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par Corentin - le 6/02/2018
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par Corentin - le 6/02/2018

Rencontre chez Hi Comics avec Sullivan Rouaud, directeur de collection

La semaine dernière, arrivaient dans les étales françaises les deux premiers titres de la collection Hi Comics, jeune éditeur né des braises (refroidies) de Milady Graphics et relancé autour de l'ex rédacteur en chef du réseau ARTsSullivan Rouaud. Une rencontre forcément un peu spéciale, où le désormais directeur de collection tient à mettre les points sur les i.

Dans un pan non rentranscrit ici bas, celui qui se charge du présent des Tortues Ninjas et de Rick & Morty sous nos lattitudes, entre autres titres indépendants arrachés à l'anonymat d'éditeurs lointains, salue le lectorat de nos sites et assure une totale transparence sur sa collaboration avec la maison mère, Bragelonne. Plus que l'ex-collaborateur, c'est en sa qualité de véhicule de la culture comics que nous avons retrouvé Sullivan dans les quartiers de Hi Comics, l'occasion d'avoir un avis (plutôt rare) sur le monde de l'édition en France, et les projets d'une société qui vient densifier l'importation de titres anglophones pour nos lecteurs locaux. Une rencontre à suivre pour comprendre le projet et les ambitions déployées.

Hi Comics, le Milady 2.0

Hi Comics est le second projet de publier du comics chez Bragelonne, une société à qui on doit davantage dans la littérature non-illustrée, spécialisée en fantasy et en science-fiction. L'envie d'une suite à Milady Graphics naît des années après l'abandon d'une première mouture, qui aura eu ses succès parmi lesquels Locke & Key. Le directeur de collection nous en parle, et de son projet personnel vers l'édition.

J'ai quitté ARTS il y a un an maintenant, quand s'est prise la décision d'arrêter ce métier, et d'arrêter ARTS à l'époque. J'avais pas mal de propositions dans le monde de l'édition, celle de Bragelonne m'intéressait beaucoup pour cette possibilité d'être directeur de collection, et de monter ma collec' avec des gens qui ne me connaissaient pas, c'est à dire un honneur énorme pour quelqu'un qui n'a pas d'expérience, évidemment.

Très vite s'est imposée l'idée de remonter une collection qui serait le nouveau Milady Graphics, d'abord sur la découverte d'auteurs indépendants. D'auteurs qui ont besoin qu'on parle d'eux, qu'on les publie, et qu'on les publie bien surtout. Des gens comme Ales Kot méritaient grave d'être publiés, depuis longtemps. Chez Bragelonne, il y avait l'envie de le faire, et l'impression que c'était possible.

D'autres éditeurs étaient sur son cas (Kot) depuis longtemps, et coup de bol pour nous on est arrivés au moment où il a fait un truc qui s'appelle Generation Gone, quelque chose de plus mainstream que ce qu'il fait à côté, qui c'est vrai, n'avait pas trop sa place dans le monde de l'édition en Français. Idem pour The Few, aucun des concurrents actuellement n'aurait choisi de publier The Few. I Kill Giants c'est pareil : graphic novel, one-shot et en noir et blanc. C'est le cauchemar de l'éditeur, sans le film à côté, peut-être même que je n'aurais pas pu le publier.

Forte de deux titres sur le marché pour le moment, cette fameuse collection déroule un projet à long terme : Maestros de Image Comics, le fameux I Kill Giants (on y revient) ou encore Shirtless Bearfighter, une série dont on vous aura plusieurs fois parlé sur COMICSBLOG, coup de coeur récent au sein de la rédaction. 

Mais le monde de l'édition n'est pas un pari sans prises de risques en France. Devant un marché où le lectorat préfère encore et toujours les auteurs locaux et les licences bien installées, le pari fou d'amener des auteurs sans base de support mainstream est à considérer, et c'est tout net que Hi Comics assume ce risque, comme Urban à ses débuts, avec le soutien de grosses machines nées du trans-média.

Bien sur, il y a une vraie prise de risque - c'est pour ça qu'on a aussi choisi de mettre deux licences derrière, Rick & Morty et Tortues Ninjas qui sont là aussi pour faire tenir les comptes en fin d'année. Parce que tous les bouquins en indé'... En fait, quand tu publies en indé', tu n'as aucune garantie de faire de l'argent.

A part quand tu publies, je ne sais pas, à la rigueur Saga, Black Science ou Descender, et encore, même un truc comme Descender n'est pas à la hauteur de ce que ça devrait. Alors qu'à l'inverse, quand tu pars sur quelque chose de connu, de sécuritariste pour le lecteur de type Rick & Morty, ou Tortues Ninjas, tu laisses les gens dans leur confort, tout en proposant un truc à la fois inédit et de qualité. Je suis super fier que ce soit justement nos deux licences, ça aurait pu être Super Nanas, Transformers ou d'autres choses qu'on m'a proposé.

Rick & Morty par exemple, les comics ne sont pas juste un produit dérivé mais vraiment un élément de la continuité de la série, des storylines comme Evil Morty sont beaucoup mieux développés en comics que dans la série télé'. De même pour Tortues Ninjas, j'ai vécu l'engouement quand j'étais chez ARTS, j'avais contacté Soleil à l'époque plusieurs fois pour savoir où ils en était, on me répondait "non, nulle part", et c'est une vraie fierté de pouvoir continuer Tortues Ninjas en France. Même si l'annonce officielle n'a pas encore été faite, le secret s'est éventé, ce n'est même plus un secret. J'espère qu'on aura le plus de transparence possible entre ce que je fais dans le bureau la journée et le travail vers les lecteurs.

2018, qu'est ce que l'éditeur?

Puisque nous en avions un sous la main - malléable, car débutant - nous en avons profité pour interroger Sullivan sur le métier d'éditeur. Un poste qui reste en définitive l'un des plus cloisonnés, voire secrets dans le monde de la BD, où on a plutôt tendance à considérer l'auteur ou bien simplement le libraire du fait d'un contact plus direct. Voilà quelques bribes d'information sur ce boulot de véritable passeur culturel, qui s'opère ici entre deux continents.

Personnellement mon travail va consister à aller directement parler aux auteurs en amont, parfois avant même que la série existe. Ce n'est pas un rapport d'éditeur à agent qui me propose des trucs à acheter. Chaque auteur est représenté par un agent, beaucoup d'auteurs passent par le même agent, quand il s'agit d'Image. Des licences, comme Rick ou les Tortues tu vas passer directement par Cartoon Network (ndlr : Adult Swim) ou Nickelodeon. Donc, évidemment, rien à voir au niveau de la négociation ou des droits et compagnie. Chez Bragelonne, je m'occupe réellement d'édition. Les réseaux sociaux, je ne m'en occupe pas, le marketing ce n'est pas vraiment moi, le juridique non plus, je négocie avec les auteurs mais les contrats ce n'est pas mon travail directement. 

Avec des éditeurs plus gros ou plus anciens comme Urban on n'a vraiment pas la même méthodo' de travail, et je pense que ces méthodes se complètent : personne ici n'a la prétention de faire ce que fait Urban, que ce soit en termes de volume ou de chiffre d'affaire à l'année. Et c'est normal, ils ont Vaughan, Batman, cinq ans d'installation derrière eux. Ils ont essuyé beaucoup de plâtres.

Faudrait regarder avec les chiffres au début, mais ils ont surement maximisé leur prod' par cinq en cinq ans. C'est aussi difficile de tout suivre, de tout accompagner, et c'est le cas dans 70% des maisons d'édition qui bossent avec de très gros volumes. On ne joue pas au même jeu, c'est l'AS Monaco face au PSG, vraiment. Delcourt ce serait Lyon, et Glénat, Marseille.

Débarqué plutôt récemment dans le milieu, Sullivan aura pris tel quel quel l'intitulé "directeur de collection", et malgré un nombre restreint de parutions, l'envie de se chercher une ligne propre qui ne passe pas que par la production concurrentielle. Dans l'idée, chercher les thèmes politiques, sociaux, et à l'image de ce que propose la série Rick & Morty, un compromis entre le sérieux, les idéaux et le plaisir qui se bousculent souvent dans les cultures de l'imaginaire.

D'une manière générale, l'éditeur tient ici à rester transparent, et n'entend pas maintenir le flou supposé par un public qui tendrait à fantasmer la verticalité de ce métier. Hi Comics se présente comme conscient de ses propres limites, et des limites des mécanismes du marché.

On travaille pour proposer une chaîne sur Youtube qui décrit le boulot d'éditeur, où dedans j'aimerais que mon expérience profite aux gens qui seraient comme moi, venus de nulle part ou sans expérience, et qui aimeraient comprendre ce qu'est le métier d'éditeur.

Déjà c'est un métier qui est très différent selon que tu fasses de l'achat de droit ou que tu ne publies que des créa' originales. Et tu peux faire les deux. Mais il y a des processus, des milieux différents, des gens à connaître, des mondes fermés. Chaque boîte a son propre processus, il y a un milliard d'aspects à la sortie d'un bouquin - ça passe par huit à dix corps de métiers différents avant d'arriver chez le lecteur. Un truc qu'on aurait tendance à oublier quand on voit ça de l'extérieur, mais le moindre détail est réfléchi. 

