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par Alfro - le 14/07/2014
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par Alfro - le 14/07/2014

Area D - Tomes 1 & 2, la critique

Nouvelle série lancée en grande pompe par Pika Édition à l'occasion de la Japan Expo 2014, le seinen Area D avait l'avantage de faire parler de lui avant même d'arriver dans les rayons des librairies. Tout ça grâce à une équipe créative au format All-Stars qui a la lourde tâche de confirmer ici tout le bien que l'on pensait d'eux sur leurs séries précédentes.

"Ce qu'il touche tombe en pièces !"

Dès les premières pages de ce manga, l'inspiration de Kyouchi Nanatsuki parait évidente. Lui qui avait créé un monde à part dans The Arms Peddler prend ici un angle d'attaque plus commun, avec un événement inexpliqué (dont la cause serait l'explosion d'une étoile) qui a donné des pouvoirs surhumains à une partie de la population. Entre les X-Men et Heroes en somme, une relecture de ce qui arriverait si soudain certains transcendaient leur condition humaine. Certes cela a été fait et refait, mais si ce pitch de départ est convenu, c'est que va en faire le scénariste qui devient intéressant. En effet, s'il utilise encore ce fameux précepte qui dit que ce n'est pas le pouvoir qui fait l'homme, que ce dernier est libre de l'utiliser pour le bien ou le mal, les conséquences qu'il nous livre sont intéressantes. Ainsi, puisque certains se sont servis à mauvais escient de leurs nouvelles capacités, tous les mutants, appelés ici les Altered, se retrouvent déportés sur une île-prison mystérieuse, la fameuse Area D.

Une fois ces bases posées, il lui faut introduire le casting, et notamment le héros qui nous accompagne dans la découverte de ce monde étrange. Ici aussi pas de surprise, Satoru Iida est un lycéen renfermé, effrayé et complétement perdu. Le genre de personnage que l'on retrouve sans cesse mais qui va gagner en intérêt grâce à son pouvoir : celui de démonter tout ce qu'il touche. Pas le plus impressionnant des pouvoirs, même visuellement, mais qui va avoir l'avantage de libérer celui qui est vraiment le héros, un Altered de classe S, un gros balèze en somme. Son pouvoir est lui  aussi vu et revu, mais la façon dont il est mis en scène est particulièrement superbe. Car ici, c'est l'action qui va primer. L'histoire avance de mystères en mystères mais surtout ne donne aucun temps mort à notre équipe de héros qui se monte rapidement dans le premier tome autour de Jin, ce fameux classe S. Une petite fille qui a lien avec une dimension parallèle, un calculateur qui n'a pas encore révélé son pouvoir, une passe-muraille qui est l'atout-charme de la série. D'ailleurs cette dernière montre la réflexion qu'ils ont porté sur leurs personnages, si elle passe à travers les murs, ce n'est pas le cas de ces vêtements, ce qui l'oblige à faire quelques ajustements.

"Ce ne sont pas des monstres mais des hommes !"

Si le premier tome est presque exclusivement consacré à cette équipe qui se monte, se déroulant sur le bateau qui les mène vers l'Area D, il faudra attendre la fin de celui-ci et surtout le deuxième tome qui va vraiment établir où se déroulera et l'ambiance de la série. Car au moment où ils vont poser les pieds sur cette île, nous plongeons définitivement dans un univers où l'absurde, le directeur de la prison est un lapin humanoïde grotesque en livrée de valet, côtoie l'horreur, quand la véritable nature de l'infirmière est révélée. Nous sommes dans un Battle Royale au décors dystopique où chaque personne croisée est dôtée de pouvoirs terrifiants. Cela va sans dire que ça va partir très vite en sucette. Le récit avance tête la première dans un déluge d'action et de retournements de situation spectaculaires, sans en oublier pour autant de poser quelques questions sur la nature humaine et de poser des indices sur les nombreux questionnements qui émerge de ce scénario qui se veut volontairement cryptique.

Pour mener à bien ce grand ouvrage, Nanatsuki peut compter sur son dessinateur Yang Kyung-Il. Le Coréen livre ici des pages toutes aussi magnifiques que dans le Nouvel Angyo Onshi, même s'il laisse tomber l'encrage omniprésent pour délivrer un travail plus numérique et plus classique, d'avantage proche des standards japonais mais tout aussi magnifique. S'il s'éclate avec les décors en ruine, c'est surtout sur la mise en scène des combats et des pouvoirs qu'il illumine les pages de ce manga. Prenant le parti de dépeindre ces pouvoirs dans leur aspect le plus esthétique qui soit, préférant leur effet visuel à une cohérence scientifique qui de toute façon n'a plus vraiment court quand quelqu'un est capable d'invoquer des flammes par sa simple pensée, il les met en scène de façon magnifique. Au sommet du dynamisme et de l'impact laissé sur le lecteur, le dessinateur livre un découpage puissant et pourtant toujours clair. Surtout qu'une fois sur l'île, il peut donner libre cours à ses envies de chara-designs, toujours très soignés. Une cerise sur le gâteau pour cette série qui commence sur de très bonnes bases.

Area D rentre dans le vif du sujet et dévoile un début extrêmement équilibré. Le manga de Nanatsuki et Kyung-Il s'impose comme une série à suivre, confirmant les qualités des deux artistes qui savent parfaitement s'accorder l'un à l'autre. De cette symbiose nait une série qui commence doucement, histoire de bien préparer le terrain à ce qui pourrait être l'une des séries les plus excitantes de l'année. Pas vraiment une surprise quand on voit les noms sur la couverture, mais il leur fallait confirmer, ce qu'ils ont fait avec style et énergie.

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