[VF] Rien ne nous survivra - M.Mazaurette

Bonjour ! Vous m'avez pas oublié depuis le temps ? Moi non, j'ai pas oublié de lire, j'ai juste décidé de faire le NaNoWriMo, ce qui est la meilleure manière de se pourrir son moi de novembre. Breeef, passons, je suis de retour.

Et pour bien reprendre, un peu d’apocalyptique, vous en dites quoi ? Le post de Milo (ici : http://www.9emeart.fr/communaute/blog-post/critique/general/review-rien-ne-nous-survivra-maia-mazaurette-2753) m’ayant donné envie de tenter ma chance, voilà mon avis sur Rien ne nous survivra.

Œuvre

Titre : Rien ne nous survivra – Le pire est avenir

Auteur : Maia Mazaurette

Première publication : 2004, retouché en 2009

Synopsis personnel

Paris est déchiré. Les générations sont en guerres ouverte, jeunes contre vieux, rive droite contre rive gauche, chacun cherchant à exterminer l’autre. L’amour et les bonbons ont été remplacés par des grenades, des Dragunov ou des Kalachnikov.

Silence est un sniper. Un des meilleurs. Un des premiers leader et penseur de la révolution, aussi. Maintenant, il se tient un peu à l’écart, anonyme, loin de la foule qu’il observe par la lunette de son fusil.

L’Immortel, lui, aimerait se venger de Silence. L’Immortel aimerait le trouver. Le tuer. Le remplacer. Le surpasser. L’Immortel est en chasse… Et Silence le sait.

Et dehors, les vieux ont mis en branle un macabre compte à rebours, avant l’attaque conjointe des forces armées de l’UE qui sonneront le glas de la révolution…

Un extrait pour se mettre dans le bain ?

Je m’installe sur une cuvette, au beau milieu des toilettes de l’étage, et je referme la porte derrière moi. L’odeur me retourne les boyaux : plusieurs mois de déjections s’entassent sous le couvercle de plastique jauni. Trois couches de vomi décorent les murs au-dessus de la chasse d’eau. Le bon côté, c’est que je ne risque pas de m’endormir. Pour oublier ma situation, je vérifier les chargeurs du Glock. J’aime le contraste entre ses formes sombres et mes mains blanches – les mains de ma mère. Tous ces vieux nous considéraient comme leur dernière chance de se survivre. Ils adoraient constater les ressemblances, les couleurs d’yeux identiques, les sourires similaires, toutes ces conneries. Aucun détail ne leur échappait. Ils vouaient un culte à leur propre image, répétée dans notre corps. Du coup, j’ai tué ma mère avec ses propres mains.

Ah, déjà. Deux portes claquent, quelqu’un marche, lourdement.

Pssst. Minou minou ! Viens, allez, je ne compte pas supporter éternellement cette urine qui imprègne mon pantalon et remonte le long de mes chevilles. Viens ici, mignon, tu paieras pour le monde entier, l’eau qui manque, mes vêtements que je ne pourrai pas laver, et de toute évidence, tu paieras aussi pour le relâchement de votre plan de défense.

J’ai une surprise pour toi. Comme dans du beurre, la lame. Comme dans ta gorge.

Le mec s’écroule. Son sang gonfle en bulles, il grésille un peu.

Premier secret de mon efficacité : les gens attendent un fusil de sniper, pas une arme blanche. De la grande qualité, toujours, doublée d’un entretien impeccable – car l’équipement adéquat peut faire la différence. Malheureusement parmi les jeunes, nombreux sont ceux qui sous-estiment la technologie. Je me souviens de ma première fois : la lame du cutter s’est cassée à l’intérieur du vieux. La galère !

Impression générale

Perturbant et qui fait réfléchir. Sous ses aspects urbains et simple à lire, ce livre est un bon résumé du pourquoi du comment les révolutions sont souvent vouées à l’échec.

Ce que j’ai aimé

Silence ! J’aime beaucoup ce personnage dont on sait au final très peu de choses, ni son nom, ni son sexe, à l’exception de quelques indications sur son apparence… (Personnellement, je penche pour un homme, mais bon). Extrémiste, froid, ironique, détaché, lucide, parricide, assassin et soldat, Silence se révèle malgré tout incroyablement humain, que ce soit dans ses pensées, ses actes  ou ses comportements (ah, les de Vinci punaisés au mur). D’ailleurs, bravo à l’auteuse pour réussir aussi bien à garder le secret…

Les Tracts des Théoriciens. Parce que même si on n’adhère pas à leur méthode poussée à l’extrême (tuer tous les adultes au-dessus de 25 ans), même si on voit les failles et les limites, on est bien obligé d’admettre que certains des arguments employés font vraiment mouche (et qu’on se surprend parfois à vouloir faire un peu d’épuration aussi…).

L’évolution de l’Immortel, que l’on sent littéralement sombrer de plus en plus dans la folie au fur et à mesure que sa « relation » avec Silence évolue.

La teneur même du livre. Une guérilla urbaine au cœur d’un Paris apocalyptique, une rébellion générationnelle qui vire à la destruction d’un monde et d’une société, voire même à un suicide pur et simple, le pessimisme ambiant… Et puis surtout l’évolution de la situation, le devenir des combattants et de leurs idéaux au fur et à mesure que le temps passe et que l’échéance se rapproche…

Ce que je n’ai pas (ou moins) aimé

Des ellipses parfois un peu trop longues, et un récit parfois un peu décousu.

La similarité entre les « voix » de l’Immortel et de Silence.

Le manque d’autres points de vue sur la situation. On a Silence (l’extrémiste des premiers jours), l’Immortel (plus concerné par Silence que par le reste), Narcisse un peu, mais j’aurais aimé avoir les opinions d’autres personnes (les Théoriciens, les plus jeunes des combattants, etc)

La fin. J’admets avoir été déçue. Et je me demande à quoi pouvait ressembler la première fin, vu que cette édition est une réédition qui a connu pas mal de changements et de réécriture.

Donc, au final, quel verdict ?

On lit, si on a pas peur de se poser des questions. (Et si on a pas d’ados sous son toit, aussi…).

Mais encore ?

Putain, je suis une vieille ! Je suis passée dans le camp des méchants, snif. Coup de vieux. Je viens de me prendre le choc des 25 ans en pleine poire, moi…