Illustration de l'article
Critiques
par Otxoa Fernandino - le 15/12/2022
Partager :
par Otxoa Fernandino - le 15/12/2022

We Only Find Them When They’re Dead : dans l’obscurité spatiale, on entend plus les dieux crier

Et si l’humanité se mettait à extraire des ressources sur des cadavres de divinités… C’est le point de départ de We Only Find Them They’re Dead, un comics idéal pour tout fan de science-fiction, en recherche de récit cosmique original.

Initialement publié chez l’éditeur Boom ! Studios aux États-Unis, We Only Find Them When They’re Dead est une série de science-fiction scénarisée par le britannique  Al Ewing, connu principalement sur son run sur The Immortal Hulk, et des récits plus cosmiques de l’univers Marvel, comme Les Gardiens de la Galaxie ou The Ultimates. Il est accompagné par le dessinateur italien Simone Di Meo (Powers Rangers & Tortues Ninjas). 

On découvre que dans un futur lointain, l’humanité a épuisé toutes ses réserves  et survit tant bien que mal grâce à l’extraction de ressources que l’on trouve uniquement sur une source bien particulière : les dieux. Ou plutôt leurs cadavres qui flottent dans l’immensité spatiale : le titre de la série donnerait en français  “On ne les trouve qu’une fois mort”. 

Les humains se battent pour récupérer cette matière divine, mais la gestion et la distribution de secteur d’extraction sont gérées par une instance militaire, qui sanctionne durement à la moindre incartade. C’est dans ce monde que l’on va suivre l’équipage du vaisseau Vihan II, spécialisé dans l’extraction divine, et plus secrètement dans la quête obsessive de son capitaine, Georges Malik : rencontrer un dieu vivant ! 

Une narration maîtrisée

© Al Ewing / Simone Di Meo / Boom ! Studio / Hi Comics

We Only Find Them When They’re Dead réussit l’exercice d’une narration sur le long terme, racontant une histoire passionnante sur plusieurs décennies, entrecoupées d’ellipses et de flashbacks. De cette manière, même s’ils forment un tout, les tons et les thématiques des deux premiers tomes Al Ewing distille très bien les éléments de réponse, les révélations et autres cliffhangers, qui permettent de rythmer le récit d’une part et d’étoffer le background des personnages d’autre part.

Le worldbuilding est intéressant dans le sens où il sort des canons de certains space opéras, car hormis les dieux, on ne trouvera pas d’extraterrestres ou de guerres intergalactiques. Les auteurs développent leur univers riche au fur et à mesure de l’intrigue. 

Concernant la mise en avant de la diversité, elle est exemplaire et amené de la manière la plus naturelle possible, tout particulièrement lorsqu’elle aborde l’homosexualité. Ce côté se reflète également sur les patronymes, d’étymologie diverse, et sur la partie graphique. 

Via la proposition d’un monde où les humains sont obligés de piller des cadavres de dieux pour survivre, les auteurs utilisent l’un des atouts classiques de la SF : critiquer les dérives de la société contemporaine. D’abord avec ce contrôle de matières premières et le pillage de ressources limitées. Puis, les dérives intégristes des religions à travers ces divinités cosmiques. 

Une aventure de SF cosmique en comics, qui plaira aux fans de Saga de Brian K. Vaughan & Fiona Staples, ou The Invisible Kingdom de G. Willow Wilson & Christian Ward

Un dessin majestueux

© Al Ewing / Simone Di Meo / Boom ! Studio / Hi Comics

Sur We Only Find Them When They’re Dead, la prestation graphique de Simone Di Meo est tout bonnement impressionnante à travers son trait fin et précis. Le design des vaisseaux est très détaillé, et ses dieux sont magnifiques et imposants. Ils sont mis en valeur grâce à l’utilisation de pages entières, pour permettre au lecteur de se rendre compte de leurs imposantes statures. Son sens du découpage très dynamique, se démarque d’un découpage classique, par le fait qu’il s’affranchit régulièrement des règles établies. De ce fait, il sera plus posé lors des scènes de dialogues, alors que Di Meo jouera avec les cases pendant des scènes plus mouvementées.

En dessinant via des outils numériques, il met l’accent sur les effets de mouvements, d’explosions, se permet des prises de vue différentes, en fonction de la focale voulue, dans des scènes d’action dynamiques. 

L’excès d’effets visuels peut ne pas être au goût de certains lecteurs, la lecture des planches pouvant parfois être difficile à déchiffrer. On pourra aussi lui reprocher de pêcher sur le chara design de certains personnages, qui semblent très ressemblant au niveau des visages, mais il arrive tout de même à leur donner une identité graphique propre et du charisme.

Al Ewing & Simone Di Meo parviennent à nous proposer une fresque cosmique originale, tout en proposant une histoire qui tient en haleine tout du long, grâce à  une parfaite maîtrise de la narration. Et dont le dessin arrive à nous faire rêver.

We Only Find Them When They’re Dead, par Al Ewing & Simone Di Meo, Hi Comics (2 tomes disponibles)

Traduit par Nadège Gayon-Debonnet


Image principale & extrait : © Al Ewing / Simone Di Meo / Boom ! Studio / Hi Comics

© Al Ewing / Simone Di Meo / Boom ! Studio / Hi Comics
© Al Ewing / Simone Di Meo / Boom ! Studio / Hi Comics
© Al Ewing / Simone Di Meo / Boom ! Studio / Hi Comics
Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail