ReLife - tome 1, la critique

Phénomène au japon, la série ReLife, de l'auteure Yayoiso, était diffusée sur internet depuis 2014, avant d'arriver couchée sur le papier, y compris en France, qui peut désormais compter sur le premier tome de cette nouvelle histoire depuis quelques semaines déjà, grâce aux bons soins de l'éditeur Ki-oon.

Et pour vous présenter ReLife, il suffit d'imaginer une peur qui est sans doute commune à toute une (jeune) génération de lecteurs, celle de retourner à l'école, à l'heure où l'on rentre dans une vie adulte certes pleine de promesses, mais également bourrée de déceptions. C'est tout le sujet de l'œuvre de Yayoiso, qui va partir de ces (ou peut-être ses) angoisses pour nous raconter l'histoire d'Arata, un jeune homme de 27 ans.

Sans boulot et sans avenir, malgré ses capacités et son ambition, le personnage est un digne représentant de la "génération Y", de la "génération Tanguy" et de tous ces termes inventifs et franchement insultants chargés de désigner la jeunesse. A court d'options, il va accepter, lors d'une soirée bien arrosée, une expérience qui le ramènera au lycée, et qui lui permettra de subvenir à ses besoins. Une gélule - qui dissimule son âge - plus tard, le voilà de retour sur les bancs de l'école.

Ceux qui auront ne serait-ce qu'une fois fait ce cauchemar qui consiste à revivre les années les plus ingrates et/ou les plus folles de leur jeunesse se reconnaîtront ainsi immédiatement dans l'histoire de l'auteure et dans son personnage principal, touchant et terriblement familier. En quelques pages, l'identification est totale, et elle permet à Yayoiso d'explorer les craintes et les problèmes d'une génération plus complexe qu'une simple lettre en majuscule.

Au fil des chapitres, qui prennent la forme de petits rapports de l'expérience susnommée, on est ainsi touchés, amusés, et tout simplement impliqués dans la vie quotidienne d'Arata, qui revit ses années lycée en même temps que nous nous souvenons des nôtres. Et il faut reconnaître à l'auteure une précision certaine : en quelques mots ou avec une situation bien particulière, on rajeunit de quelques années, et on se sent franchement bêtes.

Une sensation qui témoigne de la qualité narrative de ReLife, qui s'avère hélas un peu plus léger du côté des dessins. Certes, le trait est appréciable et l'ambiance lycéenne ne nécessitait pas des planches spectaculaires, mais on aurait aimé plus de détails visuels, ou plus de folie dans la composition, qui n'arrive pas à transcender ses origines de web-comic. Un travail plus abouti aurait d'ailleurs évité à l'œuvre des passages un peu plus flottants entre deux scènes marquantes, qui eux aussi, nous renvoient directement à la genèse numérique de la série. Mais on vous rassure, rien d'assez méchant pour nous faire regretter la lecture.

Dans les industries créatives, les jeunes sont partout, mais peu d'artistes parviennent à les saisir dans leur complexité et dans leurs troubles. Avec ReLife, Yayoiso nous prouve qu'elle fait partie de ses auteurs qui incarnent et comprennent merveilleusement bien la jeunesse, dans un récit touchant, drôle et tout à fait pertinent quant aux réalités du monde moderne. Si vous avez envie d'explorer tous ces sujets ou simplement de revenir à vos années lycée, c'est à ne pas manquer.