"Deadly Class" tire sa révérence en VF et c'est un petit événement puisque : - Des séries aussi longues en comics, ça n'existe tout simplement plus. - C'est l'aboutissement du plus long titre de Rick Remender. - C'est son chef d'oeuvre. "Deadly Class", c'est "Harry Potter" dans l'univers de "John Wick". Un récit d'initiation et de passage à l'âge adulte pour Marcus, orphelin punk et SDF plongé dans l'univers interlope des assassins. S'inspirant de la propre jeunesse destroy de son auteur, "Deadly Class" est d'abord un thriller d'action nerveux où les coups bas, les manipulations et la tripaille sont légions mais également une profonde introspection sur les idéaux de jeunesse et leur confrontation à l'existence. De son propre aveu, Remender est un dépressif qui exorcise son pessimisme et son cynisme dans ses oeuvres. Son corpus est d'ailleurs la radioscopie de ses atermoiements et de ses questionnements existentiels. "Deadly Class", dont la parution court sur près de dix ans, est en cela sa psychanalyse la plus dense admirablement larvée dans l'écrin d'un récit young adult. Dans cette école pour assassins, on suit une ribambelle d'ados brisés (ou simplement tarés) qui vont cumuler les embrouilles au sein des perverses années 80. Clairement, on n'est plus chez Amblin mais chez son cousin très, très malpoli ! A la place des fééries banlieusardes, une New-York babylonienne, écosystème souterrain fait de punks, de néo-nazis et de cartels dans une Amérique au capitalisme et au cynisme décomplexé. La loi du plus fort règne et tout le monde va s'y plier, de gré ou de force au fil de nombreuses intrigues, de twists retors et d'habiles gaps temporels saupoudrés de sanglantes morts. Mais la vraie tuerie, c'est le dessin ! Une merveille de découpage, de dynamisme, d'encrage et de colorisation à chaque page. Wes Craig opérant une symbiose si rare entre la forme et le fond qu'il achève de rendre "Deadly Class" unique, grandiose et indispensable. PS : C'est aussi super émouvant, notamment les deux derniers tomes !
