Après 3 ans et demi de travail, cinq auteurs — Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu Yoann Guillo & Alexis Sentenac — livrent l’ultime aventure de Goldorak. Un album conçu par des fans, avec la bénédiction de Gō Nagai, créateur du personnage & de l’univers, dans une collection dédiée à la rencontre des auteurs français et des trésors de l’animation japonaise.
Vous aviez peut-être vu Capitaine Albator — Mémoires de l’Arcadia par Jérôme Alquié (voir l’interview en live ici) qui l’a précédé ? (au passage, Jérôme Alquié qui s’est lancé sur un Saint Seiya/Chevaliers du Zodiaque). Ces dessins animés ont énormément compté pour les spectateurs & lecteurs français, puisqu’ils sont l’un des points de départ de la grande culture manga dans l’hexagone.
Et Goldorak en particulier, car à sa première diffusion à l’été 1978, c’est un succès immense, qui dépasse même le succès de la série au Japon. Gō Nagai a trouvé le succès sur Mazinger Z, avec Alcor comme héros, et Goldorak (UFO Robo Grendizer) est une série dérivée moins populaire, en partie parce qu’un certain Actarus, Prince d’Euphor, (Umon Daisuke) vole la vedette à Alcor (Kabuto Kōji). De plus, la série Goldorak, le robot de l’espace présentée au public français a été quelque peu réécrite et adaptée pour sa traduction et son doublage. Goldorak n’est pas/plus UFO Robo Grendizer et la France à un nouveau héros.
Un saut dans le futur
Nous sommes en 2021 et Goldorak renaît. La bande dessinée se présente comme une conclusion de la saga, une suite qui clôture, dans un dernier baroud d’honneur, les 74 épisodes de la série TV. Nous sommes 10-15 ans après le départ d’Actarus & Phénicia pour Euphor après la dernière victoire contre Véga, Goldorak et son pilote ont disparu des radars, Alcor et Vénusia vivent leur vie et essaient de s’intégrer à leur manière après cette période intense. Mais les Golgoths reviennent sur Terre et l’armée de Véga exige un territoire pour son peuple en errance, un échange, le Japon vidé de ses habitants contre la non-destruction de la planète.
À ce stade, que vous soyez nostalgiques de la série où que vous n’ayez jamais vu un épisode : vous découvrez une aventure ultime qui se paye le luxe d’être accessible à tous, qui garde quelques vrais clins d’œil pour les fans (sans verser dans le fan service). Un one-shot qui se démarque du simple hommage en bouclant la saga de manière futée et épique.
Récit tragique, adulte, qui explore les questions en suspens de cet univers, cette dernière bataille fait monter les enjeux en creusant les rapports des personnages à la guerre, aux armes, au manichéisme des méchants extraterrestres et proposant un scénario qui s’inspire aussi du côté de l’actualité. Migrants de Véga, criminel de guerre d’Euphor, inversion des points de vue, ce regard plus adulte sur un dessin animé qui filtrait déjà avec le tragique est réussi et évite l’écueil du pastiche, de l’hommage sans âme ou de la parodie involontaire. Une vraie réflexion derrière le chrome ludique des fulguro-poings.
Transfert ! Métamorphose ! Rétrolaser !
Énorme claque visuelle en ouvrant ce Goldorak, cette association de talents et ces années de travail nous offre un livre particulièrement esthétique. Que ce soit le découpage très rythmé, les décors et les personnages incarnés, les couleurs et lumières très vivantes,… un gros travail de design, de recherche de personnage pour à la fois les moderniser, les adapter et rendre la magie de la série.
On sent tout le plaisir des auteurs dans les doubles pages qui en imposent, dans les choix de cadrages, sans gommer la pâte du dessin, l’énorme boulot de détail est assez palpable derrière ce rendu magnétique. Un beau livre de 168 pages avec un dossier qui complète l’album pour dévoiler les coulisses du projet, de la lettre à Gō Nagai, en passant par les étapes de travail par le collectif, des croquis et couvertures préparatoires ou encore un mot de chaque auteur sur sa relation à l’œuvre.
Goldorak de Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu Yoann Guillo & Alexis Sentenac, Kana Classics
Si vous voulez prolonger l’expérience, une exposition est présentée en ce moment à la Maison du Japon « Goldorak-XperienZ », et La Poste a émis un bloc de 2 timbres pour fêter les 45 ans de Goldorak, une série limitée à 350 000 exemplaires déjà dispo à la vente.
Ou encore regarder les épisodes, les 37 premiers sont dispo gratuitement sur FranceTV ici.
Toutes les illustrations sont © Dynamic Planning / Kana & les auteurs