Des individus, suite à un événement inexpliqué, se retrouvent dotés de pouvoirs. A quelles fins les utiliseront-ils ? Ce pitch, c'est celui des comics "Rising Stars", "The Resistance" ou encore de l'excellente série "Sense8". Leur point commun ? Le scénariste J. Michael Straczynski, auteur aussi prolifique que génial célébré notamment pour ses runs sur "Spider-man" et "Thor". Son nouveau projet, "Télépathes", part exactement du même pitch. On pourrait même penser à une blague tant JMS ne cache même pas sa redite y compris dans les thématiques et la narration. Du réchauffé ? Que nenni ! JMS est un auteur et il offre avec "Télépathes" une nouvelle variation autour de son canevas. Si le début rappelle "The Resistance" dans son déroulement, la suite va se focaliser sur deux groupes d'individus luttant pour un territoire. Or, JMS utilise son postulat fantastique (encore une fois) comme un cheval de Troie pour parler de la société américaine, de ses errances sécuritaires et de ses injustices sociétales. L'opposition entre les flics blancs et les criminels noirs est lacanienne mais traitée en nuances, l'élément des pouvoirs renversant la table du rapport de force et interrogeant un pays vicié, pétri de contradictions et d'hypocrisie. Dans la myriade d'idées germant du cerveau de JMS, "Télépathes" développe des tas de conséquences inattendues et prospectives sur la capacité de lire les pensées, l'imaginaire fertile de l'auteur convoque ainsi la comédie, l'espionnage, le drame pour finir en vrai blockbuster d'action. L'efficacité du storytelling n'étant plus à prouver, on tourne les pages sans faillir malgré (il faut l'avouer), un Steve Epting inconstant au dessin notamment les visages et postures. Sans révolution mais en réinvention, JMS offre une lecture hautement recommandable dont on attend la suite. On voit clairement comment Hollywood pourrait s'en emparer pour l'adapter et, bien sûr, le vider de sa substance. 😈
