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par Elsa - le 20/01/2015
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par Elsa - le 20/01/2015

L'Île aux femmes, la critique

Zanzim, dessinateur au trait élégant et pétillant, est pour la première fois également scénariste avec L'Île aux femmes. Une petite bulle de légèreté en pleine première Guerre Mondiale.

"Pincez-moi je rêve."

Dans la France de 1913, Céleste Bompard est un voltigeur de talent qui enchaine les conquêtes. Mais la guerre arrive, et Céleste doit abandonner les cascades aériennes et les femmes pour servir son pays. Sa mission ? Transporter les lettres des soldats pour qu'elles arrivent à leurs femmes. Croyez-le, il aimerait bien risquer sa vie pour quelque chose d'un peu plus important.

Malheureusement pour lui et son chargement, son avion s'écrase sur une petite île où il s'organise pour survivre. Il se débrouille plutôt bien, jusqu'à ce qu'il découvre que les lieux sont déjà habités. Une tribu uniquement composée de femmes vit en effet sur l'île, et elles se montrent plutôt hostiles à la présence d'un homme sur leur territoire. 

"En me tuant, c'est le témoin de l'amour que vous tuez !"

L'Île aux femmes est donc la première histoire imaginée par le talentueux Zanzim, qui avait jusque là majoritairement déployé son talent pour mettre en image des scénarios d'Hubert. Il place son héros dans un lieu taillé sur mesure pour ce Don Juan débrouillard : une île déserte remplie de jolies filles. Malheureusement pour Céleste, il y a un grand écart entre les fantasmes et la réalité.

Avec beaucoup de malice, Zanzim imagine une histoire drôle, pleine de surprises, en nous faisant découvrir en même temps que Céleste cette petite communauté de guerrières où les hommes ne présentent d'autres intérêts que d'être des reproducteurs. Le héros, obsédé par son appétit des femmes, a du mal à garder la tête froide entouré de toute cette peau nue, mais doit faire preuve d'inventivité s'il veut assurer sa survie. Le récit est rythmé, léger, se jouant avec intelligence des codes de la bd érotiques, pour un résultat sexy et plein de fraicheur.

Graphiquement, le trait du dessinateur fait à nouveau mouche, pétillant, beau et fin. Les décors sont très jolis, mais les personnages féminins qui habitent les pages plus encore. On ne peut que se réjouir de voir -enfin- un dessinateur imaginer une multitudes de femmes superbes et qui sonnent vraies. Ces guerrières-naïades sont minces, rondes, musclées, grandes, petites, jeunes ou plus âgées, et les poitrines et les fesses qui dansent devant les yeux de Céleste sont également toutes différentes. On pourra peut-être regretter qu'elles soient par contre toutes plutôt typées occidentales, mais ce choix trouve une explication dans le récit. Ça peut sembler bête à dire, mais c'est vraiment un plaisir que de voir un auteur ne pas s'enfermer dans des stéréotypes trop souvent présents en bande dessinée, et célébrer les femmes dans leur diversité. Les couleurs ajoutent encore à la bonne humeur que dégage ce titre.

Les personnages sont réussis, attachants, tous un peu frappa-dingues. Les dialogues sont absolument savoureux, tout comme, plus largement, les situations à la fois absurdes et hilarantes. L'auteur se moque gentiment de son héros, mais nous laisse aussi faire plus ample connaissance avec lui, notamment grâce à de courtes scènes de flashbacks qui nous renvoient dans son enfance. C'est loin d'être un défaut, mais l'histoire reste assez légère, sans morale ni grande aventure compliquée, comme un petit rêve éveillé qui fait du bien.

L'île aux femmes est une petite aventure légère et vraiment drôle qui se lit avec grand plaisir. En pleine horreur de la guerre, l'histoire de Céleste est comme une oasis en même temps absurde et enchantée où tous les rêves du héros se réalisent... enfin presque. Une ode aux femmes pleine de malice au graphisme délicat et pétillant.

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