pratiqué (de bien des manières) par l’être humain est un modèle assez rare dans la nature et pas forcément le plus adapté à la survie de l’espèce.
C’est drôle, c’est malin, plein de blagues potaches et de références à la culture pop. Ah, et on apprend des choses (Euh oui c’était le détail important dans cette collection dédiée à la science).
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Sin City Intégrale de Frank Miller, Rackham
Intégrale en un volume du chef d’oeuvre de Frank Miller ! J’espère que vous aimez les romans noirs, les histoires qui finissent mal et les chocs affectifs et graphiques parce que cette série vous prend littéralement aux tripes. Frank Miller réussit le tour de force de nous faire aimer et même de nous pousser à nous identifier à des salauds, à des tueurs amoureux et vengeurs dans un monde où la violence est la seule norme et où la férocité est le langage commun de ce lieu perdu. Chaque épisode est une histoire de vengeance et s’attache à un crime particulièrement abject, le sulfureux Miller ne semble pas avoir de limite, mais nous garde captif par la beauté de ses compositions et de sa mise en scène.
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Ariol T13, Le Canard calé d’Emanuel Guibert & Marc Boutavant, BDkids
De loin, une des meilleures BD pour la jeunesse, Ariol met en scène le quotidien d’un petit garçon avec ses problèmes, ses préoccupations et des interrogations. Inspiré de ses propres souvenirs, Emmanuel Guibert raconte une enfance idéale mais pas idéalisée. Sans faire la morale ou donner des leçons, toujours avec humour et ingéniosité, les auteurs proposent des situations qui touchent tous les enfants et leurs parents. Pour couronner le tout, le dessin de Marc Boutavant est fantastique, à la fois simple et plein de vie ; le monde d’Ariol est crédible dès les premières pages. J’aurais vraiment aimé avoir cette série enfant !
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Et si l’Amour c’était Aimer ? de Fabcaro, Six pieds sous terre
Depuis Zai zai zai zai et Carnet du Pérou, Fabcaro concours officiellement au titre de l’un des auteurs les plus drôles de sa génération (voir du Monde !)
Pastichant les romans-photos et les télénovellas, il distille son univers loufoque où l’absurde semble être la seule règle. Véritable manuel d’humour sous couvert d’histoire d’amour, ces situations ne ressemblent à rien de ce que vous connaissez (enfin si, un peu à Goossens, LE maître en la matière). En tout cas, c’est drôle parce que c’est couillon et en même temps assez malin. Un mix savamment dosé qui font de ses livres des petites bombes d’humour à prêter et offrir à tous vos amis.
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Je suis Shingo T2, de Kazuo Umezu, Le Lézard noir
Fidèle à son image de dénicheur de sombres pépites, le Lézard noir exhume un manga oublié mais terriblement intéressant du patrimoine japonais. Chef de fil du manga d’horreur, Kazuo Umezu propose ici une histoire de SF un peu déviante. Pour un public averti, cette histoire dérive lentement vers un trio amoureux entre Satoru, Marine & le robot Monroe. Pas loin de l’IA de 2001 l’Odyssée de l’espace, il peut être assez flippant d’autant plus que le lecteur a accès à certaines de ses pensées. (Au passage, si vous lisez sur un ordi ou un téléphone alors méfiez-vous de là où vous mettez les doigts). Et si le futur de l’Humanité était entre les mains de robots qui deviennent humains…
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Les vieux fourneaux T4 de Wilfrid Lupano & Cauuet, Dargaud
L’adaptation cinéma avec Pierre Richard est tournée, la date de sortie est encore inconnue, c’est le phénomène de librairie. Entre Papy fait de la résistance et Denis la malice version 3e âge, les trois amis qui ne se quittent plus depuis presque 70 ans dressent un portrait au vitriol de notre société contemporaine et se moquent des codes et des modes. Épaulés par Sophie et sa fille Juliette, ils passent du road trip à la guérilla urbaine quand leur village est menacé par les financiers. Les auteurs ont su réinjecter le charme et l’humour des films des années 60/70 que ce soit pour les personnages ou les dialogues. Ils sont vieux, ils sont cons, et ils comptent bien le faire savoir à tout le monde.
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Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien d’Ulli Lust, Ça et là
Après le réussi Trop n’est pas assez, la dessinatrice autrichienne continue de mettre sa vie en bande dessinée : à la mettre en scène avec un talent rare pour parler de choses intimes et difficiles. Le dessin doux et presque prit sur le vif lui permet de reproduire des instantanés avec force et de transmettre des émotions avec sincérité. À 23 ans, fille-mère d’un petit garçon de 5 ans, elle se démène pour mener sa vie de jeune adulte. Entre voyages, drague, drogue, art et histoires d’amour la dessinatrice propose un récit puissant et chose rare, d’une honnêteté qui nous emporte comme un souffle. De loin, l’un des romans graphiques à ne pas laisser passer.
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Ar-Men d’Emmanuel Lepage, Futuropolis
L’auteur de bande dessinée voyageur, spécialiste des lieux extrêmes, revient avec un carnet de voyage/fiction dans son élément fétiche : l’océan.
