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par Thierry Soulard - le 11/08/2021
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par Thierry Soulard - le 11/08/2021

Tower of God, par SIU

Tower of God, le phénomène webtoon coréen lancé en 2010, est enfin traduit en français et disponible en format papier. Plongez dans un univers haut en couleur et bourré de mystères.

Tower of God, de SIU, éditions Ototo Manga

Qu’est-ce que Tower of God ? Un webtoon coréen paru en 2010 en Corée du Sud, et qui avait provoqué un véritable phénomène sur internet.

2010, c’était une autre époque, celle où internet réinventait la Bande dessinée. En France et en Europe, les blogs BD étaient florissants, et des artistes comme Boulet (découvrez notre live en sa compagnie), Pénélope Bagieu (alors Pénélope Jolicoeur), Maliki ou Laurel se bâtissaient une solide fanbase en expérimentant de nouvelles narrations numériques et en court-circuitant les circuits éditoriaux traditionnels. En Asie, des procédés similaires étaient en œuvre, et Tower of God en faisait partie : un webtoon écrit sous un pseudonyme (SUI, initiales de Slave In Utero, dont le vrai nom est Lee Jong Hui), et publié gratuitement en ligne.

Plus de dix ans plus tard, la série est toujours en cours, et a connu plusieurs arcs narratifs différents. Elle a droit à son adaptation en anime, à son jeu pour téléphone mobile, et a été traduite en une trentaine de langues. Et la voici qui arrive, enfin, en français.

Une narration très efficace

Que découvre-t-on en ouvrant Tower of God, alors ?

Déjà, un format particulier, pensé pour le web : de grandes cases, quasiment jamais plus de 4 par page, et très souvent une seule. Un dessin (montrant pour ce premier tome, rappelons-le, ce que l’auteur faisait il y a 10 ans…) qui est loin d’être particulièrement fin ou maîtrisé, même s’il se réserve la possibilité de surprendre, avec des arrière-plans riches et recherchés sur lesquels se détachent des personnages à peine esquissés, ou parfois des jeux de lumière réussis qui donnent de belles ambiances aux scènes.

En revanche, dès les premières pages, on peut voir un art du cadrage et de la narration très efficace – côté dessin, Tower of God s’apparente parfois autant à un storyboard qu’à un manga.

Mais ce qui fait la singularité de Tower of God, c’est son scénario, à la fois très classique et totalement inattendu : familier, mais bourré de mystères.

On y trouve un héros perdu, qui doit gravir une gigantesque et mystérieuse tour pour retrouver son amie. Des personnages surhumains, voir pas vraiment humains, amenés à se battre les uns contre les autres. Des tests, des épreuves, des questionnements et des doutes. Tower of God à tout du shōnen manga classique.

Un univers plein de mystères qui happe le lecteur

On suit donc Bam, jeune homme à la recherche d’une mystérieuse jeune fille sans que nous sachions concrètement ce qu’elle représente pour lui. On le voit arriver dans un lieu étrange, désigné comme le « premier étage de la Tour », et rencontrer un mystérieux administrateur tenant autant du lapin blanc d’Alice au Pays des merveilles que du tueur psychopathe, qui lui dit « Les réponses sont toujours en haut. […] Que vous recherchiez richesse, pouvoir absolu, immortalité, magie ou mystères, dirigez-vous vers le sommet. » En fait, dans ce premier tome, on accumule les questions, mais on nous donne peu de réponses.

Qu’importe : ces énigmes entraînent l’intrigue, et nous voilà happés. Et si on pourrait se croire perdu, le geek en nous se retrouve néanmoins très vite en territoire familier, trouvant ici des codes, conventions et tics narratifs hérités du jeu vidéo (inventaires d’armes, épreuves à surmonter de plus en plus difficiles…), là des chapitres rappelant Sword Art Online, certains arcs de Hunter X Hunter (L’examen de Hunter, la Tour du Tournoi céleste, le jeu vidéo Greed Island…), ou quantité d’autres œuvres de la pop culture récente.

Au final, à l’issue des 192 pages et 7 chapitres de ce tome 1, l’action semble avoir à peine commencée, on ne sait toujours pas grand-chose du monde dans lequel notre héros évolue, mais une chose est sûre : on a envie de lire la suite. Ça tombe bien, les éditions Ototo ont prévu (pour l’instant) de publier le premier arc narratif de cette tentaculaire histoire, qui s’étend sur 10 tomes. En attendant, peut-être, les suivants : l’œuvre compte actuellement 486 chapitres…

Tower of God, de SIU, Ototo Manga


Illustrations © SIU / Ototo Manga

© SIU / Ototo Manga
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