Avec déjà une myriade de titres estampillés X-Men, il en manquait tout de même un au compteur. Celui qui ne compte aucun adjectif, le pur et cru, le X-Men version All-Stars. Alors Marvel a convoqué deux artistes dont le nom fait vibrer les lecteurs de comics et leur a donné un terrain de jeu. Panini tenait là une série qui ne pouvait que rentrer dans sa collection Marvel NOW!.

"Je suis de retour."
Si Brian Wood est bien connu pour ses œuvres personnelles, comme DMZ, Local ou Northlanders, les travaux de commande qu'il peut écrire sont beaucoup plus inconstants. Le scénariste marchant à l'envie, il peut être traversé par de véritables éclairs de génie tels que sa relecture de Conan le Barbare tandis qu'il peut aussi produire des œuvres beaucoup plus dispensables comme Ultimate Comics X-Men. De quelle côté se penche cette série qui a été relancée spécialement pour lui ? Déjà, il part d'un concept assez particulier, en ne mettant en avant que les membres féminins de l'équipe de mutants, avec juste une intervention éphémère du Fauve. Un parti pris un peu artificiel mais qui a le mérite de mettre en avant des personnages qui sont habituellement cantonnés au seul supporting cast. Ainsi, Psylocke et Rachel Grey reviennent sur le devant de la scène et surtout, Jubilée redevient sous la plume du scénariste le personnage si intéressant que l'on avait découvert dans les années 90. Bien qu'elle soit encore un vampire (conséquence désastreuse du tout aussi désastreux Curse of the Mutants), elle regagne cette profondeur et ce décalage d'être une adolescente californienne tout à fait normale dans un monde totalement anormal.
Surtout, Brian Wood fait mûrir son personnage. Sa grande force étant de comprendre et approfondir la psychologie de ses héros, il a bien compris qu'elle n'était plus une frêle jeune fille et montre la force de caractère qu'elle a su gagner au fil des ans. D'autant plus qu'il lui colle un bébé entre les bras, le genre de chose qui a tendance à faire gagner en maturité. Un bébé étrange forcément, qui a été l'hôte d'une vilaine qui a lien avec un autre de ces affreux qui habite la très large galerie d'ennemis des X-Men. Arkea, sœur de John Sublime, qui au lieu de contrôler les être organiques comme son frère, contrôle la technologie. Forcément dans notre monde moderne, c'est rapidement un joyeux foutoir. Surtout quand celle-ci décide d'investir le corps de l'un des androïdes les plus puissants de cet univers. Vous l'aurez compris, nous sommes face à un récit qui va aller dans la situation spectaculaire, le genre d'histoire où les pouvoirs sont mis à rudes épreuves et où l'affrontement devient le moteur de la narration. Pas vraiment de pause dans les trois premiers numéros assez denses, d'ailleurs.

"L'ordinateur m'a ri au nez."
En fait, le principal soucis dans ce premier arc assez court, c'est que l'on se fiche un peu de la menace. Pas très originale, encore plus monomaniaque que son frère et qui, surtout, n'a absolument aucune implication émotionnelle. Le plus intéressant finalement, ce sont les relations que noue Wood entre les différentes protagonistes. Le reste, à vrai dire on s'en fiche un peu, la menace arrive, elle fait tout exploser et vocifère très fort. Très bien, mais il n'y a pas assez d'enjeux, d'implications émotionnelles, pour que cela affecte le lecteur. Surtout que si le scénariste fait la part belle à l'action, nous aurions aimé qu'Olivier Coipel, l'un des meilleurs quand il le veut, se montre à la hauteur dans ses pages. Seulement, on ressent un gros manque d'implication du frenchie, qui nous livre certes de jolis dessins et de jolies compositions, mais loin de son meilleur niveau. Un peu dommage, on s'était un peu précipité sur ce titre à cause de lui.
Reste un quatrième épisode où Brian Wood rappelle une nouvelle fois qu'il n'est pas un scénariste lambda. Aidé ici par le dessinateur David Lopez qui s'applique à faire un découpage au cordeau, avec des pages dans la banlieue ensoleillée de Los Angeles qui nous rappellent les plus belles heures de Blink-182, le scénariste semble libéré du poids de la si encombrante continuité. Il se concentre ici sur une ambiance et sur les relations qui agitent tout ce beau monde. Si le règlement de compte entre les X-Women est déjà savoureux par certains dialogues, c'est la relation de longue date entre Wolverine et Jubilée qui est ici magnifiée. Le temps d'un après-midi californien, nous sommes les témoins d'une amitié forte et émouvante, d'une grande force émotionnelle. Toujours juste, Wood montre toute la subtilité de son écriture en utilisant autant les non-dits que les dialogues intelligents, en ne sombrant jamais dans le pathos et en arrivant à poser la situation au mieux, comme s'il faisait une pause bienvenue dans son récit pour poser les bases de son équipe. Tout ça avec un talent qui force le respect quand il n'est pas en courant alternatif.

Cette nouvelle série des X-Men est une grande source de frustration quand on voit le talent que peut déployer Brian Wood dans son dernier épisode alors que le reste, sans être mauvais, ne parvient que difficilement à retenir l'attention. Surtout qu'Olivier Coipel semble aussi prendre cette série à la légère - peut-être à cause de son statut d'artiste caméo, ne déployant pas tout son génie dont on connait pourtant l'étendue.






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