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Critiques
par Jaime Bonkowski De Passos - le 12/03/2021
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par Jaime Bonkowski De Passos - le 12/03/2021

Love Love Love : amour, processeur et droits civiques

Une nouvelle trilogie signée Kid Toussaint et Andrés Garrido a débarqué en librairie ! Au programme : science-fiction, amour, androïdes et racisme anti-robot. Une vraie petite perle.

© Love Love Love T1 / Kid Toussaint & Andrés Garrido / Dupuis

« Ils nous ont donné la vie… Mais pas le bonheur… Ils ont façonné nos corps… Mais pas notre liberté. » Dans un Paris futuriste où les androïdes vivent parmi les humains sous le joug d’une ségrégation terrible, Karel, un robot, voit sa vie bouleversée lorsqu’il fait la rencontre d’Elle, une humaine dont il tombe amoureux.

Ensemble, ils tentent de concilier leur relation balbutiante avec les discriminations qui sont imposées aux androïdes : ghettos, obsolescence programmée, privation de liberté… Une vie infernale qui ne laisse que peu de place aux émotions. Mais la révolte gronde…

Une fable romantique et sociale aux odeurs d’huile de moteur

Ce n’est pas nouveau : la science-fiction, toute futuriste qu’elle soit, propose un discours sur le présent. Love Love Love, le dernier titre de Kid Toussaint et Andrés Garrido, n’échappe pas à la règle. Dans un univers résolument SF et futuriste à base de Uber-volant, métro flottant, androïdes et méchas-CRS, nos héros sont confrontés à des difficultés bien contemporaines.

Derrière la place réservée aux androïdes, on identifie très clairement une critique de l’apartheid et des discriminations en général. On voit d’ailleurs à plusieurs reprises un parallèle plus qu’évident avec la situation des noirs aux USA au milieu du XXe siècle, jusque dans les manifestations pour les droits civiques. Et on ne choquera personne en rappelant que ces questions sont, toujours, désespérément d’actualité.

Les auteurs se confrontent en outre aux questions du genre et de l’amour sous toutes ses formes : relations entre robots, entre androïdes et humains, la masculinité toxique, le regard de l’autre… Autant de sujets qui s’insèrent tout naturellement et avec légèreté dans le récit, lui conférant une exceptionnelle modernité qu’on apprécie page après page.

Mais l’intérêt de l’album ne réside pas que dans son propos politique et social. L’histoire d’amour qui est racontée entre un androïde cherchant sa place et une jeune femme prête à en découdre avec la vie est très rafraichissante. Innocente, pleine de good vibes, simple : on vibre avec ce couple naissant qui cherche coûte que coûte à laisser une place à l’amour dans une société froide et violente.

Le trait de Garrido est pour beaucoup dans la réussite du titre. Tout en rondeurs et en couleurs, on plonge immédiatement dans cette version futuriste de Paris qui souffre toujours de métros en retard et de rames bondées. La variété des designs d’androïdes est aussi à saluer : on découvre tout un panel de robots dont les inspirations vont de Gunnm à Overwatch.

La trilogie Love Love Love qui s’ouvre avec ce premier tome Yeah Yeah Yeah promet de faire sensation dans le petit monde de la BD de science-fiction. Accessible, tendre, captivante, inventive : toutes les qualités d’une belle aventure sont réunies. On ne recommande donc que trop cette lecture, à tous points de vue pertinente.

Love Love Love tome 1 : Yeah yeah Yeah par Kid Toussaint & Andrés Garrido, Dupuis


Illustration principale : © Love Love Love T1 / Kid Toussaint & Andrés Garrido / Dupuis

© Love Love Love T1 / Kid Toussaint & Andrés Garrido / Dupuis
© Love Love Love T1 / Kid Toussaint & Andrés Garrido / Dupuis
© Love Love Love T1 / Kid Toussaint & Andrés Garrido / Dupuis
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