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Critiques
par Jaime Bonkowski De Passos - le 18/05/2021
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par Jaime Bonkowski De Passos - le 18/05/2021

Big G : c’est moi qu’tu r’gardes ?

Sortez la coupe mulet, les teintures violettes, les maillots de bain léopard et un protège-dent en titane : Big G débarque ! Super-soldat du futur ultra vénèr, il trace sa route à Paris-Plage, capitale des États-Unis de France…

© Big G / Jean-Louis Marco & Victor Marco / Fluide Glacial

En 2064 après une terrible guerre mondiale qui dura quelques heures, Paris-Plage est la capitale des États-Unis de France, Marcel Marcelli en est le président à vie, robots-militaires-CRS assurent la loi et l’ordre, et chaque citoyen s’adonne au plaisir de la super-consommation.

Parmi eux, Gérard alias Big G, bad-boy parmi les bad-boy, ex-militaire des services secret à la plastique parfaite et aux compétences surhumaines, tente de vivre sa vie le plus tranquillement possible. Mais il est aussi très irritable, et le faire chier c’est prendre le risque de recevoir un bon coup de boule en pleine tronche. Entre chill à la plage, drague en boîte et missions officieuses pour le président, il vit sa vie de gros dur, et gare à qui se trouve sur son chemin…

Aussi délirant que coloré, aussi WTF que rigolo, Big G est un pur ovni de bande dessinée. Rappelant pas mal les excès d’un Pascal Brutal ou d’un Supermurgeman avec des accents cyberpunk à la Tokyo Ghost, l’album propulse son héros dans des embrouilles toujours plus furieuses au cœur d’une France du futur pas si irréaliste que ça. Les vannes grasses déferlent, le héros se prend tellement au sérieux que ça en devient risible, et ses aventures sont toutes plus ridicules les unes que les autres, de même que les méchants qu’il affronte.

Gros muscles saillants, coupes mulet flashys et slip de bain fluo : le second degrés est partout, et l’humour corrosif un peu bas de plafond tape sur tout le monde (comme Big G). Mais tout cet univers, aussi sympathique soit-il, ne tiendrait pas debout sans un dessin à la hauteur. Bingo : le trait de Jean-Louis Marco est carrément en accord avec l’esprit débridé du récit. Très haut en couleur, la main lourde sur la caricature et inventive dans les décors, le dessinateur prend son pied à chaque case, et ose toutes les expérimentations. Jusqu’à nous mettre dans les yeux de son héros pour voir à travers ses tech-lunettes de combat, ou au contraire à la place du méchant pour recevoir une volée de coups-de-poings-fusion. Jouissif.

Au niveau esthétique comme narratif, on ressent très intensément les inspirations comics mais également manga ou issues de divers jeux-vidéos de baston des années 90′ (pour la tension homo-érotique omniprésente notamment), qui forment un joyeux melting-pot curieusement équilibré. Le résultat ne ressemble à rien de connu tout en ayant un je-ne-sais quoi de familier : on est en terre inconnue mais on s’y sent bien. Les auteurs atteignent en outre un équilibre pas évident mais assez caractéristique du label Fluide Glacial : l’album est bête sans être débile, provocant sans être méchant, original sans être trop perché : il est tout simplement très bon.

En bref, Big G est une délicieuse bulle de SF parodique et audacieuse, superbement dessinée et qui nous propose un univers mine de rien pas si stupide. Car comme souvent avec Fluide Glacial, une fois la première couche un peu potache grattée, on découvre tout un tas de niveaux de lecture et de sous-entendus tout à fait intéressants. À mettre entre toutes les mains (averties).

Big G par Jean-Louis Marco & Victor Marco, Fluide Glacial


Illustration principale : © Big G / Jean-Louis Marco & Victor Marco / Fluide Glacial

© Big G / Jean-Louis Marco & Victor Marco / Fluide Glacial
© Big G / Jean-Louis Marco & Victor Marco / Fluide Glacial
© Big G / Jean-Louis Marco & Victor Marco / Fluide Glacial
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