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Édito
par Thomas Mourier - le 21/01/2020
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par Thomas Mourier - le 21/01/2020

2020 année de la BD, les auteurs absents de la fête ?

Le Ministère de la Culture a proclamé cette année 2020, l’année de la bande dessinée et propose une programmation et des relais d’événements pour la mettre en avant. Mais les auteurs semblent absents de cette mise en avant, on vous propose un point sur la situation.

Affiche officielle BD2020 
© Joseph Falzon / Ministère de la Culture

Mise à jour importante de l’article, le 23/01/1019 : Suite aux actions des collectifs d’auteurs et de leur prise de parole, le Ministère de la Culture à publier hier le “rapport Racine” sur son site.

Lire le communiqué de la Ligue des Auteurs Professionnels
Lire le rapport L’auteur et l’acte de création dans son intégralité ici.

2020 année de la BD ?

Depuis plus de 4 ans les auteurs se mobilisent pour alerter sur la précarité de leur situation et leur absence de statut. Que ce soit à travers syndicat, ligue professionnelles, collectifs… qui ont abouti à plusieurs actions et jalons marquants comme les États Généraux de la BD en 2014, une marche des auteurs en plein Festival de la BD d’Angoulême (FIBD) en 2015 ou la mission de Pierre Lungheretti sur une réflexion sur la politique nationale en faveur de la bande dessinée en 2018…

=> Lire notre article sur la situation des auteurs <=

Suite au rapport de Pierre Lungheretti et Laurence Cassegrain : La Bande Dessinée, Nouvelle Frontière artistique et culturelle, 54 propositions pour une politique nationale renouvelée (à consulter ici) remises en janvier 2019, le Ministère de la Culture à lancé #BD2020.

Une mise en avant inédite de la bande dessinée sur tout le territoire, à travers plusieurs entités gouvernementales et toute l’année. Un site officiel regroupe l’agenda des événements et les différentes animations associées à #BD2020.

« Sans auteurs, plus de bande dessinée »

Slogan des auteurs lors de la manifestation de 2015

Le “rapport Racine” disparu de l’agenda du Ministre

À quelques jours du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême (FIBD), le plus gros rassemblement annuel de la profession, les auteurs attendent toujours le “rapport Racine” : un document commandé par le Ministère de la Culture à Bruno Racine pour ouvrir une réflexion sur le statut des auteurs et leur grande précarité.

Un rapport attendu pour le mois de novembre 2019, que le Ministre de la Culture Franck Riester a annoncé dans un tweet comme terminé le 18 décembre 2019. Mais depuis, silence du gouvernement.
Avec un rapport qui ne sera pas remis avant Angoulême.


Marion Montaigne, cette année présidente du Grand Jury du FIBD, adresse une lettre ouverte au Ministre sur France Inter, l’invitant à se réveiller et agir : « Aujourd’hui, ce que nous demandons, pour commencer, c’est de lire le rapport Racine. Contrairement aux éditeurs, nous n’en avons pas peur, nous voulons savoir ce qu’il dit, savoir ce qu’il constate et, surtout, savoir ce qu’il propose […] cette année on veut aller au festival en lisant le rapport Racine dans le train.
On veut que le ministre le retrouve et le libère, qu’on ne finisse pas par croire que cette année de la BD n’est qu’un soutien industriel plutôt qu’une véritable réflexion sur les conditions de la création et de la situation des auteurs.
Nous avons hâte de vous voir à Angoulême, monsieur Riester, mais si vous avez oublié le rapport, s’il vous plaît épargnez le budget de l’État et restez chez vous. »

À écouter ici en intégralité dans l’Émission Boomerang.

« Le rapport Racine est comme le Marsupilami de Palombie : tout le monde en parle, mais personne ne l’a vu ! »

Jul, parrain de BD2020, lors du lancement de BD2020

Une absence soulignée par les voeux du SNE

Coup dur ou provocation, Vincent Montagne Président de Média-Participations et Président du Syndicat National de l’Edition (SNE) a mis de l’huile sur le feu lors de ses vœux du SNE du 9 janvier 2020.

Depuis plusieurs années, les auteurs interpellent les pouvoirs publics sur leur situation complexe et que les Etats Généraux de la BD rappellent que :

  • 53 % des auteurs de BD professionnels vivent avec moins que le SMIC.
  • 50 % des autrices de BD professionnelles vivent sous le seuil de pauvreté.

D’autres chiffres à retrouver dans cette lettre ouverte au président du SNE par la Ligue des Auteurs Professionnels.

Vincent Montagne déclare à propos de la réglementation possible et l’encadrement du statut d’auteur dans l’édition : « Dans ce contexte qui affecte tous les acteurs de la chaîne du livre, la tentation est grande de se tourner vers l’Etat et les pouvoirs publics pour légiférer… toujours légiférer, légiférer pour mieux normaliser.
Proposer par exemple d’inscrire dans la loi une rémunération minimum du prix de vente des ouvrages pour tous les auteurs. Une rémunération basée sur un camembert global, hors sol, totalement inepte de fausse répartition des droits, qui ne tient compte ni des à-valoir non récupérés, ni des droits annexes.
Cette globalisation revendiquée est un non-sens économique construit de surcroît sur une méconnaissance totale de l’économie de l’édition et des spécificités de chaque secteur de l’édition.
Quant à la normalisation excessive, l’histoire nous enseigne qu’elle a des conséquences dramatiques dans le domaine de la création et qu’elle conduirait a minima à la disparition de nombreux auteurs et de nombreuses maisons d’édition, donc à l’appauvrissement de la création littéraire. Au détriment du lecteur et de la société.

Souvenons-nous des mots de Portalis, le rédacteur du code civil « Ne légiférez qu’en tremblant … »

Discours à retrouver en intégralité ici.

Marion Montaigne lui répond, toujours dans l’émission d’Augustin Trapenard sur France Inter « Quand il présente ses vœux, le chef des éditeurs n’oublie pas les auteurs, il a une pensée pour ceux qui sont à la base de toute son industrie et qui vivent pour l’essentiel sous le seuil de pauvreté, qui se débattent dans un cadre administratif absurde et qui travaillent pour rien, ou presque. Il leur dit, je ne veux pas que l’Etat vienne se mêler de notre relation.
Alors pourquoi ? Parce que l’Etat, précisément, a demandé à une commission de se pencher sur la situation des auteurs, et ce texte existe, c’est le rapport Racine, et il semble avoir été égaré par le ministre Riester. »

Une année sous le signe de la bande dessinée qui espérons alertera le public et le gouvernement sur l’urgence de cette situation complexe qui semble empirer au fil des différents gouvernements. N’hésitez pas à consulter les différents documents, à en parler autour de vous, partager en ligne et à nous faire préciser.

💡Pour aller plus loin : 
Être auteur, parcours du combattant

Le site de la Ligue des Auteurs Professionnels : association de 1678 adhérents et rassemble 7 organisations : La Charte, Les États Généraux De La Bande Dessinée, Le Snac, Syndicat National Des Auteurs Et Des Compositeurs, La Guilde Française Des Scénaristes, Sfaal-alf, Alliance Des Agents Littéraires Français, Central Vapeur, L’ADABD, Association Des Auteurs De Bande Dessinée

Extinction Culturelle Française ? : Site d’information et de soutien aux auteurs.

Le site du Ministère de la Culture BD2020


Image principale Affiche officielle BD2020
© Joseph Falzon / Ministère de la Culture

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