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par LiseF - le 16/04/2018
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par LiseF - le 16/04/2018

Teddy Bear : noble cause et grand spectacle chez Doggybags

Vendredi prochain sort chez Ankama au Label 619 un tome en one-shot pour Doggybags. Si d'ordinaire les tomes de Doggybags comportent trois petites histoires en BD, ici c'est un seul gros récit qui nous est proposé, mais toujours dans l'esprit de la série. Francesco Giugiaro est au scénario et Jérémie Gasparutto est au dessin pour Teddy Bear, une histoire qui traite... Des enfants soldats.

J'ai beau bien connaître la série des Doggybags au Label 619, j'ai quand même eu une petite angoisse en commencant ma lecture de l'album. La couverture donne tout de suite le ton : on découvre un petit garçon portant un fusil trop grand pour lui, au milieu d'un décor cauchemardesque. Connaissant Doggybags, je sais que l'histoire sera trash et sans concession. Le truc, c'est que cette série a un peu tendance à rire de la violence, à faire dans le second degré. Et on est d'accord que personne ne peut rire de la situation tragique des enfants soldats... Au fil de ma lecture cependant, ma perplexité s'évapore. Francesco Giugiaro et Jérémie Gasparutto parviennent à traiter du sujet en nous racontant à la fois une histoire passionnante, poignante et documentée.

L'histoire tragique d'Odrissa

Nous suivons donc Odrissa, un jeune garçon tout juste enrôlé dans un groupe de rebelles. Le groupe est mené par un fanatique doté d'un masque de lion, et tous ses "guerriers" lui sont dévoués à la vie et à la mort. Persuadé que le destin choisira ses fils, l'homme au masque de lion fait subir de cruelles épreuves aux nouvelles recrues : celui qui survit pourra devenir un rebelle. Odrissa parvient à passer toutes les épreuves et devient officiellement membre à part entière du groupe. Il est alors drogué, on lui bourre le crâne, pour être sûr qu'il soit capable de tuer le moment venu.

Vient alors leur première attaque d'un village. Le jeune garçon se retrouve face à une toute petite fille sans défense. Grisé par la drogue et les discours de ses compagnons, il assassine la fillette et récupère son ours en peluche. Ses camarades exultent et lui donnent son surnom de "guerrier" (je mets des guillemets parce que quelqu'un qui égorge une fillette est plus un lâche qu'un guerrier) : Teddy Bear. L'ours en peluche désigné comme l'amulette du garçon, va peu à peu cristalliser toute sa culpabilité.

Chez Doggybags, parler de sujets graves avec des histoires trépidantes

Ce n'est pas la première fois qu'on aborde des sujets sensibles chez Doggybags : les auteurs de la série ont déjà traité par exemple de la violence dans les cartels de la drogue mexicains. Si le sang giclait et les balles fusaient, le tome n'était pas que du grand spectacle. Des pages de texte nous permettaient d'en apprendre plus sur les conflits, les différents cartels, les méthodes utilisées, les têtes de files de cette guerre sanglante... La violence n'était pas "gratuite", elle était expliquée, documentée.

Ici, c'est un peu la même chose. On découvre là encore au moyen de pages intermédiaires les figures marquantes de l'histoire des enfants soldats, mais aussi des chiffres, des faits... Sans pour autant délaisser le récit. L'histoire est tragique et le trait de Jérémie Gasparutto est fort, beau et torturé à la fois. On est dans la tête d'Odrissa, confrontés aux mêmes dilemmes moraux : faire face à ses jolliers et risquer de se faire tuer, ou marcher avec eux mais devoir tuer des innocents ?

On se sent peu à peu gagné par la détresse du jeune garçon, mais aussi de ceux qui l'entourent puisqu'il va faire différentes rencontres : ici un vieil homme vivant en hermite après avoir perdu toute sa famille, là des orphelins qui se protégent avec des pistolets en plastique... On découvre un pays ravagé par la guerre et la violence, où aucun échappatoire n'est imaginable.

Vous l'aurez compris, Teddy Bear n'est pas un album à lire quand on n'a pas le moral. Mais il a le mérite de nous faire ouvrir les yeux. Captivant de bout en bout, on apprend plein de choses tout en suivant une histoire bien construite du début à la fin. Cette BD débarque le 20 avril prochain chez Ankama.

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