A savoir ce que j'aurais envie de faire, la réponse simple serait : de la qualité. Et si tu me demandes si la qualité fait vendre, la réponse d'éditeur serait de dire "oui, évidemment !", mais, on sait que ce n'est pas une réalité. Donc ton ambition devient, en l'occurrence, de faire comprendre que tu peux publier de la qualité, de faire mentir l'idée que tu ne vends pas si tu essayes de ne faire que de la qualité.

Et qu'une collection peut être une collection, si on envisage les comics comme un ensemble. Comme il n'y pas a énormément de bouquins dans l'année, je pense que les gens peuvent voir où je veux en venir, et défendre cette thématique sociale, politique, féministe même. Il y a une logique derrière ça, et même sur des titres qui ont juste l'air marrant genre Shirtless Bear Fighter, il y a aussi beaucoup plus que juste une série d'humour, c'est avant tout un super bon bouquin.

Edition et réalités d'un marché

Si le lancement d'un nouvel éditeur est de l'ordre d'un petit événement en ce début d'année, on n'oublie pourtant pas l'état des ventes en ce moment. Là où les comics se seront importés massivement chez nous depuis des années, l'inquiétude d'une bulle ne cesse de revenir dans les discours, mais n'aura pas freiné Bragelonne dans cette envie de continuer à abreuver les communautés de fans sur place.

En aura en revanche découlé des choix : éviter la surproduction, s'offrir les fameuses licences pour amortir les indépendants, et proposer un travail de suivi afin d'éviter qu'une oeuvre ne tombe trop vite dans l'oubli. Une manière de travailler qui naît d'une approche réaliste, et adaptée à une concurrence qui fuse de tous côtés.

Les ventes, je ne vais pas dire que ça me concerne pas parce que le job en dépend évidemment, mais c'est pas réellement une finalité. En tout cas, j'espère que tous les bouquins indé' ne vont pas tous se planter et survivre juste grâce à Tortues Ninjas et Rick & Morty, et qu'on aura un vrai duel pour s'installer. C'est vrai qu'il y a une vraie saturation sur le marché, une vraie concurrence sur le marché, nous on a la chance d'avoir les plus beaux bouquins, c'est déjà une arme ! (rires)

Par rapport au développement du marché, je suis d'accord avec le fait que le lectorat n'a pas suivi. Par rapport à l'explosion du marché, si le chiffre d'affaire devait avoir suivi de 10% d'augmentation ? Ça ne s'est pas produit. Mais, si on suit seulement les chiffres, on oublie pourquoi on fait ce métier. Si on suit la logique du marché, Extremity ne sort pas en France. Ce serait un drame que ça ne sorte pas. Sur aucun bouquin que j'édite, je me dis qu'on ne devrait pas le sortir. Et tous les éditeurs te diront ça, et c'est comme ça que se sature le marché. Tous les éditeurs ne placent pas tous le besoin au même endroit et c'est normal, mais c'est la dynamique.

Sullivan assure de son côté avoir une indépendance éditoriale totale vis a vis de Bragelonne, oeuvrant avec Claire Deslandes, ex Milady, à un travail de synergie entre l'envie de trouver le meilleur bouquin et de le commercialiser efficacement. L'éditeur nous explique ainsi la difficulté de proposer un titre TMNT sans utiliser l'appellation Tortues Ninjas en France.

De même, la société n'oublie pas les vieux lecteurs des collections de l'époque, et proposera tout bientôt la fin de Locke & Key dans une édition reliée imitant les tranches et le format des bouquins de Milady. Ce, pour permettre aux collectionneurs de présenter une version à l'esthétique unifiée de sa série en bibliothèque - problème, les nombres éditions souples, cartonnées et autres empêcheront de faire plaisir à tout le monde. On en arrive à ce moment là à la sacro-sainte question de la mise à disposition, et du calcul sur les ventes qui se décident dans les bureaux. 

Un bouquin, tu ne peux pas le tirer en trop d'exemplaires. Parce qu'ensuite tu auras les retours, et tu devras les détuire littéralement. Ça coute très cher en impression et en étalonnage. C'est pour ça que beaucoup d'éditeurs ne rééditent pas, parce que ça leur coûterait trop cher de rééditer, où le calcul se fait à un niveau de potentiel de ventes. Imaginons que tu aies 8000 lecteurs, et que tu tires 6000. Tu te dis, ensuite, bon, il me reste 2000 lecteurs à faire.

Est-ce que c'est rentable de repartir dans un second processus d'impression ? Tout le monde ne se dit pas ça, parce que tu dois estimer le coût unitaire du bouquin, le coût marketing, de l'offre demandée, et de la plus-value des éditeurs.

En évoluant dans la discussion, Sullivan nous présente aussi I Kill Giants, un titre qu'il présente lui-même comme un merveilleux impubliable. Une excellente BD de la catégorie des cauchemars d'édition. Interloqués, je lui demande en quoi le format du roman graphique ne se prête pas à notre marché, pourtant plus coutumier de ce genre de parutions qu'aux ongoings numérotées courante outre-Atlantique.

