Bon, vu de toute évidence, je suis plongée dans les loups-garous, autant continuer dans le surnaturel... Et... Inaugurer aussi les critiques négatives plutôt que positives. Je vous propose donc un petit voyage dans une Angleterre bit-lit-esque et steampunk-esque, avec Sans Âme, premier tome du Protectorat de l'Ombrelle.
Œuvre
Titre : Sans Ame (Soulless)
Cycle : Le protectorat de l'ombrelle (The Parasol Protectorate) - Tome 1
Auteur : Gail Carriger
Première publication : 2009
Synopsis personnel
Miss Alexia Tarabotti est ce qu'il se fait de pire pour la bonne société de l'Angleterre victorienne : semi-étrangère, indépendante, cultivée, au caractère beaucoup trop affirmé, et donc, bien évidement, toujours célibataire. Shocking !
Et pour couronner le tout, elle n'a pas d'âme. Même si ce dernier détail n'est pas connu de grand monde... Du moins chez les humains. Bien sûr, il en va tout autrement chez les loups-garous, vampires et autres fantômes insérés dans la bonne société : son manque d'âme en fait un antidote à pouvoir surnaturel particulièrement efficace. Adieu fourrures ou crocs !
Alors pourquoi diable un vampire vient-il d'essayer de la mordre, sans même respecter les plus élémentaires règles de politesses ? Sans compter que ledit vampire est désormais allongé mort au beau milieu d'une bibliothèque, tuée par un coup d'ombrelle maladroit...
Un extrait pour se mettre dans le bain ?
Mademoiselle Hisselpenny s’arrêta net et observa le visage de son amie avec attention. L’expression d’Alexia ne trahissait rien de plus que de l’agacement, mais il y avait quelque chose dans la précision avec laquelle elle parlait toujours du comte de Woolsey qui éveilla les soupçons d’Ivy.
Elle joua néanmoins la carte de la sympathie. « Oh, ma chérie, a-t-il été totalement ignoble ? »
En privé, Ivy trouvait que lord Maccon était parfaitement respectable pour un loup-garou, mais qu’il était un peu trop, eh bien… trop pour son goût. Il était si imposant et si bourru qu’il la terrifiait plutôt, mais il se comportait toujours correctement en public, et il y avait beaucoup à dire en faveur d’un homme qui arborait des vestes aussi bien taillées – même s’il se transformait en bête féroce une fois par mois
.Alexia eut un véritable reniflement de mépris.
« Bah. Rien que de très normal. Je crois que c’est lié au fait que c’est un Alpha. Il a tout simplement trop l’habitude qu’on obéisse tout le temps à ses ordres. Ça me met de très mauvaise humeur. » Elle fit une pause. « Un vampire m’a attaquée la nuit dernière. »
Ivy fit semblant de s’évanouir.
Alexia maintint son amie debout par la force en raidissant le bras sur lequel elle s’appuyait. « Inutile de tituber, il n’y a personne d’important pour te rattraper dans les environs. »Ivy se redressa et dit sur un ton plein de véhémence : « Dieu du ciel, Alexia, mais comment fais-tu pour te fourrer dans ce genre de situation ? .»
Impression générale
Hum... Relativement négative pour moi. Je n'ai pas accroché. Il manque d'une... oui, d'une âme, à ce récit. Je sais, c'est très petit, comme jeu de mot, pardon. Cependant, je ne trouve pas d'autre terme. Il manque quelque chose à ce roman pour le rendre bon. Il y a de bonnes idées, mais quelque chose ne prend pas, et j'avoue ne pas totalement comprendre l'engouement autour de cette série. Cependant, ce premier tome se lit bien, sans déplaisir, et quelques remarques ou réparties font mouche.
Ce que j’ai aimé
Certains personnages secondaires, même s'ils manquent vraiment d'épaisseur. On sent néanmoins un potentiel intéressant. Lyall, le discret loup-garou Béta, me semble particulièrement intriguant. Lord Akeldama, le vieux vampire solitaire, me semble également digne d'intérêt, si l'autrice voulait bien le rendre un peu moins caricatural...