Peintures et croquis sur le vif d’une précision fascinante, le dessinateur récidive dans cette quête de rendre la beauté de la nature en image. Le lieu, un phare aux conditions difficiles, se prête parfaitement à cette observation de la nature et ces rendus colorés bluffants. Ses albums racontent souvent des aventures humaines (même si le terme est un peu usé aujourd’hui) et ce sont toujours des documentaires sensibles qui donnent envie d’en savoir plus sur ces lieux exotiques.
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Le Chat du Rabbin T7 La Tour de Bab-el-Oued de Joann Sfar, Dupuis
Très attendue, cette série mythique qui se poursuit depuis 2002 propose depuis le T5 des épisodes à thèmes. Cet album revient à Alger et met en scène les querelles entre l’imam Sfar et le rabbin Sfar doublé par une intrigue autour du chat et de nouveaux chatons qui ont fait leur apparition dans la famille (le tome précédent parlait déjà de filiation avec la naissance du fils de Zlabya.) Le dessin et la mise en scène reviennent aussi à une forme plus classique. Sans avoir la patience des premiers volumes, il est plus proche de la série que les précédents livres du dessinateur.
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Jolies Ténèbres de Fabien Vehlmann & Kerascoët, Dupuis
Réédition de ce conte cruel et noir sous un vernis choupinou (oui ça faisait longtemps que j’avais envie de parler d’album choupinou) où évolue une tribu de petits personnages mignons qui habitent un cadavre de petite fille.
Une fable moderne et sombre rehaussée d’un dessin “jeunesse” et de superbes couleurs pour maintenir le malaise permanent. Imaginez Heidi dans un film de David Cronenberg et vous avez l’idée.
Le dessin et le découpage sont somptueux et laissent toute latitude à ces deux visions du monde d’exister.
Un conte de fées pour adultes réjouissant et qui tranche avec la production actuelle. Une chouette réédition.
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Les voyages de Tulipe de Sophie Guerrive, 2024
Tulipe a commencé ses aventures philosophiques, ou presque, sur un tumblr et cet album est le second recueil de ses gags absurdes, rêveurs ou poétiques qui interrogent le monde.
Le dessin suit le propos dans cette quête lumineuse de beauté et de sensibilité au monde. À la fois inventif et simple, il nous entraîne dans cet univers à mi-chemin entre les comics réflexifs entre Snoopy et les Peanuts, Mafalda et L’ours Barnabé.
Laissez-vous emporter par ces strips d’un autre genre, assez inclassable il est vrai mais qui nous mettent particulièrement en joie.
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BUG d’Enki Bilal, Casterman
Même si on trouve que depuis quelques albums, Enki Bilal tourne un peu en rond et ne propose plus de vraies bonnes histoires, la sortie de BUG nous a quand même intrigués. Il revient à un découpage plus classique derrière son dessin qui a fait ses preuves et aborde un thème de SF qui touche à l’actualité : la perte des données et la privation des outils numériques. Un sujet en vogue puisque The Private Eye de Brian K. Vaughan & Marcos Martin (dont on parlait ici) traite du même sujet — avec il faut l’avouer plus d’originalité. Bref, attendons le T2 de ce diptyque pour se faire une meilleure idée…
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Dans la combi de Thomas Pesquet de Marion Montaigne, Dargaud
Le grand livre de cette fin d’année, Marion Montaigne au top de sa forme autour d’une personnalité devenue incontournable. Un éditorialiste disait à la radio au moment de son retour qu’il était impossible de ne pas aimer Thomas Pesquet, il avait toutes les qualités sans en faire des tonnes, tous les dons sans être vaniteux et dans tous les bons plans sans demander. Et là, rebelote il devient le sujet de la BD la plus drôle et réussie de l’année.
La dessinatrice à trouvé comment mixer gag et narration au long court, on apprend beaucoup de chose en s’amusant et les 200 pages se lisent d’une traite tellement c’est prenant.
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Fondu au noir d’Ed Brubaker, Elizabeth Breitweiser & Sean Phillips, Delcourt
Les amateurs de comics noirs auront reconnu le duo Brubaker/Phillips qui nous avait habitués à des polars de haut vol avec Criminal. Ils reviennent avec un one-shot ambiance années 50 à la James Ellroy : enquêtes et meurtres de célébrités, chantage et extorsions soutenus par une double narration et un personnage d’écrivain qui ne laisse pas de place à l’imprévu mais au mystère bien calibré.
Les dessins et peintures de Sean Phillips semblent faits pour le polar, pour ces ambiances feutrées et violentes où chaque détail compte. Les postures, les regards autant que les indices qu’aurait pu laisser le meurtrier.
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Les carnets de Cerise T5 de Joris Chamblain & Aurélie Neyret, Soleil
Au rayon BD jeunesse, cette série est incontournable. Les auteurs ont eu la bonne idée de proposer un récit en BD doublé d’annotations, de croquis et d’un journal intime de l’héroïne. Cette mise en scène permet une écriture subtile et littéraire donnant une aura un peu particulière à la série. Ce format permet aux auteurs de varier les points de vue, cacher des détails dans les pages de carnets, jouer sur les temps…
Tout ceci mis en valeur par le dessin épatant et les couleurs très réussies d’Aurélie Neyret.
Ce volume marque la fin d’un premier cycle, vous pouvez attaquer et/ou offrir le premier si vous cherchez une série originale et réussie.
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