En France on a beau avoir la culture de lecteur de graphic novel, les comics ne sont rien par rapport à Astérix et Blake & Mortimer. Le marché ne réussit pas assez par rapport à toute la production qu'il y a. Chaque Brubaker ne connait pas le succès qu'il mérite même si les temps changent avec Fondu au Noir, et pourtant on ne va pas arrêter de publier de tels bijoux sous prétexte que ce ne sont pas de francs succès d'édition.

C'est clair que c'est un problème, l'explosion du marché de la BD. Mais, dans mon cas personnel, on ne m'a jamais dit "prends en compte la saturation du marché comme un frein". J'ai une lecture dessus, et les autres éditeurs aussi, la seule piste qui m'a éventuellement guidé c'était de se dire "sache que ça existe". Et en ont découlé des choix - sinon j'aurais sorti cinquante albums! Là, je me dis, non, j'ai dix tortues, trois Rick & Morty, et le reste ce sont des indé' avec qui se faire super plaisir. 

Une des réponses trouvées par Hi Comics pour la promotion d'I Kill Giants passera donc par un événement de suivi : l'éditeur organisera une Nuit au Max annoncée dans les prochains mois autour du thème des géants. Y seront projetés Colossal et Le Géant de Fer, en attendant une autre date à l'Absurde Séance à Nantes à annoncer plus loin dans l'année. Le film n'ayant pas prévu d'exploitation en salles, il s'agira vraisemblablement des deux seules projections cinéma hors festival dans l'année, en plus de Gérardmer le week-end dernier.

Planning, décisions, ambitions

Hi Comics vient donc de se lancer : l'éditeur nous aura déjà annoncé de jolies réussites sur la (bonne) adaptation comics de Rick & Morty, et un suivi en accompagnement entre les Tortues Ninjas et Nickelodeon - l'indépendant, légèrement plus variable, reste l'expectative principale.

Quant au projet de l'année, Sullivan se veut pragmatique et ne compte pas brûler les étapes.

Pouvoir être un petit phare des quelques éditeurs de comics en France aujourd'hui, c'est déjà suffisant. Que les séries plaisent aux gens, que les bouquins plaisent aux gens. Si le lectorat peut voir où je veux en venir avec l'édition Américaine, tant mieux. 

L'idéal actuellement c'est de bien publier Rick & Morty et Tortues parce que c'est important pour la boîte. Ensuite, il y aura du Maestros, I Kill Giants, Generation Gone, et la trilogie Warren Ellis. On va publier une intégrale de Supergods, Blacksummer et No Hero, les trois séries Avatar Press qui avaient été éditées à l'époque par Bragelonne, pour ceux qui les ont loupées, parce que c'est vraiment bien.

Evidemment, impossible d'imaginer cette première année sans un gros présentiel sur les salons. La compagnie aura déjà annoncé la venue d'Ales Kot sous nos lattitudes, mais dans l'idéal, tous les auteurs concernés par les publications de l'éditeur seraient les bienvenues. D'une manière plus général, on n'oublie pas que l'intitulé du job implique ce boulot de terrain, et Sullivan n'hésite pas à citer une autre société récente dont le renom s'est fait directement au contact du public.

On discute avec Warren Ellis en ce moment, j'échange quelques mails avec lui pour voir où il serait possible de le faire venir. Ce ne serait sûrement pas à Paris, sûrement juste une date en province, à Nantes en l'occurrence. C'est différent des salons, on va surtout faire tout le circuit du Toulouse Game Show, les Utopiales, peut-être Quai des Bulles et Comic Con. Steve Skroce sera là pour Maestros plus tard. Ales Kot j'ai prévu de le faire venir aussi. Le but est que ce soit une fête de la culture comics.

Notre rôle sur les salons c'est vraiment d'imiter le modèle Bliss Comics, ils ont fait un travail formidable, ils ont fait mentir tout le monde et ils font des chiffres vraiment honorables grâce à leur présence en salon. Avec deux trétaux, un kakémono. Et c'est du boulot de passionnés, moi le premier je pensais que ça ne prendrait pas et les gars ont réussi leur pari avec juste beaucoup de travail. Je pense qu'on a les mêmes références sur le sujet, et ça, c'est pareil, ça fait aussi reculer l'idée que le marché est déjà saturé en fait.

Vous retrouverez donc Hi Comics et son directeur de collection tout au long de l'année sur différentes rencontres, et peut-être un Warren Ellis à son côté si les planètes s'alignent autour du brillant barbu. On remercie en attendant Sullivan Rouaud pour cette rencontre, en souhaitant aux équipes le meilleur possible pour cette nouvelle aventure.

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