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Archive 9ᵉArt
par Elsa - le 9/01/2015
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par Elsa - le 9/01/2015

Mascarade, la critique

Le galeriste et éditeur Daniel Maghen publie ses nouveautés au compte-goutte. Le dernier titre en date est Mascarade, un one-shot de près de 250 pages.

Le domaine des esprits.

Gaëlle est en vacances à la campagne avec sa mère, mais sait bien que ses parents lui cachent leur séparation. Elle passe ses journées avec Titou, un gamin de son âge, orphelin, qui vit avec sa grand-mère. Cette dernière leur raconte les légendes du coin, notamment ces masques, que les habitants du village fabriquaient il n'y a pas si longtemps encore, et qui leur permettaient de visiter en rêve le monde des esprits.

La jeune fille est fascinée, et décide de faire son propre masque... Avec lequel elle va effectivement visiter cet autre monde, et ne pas en ressortir totalement indemne. C'est le début pour elle d'une aventure étrange, entourée de Titou, d'un chien qui la suit partout, et de Julien Sorgue, un artiste qui vit reclus chez lui.

Quand rêve et réalité se répondent.

Mascarade c'est d'abord un gros pavé, imposant. Pourtant la construction du récit, où l'histoire dans le monde réel est entrecoupée de passages dans les différents mondes que Gaëlle visite, est très fluide. On découvre vite que tous les univers sont liés, mais à chaque nouveau masque que la jeune fille fabrique, elle se retrouve transportée dans un lieu différent, et y fait de nouvelles rencontres. 

L'histoire devient rapidement assez dure, sombre, avec des enjeux qui dépassent largement les épaules d'une fille de 11 ans. Et pendant que Gaëlle essaie de faire les bons choix, de céder à sa curiosité sans en faire les frais, de deviner à qui elle peut faire confiance ou non, en se fiant à son instinct, elle doit aussi gérer sa vraie vie, et ses rapports de plus en plus tendus avec sa mère. Petit à petit, l'histoire fait s'entremêler un récit du quotidien, réaliste, avec un monde fantastique qui évoque de nombreux contes. Autant dans le récit que dans la manière de le raconter.

Si la trame générale est finalement assez classique, on prend beaucoup de plaisir à explorer par petites touches le monde des esprits, à essayer d'imaginer où chaque nouveau masque va nous emmener. Ces univers sont toujours beaux et captivants, construits à partir de contes et de romans que l'on connait bien et que l'on imagine faire partie de la vie de Gaëlle, mais aussi d'éléments qui l'entourent, infimes détails ou vraies préoccupations, qui se glissent sans qu'elle en ait toujours conscience dans ses rêveries étranges.

Certains lecteurs trouveront sans doute le style graphique et les couleurs de Mascarade un peu datés. Mais cela n'empêche pas de plonger dans l'histoire. Les planches sont bien construites, plaisantes à l'oeil. Les passages qui se déroulent dans le monde des esprits sont réalisés sur du papier coloré (différent selon les lieux et moments) et la manière dont la dessinatrice utilise la couleur du fond dans son dessin est particulièrement intéressante. Les lettrages sont réalisés à la main, au crayon gris. Cette teinte un peu clair, ce trait un peu moins précis, et des cadrages dans les bulles pas toujours symétriques, confèrent un côté artisanal et chaleureux à la bd, mais déconcentre aussi parfois un peu en pleine la lecture.

Songe ou réalité, qu'importe, au fond. Mascarade est une bd au graphisme un peu daté, mais maitrisé, qui n'en reste pas moins un récit touchant et vraiment prenant. La fable d'une jeune fille qui grandit d'un coup avec ses propres armes : son courage, son instinct , ceux qui l'entourent et son imagination.

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