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par Alfro - le 4/05/2015
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par Alfro - le 4/05/2015

Le Prédicateur, la critique

Après La Princesse des Glaces, premier roman de la série de polars de Camilla Läckberg, écrivaine suédoise à succès, les auteurs de cette bande dessinée continuent d'adapter ces histoires sombres et tortueuses dans l'ordre en s'attaquant au deuxième opus de ladite série, Le Prédicateur.

"Qui va me faire du mal ?"

Il existe en Suède une très grande tradition du roman policier, dont Millenium n'est finalement que la partie la plus visible de l'iceberg. Camilla Läckberg en est l'une des plus fières représentantes ces dernières années avec près de dix polars au compteur, dont un grand nombre de best-sellers qui ont obtenu des récompenses partout dans le monde. Olivier Bocquet a entrepris d'adapter ces romans, où l'on retrouve des personnages récurrents, en BD dans l'ordre de leur parution et s'attaque donc désormais au deuxième volet d'une série qui en compte neuf (la traduction du dernier ne devrait pas tarder à paraître chez Acte Sud). L'occasion pour nous de retrouver le policier Patrik et sa femme Erica, couple sain et somme toute normal plongé dans un monde fou et ténébreux.

Après un flashback introducteur des plus effrayants, où nous découvrons une jeune femme qui se fait enlever en 1979 puis torturer de la pire des façons avec une autre victime, nous revenons au présent où le cadavre d'une autre jeune fille vient d'être découvert à Fjällbacka, petite bourgade côtière, aussi tranquille qu'ignorante de ce genre d'affaires. Surtout que sous ce cadavre se cachent les squelettes des victimes que nous avions découvert dans l'introduction. Horreur et consternation agitent cette petite ville. Patrik, qui pensait profiter de vacances pour soutenir sa femme dans la naissance de leur premier enfant en prend pour son grade, et au milieu de ses collègues incompétents, il doit reprendre du service et filer une enquête qui le mènera vers la famille de Ephraïm Hult, prédicateur qui soignait ses ouailles dans le passé par l'imposition des mains.

"Tu parles d'un destin."

Cette famille justement. Secrets et coups tordus sont son quotidien. Notre pauvre enquêteur va plonger dans les ténèbres de la psyché humaine, inceste, pure cruauté et démence mentale vont se trouver sur sa route et il est à mettre à son crédit son imperturbable volonté, bien aidée par sa femme qui va lui servir d'ancre dans la raison. Cette BD nous montre la face la plus laide de l'esprit humain, où certes le psychopathe est terrible mais même les petites laideurs du quotidien rejaillissent à chaque page. Les égocentrismes qui pourrissent tout, le mal que l'on fait pour se venger, c'est un tableau terrible de notre espèce qui se déroule sous nos yeux.

D'autant plus qu'il est contrasté par la magnificience des paysages que dessine Léonie Bischoff. Un petit paradis éloigné des turpitudes du monde qui abrite l'horreur la plus indescriptible. Il faut d'ailleurs noter la science avec laquelle la dessinatrice nous dispense ses couleurs, lumineuses ou sombres, toujours très symboliques. Notons par exemple cette scène où Patrik avoine vertement son collègue Gösta, où les cases se teintent subtilement de rouge à mesure que la colère monte : cela parait évident mais dans les faits et la lecture, cela fonctionne merveilleusement bien.

Les deux auteurs nous livrent à nouveau une interprétation pleine de virtuosité des romans de Camilla Läckberg. Jouant des contrastes entre l'horreur et l'apparente tranquilité de cette petite ville, ils s'appuient sur l'intrigue maîtrisée du Prédicateur pour livrer une BD aussi angoissante que lourde de sens. Du vrai bon polar que les amateurs du genre devraient adorer.

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