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par Thomas Mourier - le 20/11/2025
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par Thomas Mourier - le 20/11/2025

Les pouvoirs publics demandent à l’Association FIBD et 9eArt+ « de tirer les conclusions » en renonçant à l’édition 2026 

Hier se sont succédé deux informations contradictoires, on apprenait que l’édition 2026 n’aurait pas lieu puis 9eArt+ publiait un démenti deux heures après. Aujourd’hui les « partenaires publics du Festival International de la bande dessinée d’Angoulême » ont donné une conférence de presse à Angoulême.

La conférence de presse, visible en ligne ici, a réuni Xavier Bonnefont (maire d’Angoulême), Alain Rousset (président de la Région Nouvelle-Aquitaine); Jérôme Harnois (Préfet de la Charente) et Jérôme Sourisseau (President du Département de la Charente) et demandent a l’organisation de renoncer a la tenue de l’édition 2026 en janvier.

« C’est aux organisateurs, ceux qui ont encore les clefs sur le plan juridique, de prendre une décision » déclare-t-il, car les pouvoirs publics risquent de voir la société 9eArt+ se retourner contre elle et demander des dédommagements en cas d’annulation. Les élus conseillent de renoncer, mais ne peuvent décider à la place de Franck Bondoux. 

Des enjeux financiers qui bloquent 

Mais pour 9eArt+, il y a aussi un autre enjeu financier, celui de « devoir rembourser les arrhes versées par les éditeurs, qui ne les récupéreront pas s’ils décident eux-mêmes de ne pas venir. Des éditeurs qui attendent, par ailleurs, l’annulation ferme et définitive pour décommander les chambres d’hôtel sans tirer un trait sur leurs avances. » Peut-on lire dans un article de Julie Pasquier ce soir dans la Charente Libre (source). 

De même que si le festival est maintenu malgré le boycott et girlcott massif des auteurices [voir nos articles précédents] et l’annonce des maisons d’édition de ne pas participer cette année, les subventions et les aides seront impactées : « en organisant une manifestation qui ne répond pas “aux objectifs prévus”, 9e Art + ne pourra pas prétendre à toucher l’intégralité des subventions. Elles s’élevaient à 2,4 M€ en 2025 sur un budget total de 6,2 M€. »(source)

La ministre de la Culture, Rachida Dati avait annoncé,  mardi soir, vouloir « réduire de plus de 60 % la subvention accordée à l’association » (source), mais dans un point presse qui a suivi, le Ministère de la Culture a rappelé que « Le ministère a été le seul à prendre des mesures à l’issue de l’édition 2025 (marquée par une polémique autour de violences sexuelles supposément étouffées par la direction de 9e Art+), en ne renouvelant pas une subvention de 200 000 € pour cette édition (2025), faute de réponse satisfaisante, notamment aux mesures prises pour la prévention des violences et harcèlement sexistes et sexuels et aux demandes de transparence financière. Cette subvention pourrait être versée en 2026 si les conditions sont réunies. » (source)

Une annonce et contre annonce que le député charentais René Pilato qualifie d’« improvisation d’économie budgétaire lunaire. Entre l’annonce absurde d’une baisse de subventions et le rétropédalage immédiat de ses propres services, ce gouvernement expose au grand jour son amateurisme et son obsession comptable, totalement déconnectés des véritables enjeux culturels. » (source)

« L𝐞𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐯𝐨𝐢𝐫𝐬 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐜𝐬 𝐝𝐨𝐢𝐯𝐞𝐧𝐭 𝐬𝐨𝐮𝐭𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐬 »

Dans son communiqué, René Pilato souligne « que la puissance publique a accordé plusieurs millions d’euros de subventions chaque année, sans exercer le niveau de contrôle et d’évaluation que de tels montants exigent légitimement. » et encourage les pouvoirs publics « à flécher l’intégralité des subventions accordées à 9e Art+ vers la sauvegarde de l’écosystème économique et socio-culturel. L’urgence est de protéger les professionnels de tous les secteurs impactés (artistes-auteurs, éditeurs, professionnels du tourisme et de l’événementiel, librairies, etc.) pour permettre la poursuite de leur travail au-delà de cette crise qui les menace. » (source)

Enfin, ce soir, les équipes du FIBD publient une tribune que nous publions en intégralité, ci dessous

✍️ TRIBUNE DES ÉQUIPES DU FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA BANDE DESSINÉE D’ANGOULÊME
Jeudi 20 novembre 2025


Depuis plusieurs jours, le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême se
trouve au cœur d’un débat public nourri par des tribunes et prises de position. Nous
entendons et prenons au sérieux les inquiétudes et les attentes exprimées par une grande
partie du milieu professionnel : elles méritent d’être écoutées et traitées avec attention.

En revanche, nous, équipes, devons dire que certains propos diffusés ces derniers jours ont
dépassé le cadre de la critique. Des mots ont été employés – sexistes, racistes, validistes,
LGBTphobes etc…- qui dépassent le désaccord et ont profondément blessé des équipes qui
donnent chaque année le meilleur d’elles-mêmes. De nombreuses accusations globales
imputent à l’ensemble du Festival, et à tous ceux qui y travaillent, des comportements qui
ne correspondent pas à nos réalités. La colère peut être légitime ; elle ne justifie pas les
attaques essentialisantes.

Derrière l’institution, il y a des personnes qui exercent leur travail avec professionnalisme
et conviction. Les mots qui circulent aujourd’hui portent préjudice et fragilisent un tissu
humain et professionnel.

Nous rappelons aussi une réalité sociale importante : le Festival est un bien commun. Il a
été façonné par des générations d’auteurs et d’autrices et s’inscrit depuis 1974 dans la vie
d’un territoire qui lui a consacré des moyens et une énergie considérables. Ce territoire
trouve dans le Festival un vecteur d’activité, d’emplois et d’initiatives. Nous demandons que
cette réalité soit prise en compte dans les échanges publics.

Sur le sujet des violences et harcèlements sexistes et sexuelles (VHSS), les équipes du
Festival affirment leur engagement ferme et concret.

Face à la situation, nous formulons plusieurs appels :
À la bienveillance : mesurer la portée des mots et leurs conséquences humaines.
À une parole juste : fonder les échanges sur des faits, la nuance et le respect des
personnes.
Au dialogue constructif.

Nous demandons que chacun renonce aux propos excessifs ou blessants, loin de résoudre
les problèmes, et qui entravent la construction de solutions durables.

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