“Je suis une sorcière”, clame Zora dès la première page. Une page qui dépeint un paysage de toits parisiens dans lequel perce la Tour Eiffel – mais au centre de ce paysage, une étrange bicoque perdue dans une mini-forêt suspendue tout sauf naturelle attire l’œil.
“Descend de ce figuier étrangleur”, rétorque page suivante sa grand-mère, tandis que l’on découvre ce décor surnaturel et enchanteur de plus près.
“Te voilà une jeune fille comme les autres, prête à aller au collège… La première de la famille à intégrer le monde des nonsorciers”, conclut un peu plus tard la grand-mère, après une course-poursuite ponctuée de sortilèges au cours de laquelle la jeune Zora s’est vue privée de ses pouvoirs et rhabillée en écolière modèle.
Un Harry Potter inversé
En quelques pages bien rythmée, Les sortilèges de Zora pose ses enjeux et son univers : nous sommes ici dans un Harry Potter inversé, une histoire de jeune sorcière forcée de vivre dans notre triste monde et de cacher ses pouvoirs. Comment s’intégrer dans ce monde à la fois si étrange et si familier ? Comment cacher ses secrets ? Et qui est cette étrange jeune fille qui semble, elle aussi, ne pas tout révéler au monde ?
Premier tome d’une histoire en deux volets, Les sortilèges de Zora propose une histoire jeunesse intelligente, enlevée, et fort joliment dessiné. Zora, le personnage inventé par Judith Peignen (ancienne rédactrice en chef du magazine Les P’tites sorcières!) est à la fois volcanique et sympathique, et c’est clairement son caractère qui mène l’histoire. Le dessin à la fois expressif et fantaisiste d’Ariane Delrieu fait le reste, immergeant les lecteurs dans un Paris fantastique et acidulé. Une jolie surprise, dont on risque de redemander.
Les Sortilèges de Zora (Tome 1/2): une sorcière au collège, de Judith Peignen et Ariane Delrieu, Glénat
Illustrations : © Judith Peignen / Ariane Delrieu / Glénat