L'idée de départ des âmes quantifiables, le fait que l'on puisse vivre avec un supplément d'âme... ou sans âme du tout...
Le parti pris d'insérer les êtres surnaturels à la société. C'est un changement assez intéressant dans ce genre de romans.
Les clins d'oeil à la culture steampunk, des dirigeables aux prototypes d'ascenseur en passant par la machine de Babbage (un prototype d'ordinateur. Wikipedia vous en parlera mieux que moi) ou l'éther et ses merveilles.
Ce que je n’ai pas (ou moins) aimé
C'est classique. De la structure de la meute des loups, à celle de la ruche des vampires, à la romance entre Alexia et Lord Maccon... On retombe rapidement dans les poncifs de la bit-lit, à l'exception notable des scènes de sexe (pour ceux qui ne connaissent pas, c'est le nom donné à toute cette littérature principalement destinée à la gent féminine et qui regorge de jolies jeunes femmes tombant sous le charme d'autant de ténébreux vampires, de puissants loups-garous, ou d'autres êtres du même genre.)
L'intrigue manque de recherche, et n'est pas beaucoup plus qu'un prétexte pour la romance entre Alexia et son loup-garou préféré.
Quand aux personnages, ils manquent vraiment de profondeur. Alexia est têtue et très affirmée (et adore son ombrelle lestée de plomb et d'argent), ses soeurs sont des idiotes belles et écervelées, Lord Maccon est un Alpha dans tout ce que ça implique de charisme et de ronchonneries, et le reste est à l'équivalent. C'est dommage, car certains auraient vraiment gagné à avoir une vraie personnalité et une vraie histoire. Cail Garriger a, pour moi, vraiment des problèmes à dépeindre les mentalités de ses personnages d'une manière réaliste.
Le style. Bon, j'ai lu la traduction française, il est donc difficile de juger, mais si la traduction est fidèle... Le style est supposé être d'époque, mais ce n'est qu'une imitation et ça se ressent bien trop. Autrement dit, ça fait "faux", et de manière parfois assez flagrante. Cependant, certains jugements de valeur s'avèrent amusants, et contribuent à ancrer l'histoire dans son époque (toute de bienséance et faux-semblants).
Donc, au final, quel verdict ?
J'ai lu beaucoup de critiques très bonnes sur cette série de romans, et je dois avouer que je m'attendais à beaucoup mieux. A plus ciselé dans l'écriture, à moins cliché dans les choix, à plus travaillé dans les intrigues et les personnages... Autrement dit je suis déçue. Ce livre n'est pas un bon roman de bit-lit, ce n'est pas (du tout) un bon roman historico-fantasy ou même steampunk, je ne suis même pas sure que ce soit un bon roman de romance tout court (je lis très rarement de la romance, donc je suis très mal placée pour juger.)
Malgré tout, ce n'est pas un mauvais livre, et la lecture est rapide, assez sympathique, et sans prise de tête. Il peut donc plaire à quelqu'un voulant se plonger brièvement dans une Angleterre victorienne où les dandys côtoient des loups-garous et qui ne cherche pas un bijou de littérature. (Ca me fait penser qu'un jour, il faudra que je lise Jane Austen. Par culture générale).
Au final, on lit si on en a l'occasion un beau jour, mais pas la peine de se précipiter dessus... D'ailleurs, je ne pense même pas acheter les suites.
Mais encore ?
Deux semaines plus tard...
Bon, au final, j'ai mis la main sur la suite, et j'ai lu quand même, ne serait-ce que parce que je n'avais pas beaucoup de choix. Mon jugement est légèrement meilleur sur le reste de la série, avec un monde plus développé, des personnages gagnant un peu en consistance, et toujours ces réparties qui continuent de faire mouche et de nous faire sourire.
Cependant les critiques précédentes restent d'actualité : l'auteur à vraiment un problème pour saisir de manière réaliste la psychée de ses personnages, le style reste superficiel et a des accents de faux, et les intrigues sont toujours relativement simplistes et téléphonées.
Au final, une série courte (5 tomes pas bien gros), plaisante à lire au bord de la piscine ou de la mer, mais guère plus...






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